Mois de mai, année 2941 du Troisième Âge
Un beau mercredi après-midi
Ayrèn rabattit sa capuche de fourrure sur ses épaules et s'avança vers la porte verte de Cul-de-sac. Elle avait une bouteille de liqueur de prune sous le bras gauche, et deux truites bien grasses, enroulées dans du papier, dépassaient de sa besace.
La porte de Cul-de-sac était tout à fait ronde, comme un hublot, fraîchement peinte en vert, avec un bouton de bronze patiné par le temps, bien brillant, et exactement au centre. Si Ayrèn était arrivée devant cette porte quelques instants plus tôt, elle aurait assisté à la conversation agitée qui venait d'avoir lieu sur son seuil ; mais comme elle était en retard, elle n'en avait rien vu.
Elle frappa de trois coups secs sur la porte.
« Si c'est encore vous, Gandalf, je vous répète que je ne suis pas intéressé ! » brailla Bilbo de l'intérieur d'un ton manifestement agacé.
L'Humaine haussa les sourcils de surprise et répondit :
« Non, Bilbo. C'est Ayrèn. Je viens pour le thé, comme tous les mercredis ! »
Elle avait parlé en insistant sur les consonnes, trahissant un accent pointu semblable à celui des Hommes des Montagnes Grises.
Un instant plus tard, la porte s'entrouvrit, révélant dans l'étroite ouverture un Hobbit au visage joufflu et aux traits tirés. Comme tous les Hobbits, Bilbo était vêtu de riches étoffes aux couleurs vives, cependant toujours avec légèreté et décontraction, la chemise point trop fermée, les cheveux parfaitement non coiffés et bouclés. Fringuant, un brin dandy, nonchalant, et tout à fait prêt pour une journée paisible entre les champs et les étals de la Comté. Point pressé, point non plus agité ; ce Hobbit, à n'en pas douter, était un bien-heureux. Bien sûr, à ce moment, c'était un bien-heureux très contrarié.
« Oh, Ayrèn, bonjour ! » dit Bilbo qui soudain afficha un air à la fois soulagé et content. « Tu es en retard, mais c'est bien que tu sois là. Entre, entre donc ! »
Lightsintheskye (tumblr)
Il lui sourit et, ouvrant complètement la porte, il fit un pas de côté pour la laisser passer :
« Pardonne-moi pour l'accueil un peu désagréable. Figure-toi que j'ai reçu la visite de ce Gandalf il y a peu, et que je ne m'en suis toujours pas remis. »
Tout en baissant la tête pour entrer, car le plafond était très bas, Ayrèn demanda avec un air surpris :
« Par Gandalf, tu veux dire le Gandalf ? J'ignorais que vous vous connaissiez. Mais qu'est-ce qu'il fait dans la Comté, loin du monde des grandes gens ?
— Je n'en ai aucune idée, » soupira Bilbo. « Il va, il vient... Un vrai vagabond ! »
Il jeta un bref coup d'œil au dehors et referma rapidement la porte derrière son amie. Il semblait éprouver la crainte irrationnelle que quelqu'un tentât de se faufiler secrètement à l'intérieur s'il la laissait ouverte plus longtemps.
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Dracà-cwellere, la Tueuse de dragons
FantasyUne épéiste humaine frappée d'anathème. Un conflit ancestral entre un clan de chasseurs de dragons et le peuple des Nains. Une quête extraordinaire pour la Montagne Solitaire. Un choix entre la vie qu'elle laisse derrière elle et l'aventure de toute...