Précédemment
Un léger gémissement résonna au fond de la gorge de Scatha. Il avait de plus en plus mal. Sans savoir pourquoi, Ayrèn leva les mains et apposa ses paumes réconfortantes contre le museau de la bête. Elle s'accrocha à ses écailles et s'y entailla la peau, mais ne retira pas ses mains.
À mesure que l'énergie circulait entre eux, Ayrèn se sentit légère, presque étourdie, comme si elle flottait au cœur d'un nuage tiède et baigné de soleil.
« Et maintenant...? » souffla-t-elle en déposant son front contre la peau de Scatha, entre ses deux paumes ensanglantées.
« Maintenant, gamine... Tu vas vivre, » répondit-il faiblement.
Les pupilles de Scatha se bordèrent d'une frange lumineuse, blanche comme la lumière d'une pleine lune. Il souffla une haleine dorée, imprégnée d'une odeur étrange qu'Ayrèn fut incapable de nommer. Des bandes de lumière enveloppèrent Scatha et l'Humaine, des stries en jaillirent jusqu'au ciel. Aveuglée, la guerrière recula la tête et dissimula ses yeux dans le creux de ses bras. La chaleur des écailles de Scatha laissa une impression persistante sur ses mains et sur son front.
Le rayonnement de l'haleine s'atténua. Des sensations la quittèrent, de nouvelles la gagnèrent. Sa tête devint d'un coup très lourde, son cœur eut des tressauts erratiques. Une dernière décharge la fit tomber, un bruit de pièces d'or tinta tout autour d'elle.
Ayrèn dégagea lentement ses bras de son visage.
Et elle rouvrit les yeux.
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CHIBI AYREN !
Image non libre de droit
Artiste : niklisson (tumblr)
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Ayrèn avait rouvert les yeux mais, pendant un moment, elle ne perçut rien de ce qui l'entourait.
Elle avait changé de position sans s'en rendre compte ; encore debout il y a quelques secondes, elle était désormais allongée, les bras collés au corps, comme un cadavre. Elle avait les membres raides et ressentait une si pénible ankylose, qu'elle resta longtemps sans pouvoir réfléchir.
Il y eut encore, entre ce moment de léthargie et le réveil réel, un intervalle brumeux et indescriptible pendant lequel Ayrèn fut incapable de discerner la réalité de ses errements intérieurs.
Engourdie, les bras trop lourds que pour être levés, les sens de l'Humaine commencèrent cependant à lui revenir.
Son acuité visuelle se rétablit peu à peu : elle lui apprit qu'elle se trouvait dans les Salles Inférieures d'Erebor, sur le versant d'un cratère chaotique fait de pierres précieuses, d'or, de débris de malachite et de marbre. De nombreux braséros, disposés épars dans l'immensité des lieux, diffusaient une lueur orangée entre les colonnes et les monticules de trésors. Elle plia le cou et observa son torse et ses jambes en rentrant le menton. Elle était dans un drôle d'état : sale, malodorante, couverte de suie et de restes de bile séchée. Son armure de cuir avait roussi et durci : elle était inutilisable. Mais elle devait encore être invisible, car un étrange voile diaphane ondulait autour d'elle comme un cocon vivant.
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Dracà-cwellere, la Tueuse de dragons
FantasyUne épéiste humaine frappée d'anathème. Un conflit ancestral entre un clan de chasseurs de dragons et le peuple des Nains. Une quête extraordinaire pour la Montagne Solitaire. Un choix entre la vie qu'elle laisse derrière elle et l'aventure de toute...