Chapitre 33. Les geôles du Roi Thranduil

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Précédemment

« Tout va bien ?

— Oui. Oui, ça va... » répondit tristement Ayrèn. « J'ai juste... »

Elle s'interrompit.

« Laisse tomber. »

'J'ai juste revécu une vieille blessure, que je croyais avoir refermée.' pensa-t-elle, le cœur serré.

« Si tu veux en parler, sache que j'ai deux grandes oreilles disponibles pour t'écouter, » dit-il, plaisantant sur la taille de ses oreilles en espérant la faire sourire. « Ce n'est pas bon de ruminer trop longtemps les pensées sombres. »

Elle eut un rire ténu, qui s'éteignit dans un murmure attristé :

« Un jour. Quand j'aurai enfin vaincu mes démons intérieurs, je te raconterai. Mais ce jour n'est pas aujourd'hui. »

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Cachots des Grandes Salles des Forêts

Royaume de Thranduil

'Ploc, ploc, ploc, ploc...'

Les cellules où avait été jetée la Compagnie n'étaient probablement pas plus horribles que celles des Gobelins ou des Orques, mais elles étaient au moins aussi humides et aussi froides. Les Nains et Ayrèn étaient privés de toute lumière du jour. À toute heure, et partout autour d'eux, des lueurs orangées montaient de structures en fer délicatement forgées. Incapables de voir les jours défiler, ils finirent par perdre la notion du temps.

Les Elfes ne leur manifestèrent aucune pitié particulière. La seule exception à ce sujet vint de la Capitaine de la Garde, Tauriel.

'Ploc, ploc, ploc, ploc...'

La plus grande erreur de Tauriel fut d'éprouver une trop grande compassion à l'égard de la femme des Hommes. Malgré son évidente dangerosité, l'Elfe avait refusé qu'on assujettisse l'Humaine de courroies ou qu'on la prive de ses mouvements de quelque manière que ce soit. Ayrèn circulait donc librement dans son étroite cellule. Elle y enchaînait régulièrement et avec grande détermination de nombreux exercices physiques, destinés à la distraire comme à développer sa musculature : gainages, pompes, étirements, et toutes sortes de renforcements musculaires qui faisaient la base de tout entraînement guerrier. De sa cellule, proche de la sienne, Dwalin participait à chaque séance avec bonne grâce : tout était bon pour se changer les idées. De temps à autre, d'autres Nains se joignaient aux exercices.

'Ploc, ploc, ploc, ploc...'

Pour le reste, Tauriel se chargeait personnellement de porter à Ayrèn de quoi manger et boire, en bonne quantité ; il n'était pas rare qu'elle lui serve plus de viande (1) et de fruits frais qu'aux autres – mais cela, l'Humaine l'ignorait tout à fait. Dans le cas contraire, elle aurait accueilli ce traitement de faveur d'un très mauvais œil.

Les nombreux égards que l'Elfe rousse s'autorisait envers Ayrèn permirent à cette dernière de recouvrer rapidement toutes ses forces. Elle n'en devint que plus dangereuse et menaçante – mais cela, l'Elfe l'ignorait tout autant.

'Ploc, ploc, ploc, ploc...'

Toujours fut-il que les Elfes sylvains n'aimaient pas beaucoup les Nains, et bien qu'ils fussent moins cruels que d'autres peuples moins avisés, ils n'eurent aucun geste de compassion pour leurs prisonniers.

Dracà-cwellere, la Tueuse de dragonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant