Chapitre 36. Le batelier

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Précédemment

La masse bousculante de tonneaux se dispersait, oscillant à chaque secousse du torrent. Elle craignait que le sien ne soit parti avec les autres et qu'elle soit condamnée à les suivre en courant sur les berges.

Mais elle repéra finalement son tonneau, juste en dessous du pont. Un petit être était toujours à l'intérieur, agrippé aux épais maillons d'une chaîne qui sortaient d'une cavité de l'autre côté du mur, au niveau du levier, et qui s'enfonçait plus bas dans l'eau sombre. Bilbo l'avait attendue ! Et il s'accrochait, de toutes ses forces, pour empêcher le baril d'être emporté par le courant.

Ayrèn prit une profonde inspiration, ajusta son élan, sauta au-dessus du muret. Bilbo se tassa juste à temps pour lui faire de la place. Elle atterrit lourdement derrière lui. Aussitôt, le Hobbit lâcha la chaîne.

« Merci Bilbo ! » lui dit-elle.

« Pas de quoi, » répondit fièrement le Hobbit, accroupi sous elle.

Leur position était extrêmement inconfortable mais, au moins, ils ne coulaient pas. Puis, de plus en plus vite, le tonneau s'éloigna du pont et rejoignit le fil de l'eau, qui rugissait en vrombissant.

Battus par les flots, ils ne tardèrent pas à rattraper le reste de la Compagnie.

Mais derrière eux, le danger planait toujours.

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De l'autre côté de la herse

« Les Nains ! Ils s'échappent ! » hurla le chef des Orques. « Rattrapez-les ! Ne les laissez pas filer ! »

Ayrèn n'eut pas besoin de comprendre ce qu'il disait pour deviner qu'il lançait ses troupes à leurs trousses.

Les Orques se rassemblèrent sur les rivages et se mirent à suivre les tonneaux de la Compagnie qui avançaient de plus en plus vite, ballotés par le courant. Malgré le rugissement grandissant du torrent, Ayrèn les entendit, pantelant et grognant. Puis elle les vit, essoufflés, transpirants et couverts d'écume, mais déterminés et implacables. Elle aperçut l'instinct de mort dans leurs yeux noirs.

Surgissant juste après les Orques sur les rives, les Elfes entrèrent à nouveau dans la mêlée, décochant en tous sens de puissantes flèches d'argent. Ils étaient terriblement moins nombreux qu'au début, mais ils se battaient avec un courage inatteignable. À leur droite, Tauriel n'était plus qu'un tournoiement effrayant de dagues et de flèches, et chaque éclat de ses lames signait l'arrêt de mort d'un serviteur de Morgoth. Derrière elle, dans une explosion de sang noir, apparut le prince Legolas. Son habileté au combat était plus brutale, mais tout aussi saisissante. Si leurs camarades tombaient les uns après les autres sous les coups des Orques, le prince et la Capitaine de la Garde étaient intouchables. Ils esquivaient, paraient, sautaient, tranchaient, avec une vivacité de chat sauvage et une force de taureau, bien loin de ce qu'étaient capables les Hommes et les Nains en pareilles circonstances.

À les voir ainsi combattre sur les rives, Ayrèn estima que ces deux Elfes valaient chacun plusieurs guerriers au combat.

Bientôt, elle fut presque incapable de voir quoi que ce soit s'agiter sur les rives.

Le courant était de plus en plus violent. La rivière s'enfonçait profondément dans la roche, ravinant comme un petit canyon au fond d'une vallée. Les eaux tumultueuses s'agitaient. Des éclaboussures jaillissaient de tous côtés, avant de retomber en pluie sur les berges, où les Orques peinaient à suivre le rythme imposé par les eaux.

Dracà-cwellere, la Tueuse de dragonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant