Chapitre 29. Cliquetis sous les frondaisons

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Précédemment

Enfourchant son cheval, Gandalf se tourna vers la Compagnie :

« Nous nous retrouverons sur les contreforts d'Erebor, au dernier promontoire avant Dale ! En attendant, gardez la carte et la clef en lieu sûr. N'entrez pas dans la Montagne sans moi. Et faites bien attention, ce n'est plus le Vertbois d'antan. L'air même de cette forêt est vicié. Il pénétrera votre esprit et vous égarera.

— Il nous égarera ? » répéta Bilbo, dont la voix monta involontairement dans les aigus. « Qu'est-ce que cela signifie ?

— Restez sur le sentier, ne le quittez pas. Si vous le faites quand même, vous ne le retrouverez plus jamais. »

Sur ces mots, Gandalf tourna son cheval et partit à grand galop vers le Sud.

Avant d'être tout à fait hors de portée, il se retourna et, les mains en porte-voix, il cria dans leur direction :

« Adieu ! Prenez soin de vous, et surtout, ne quittez pas le sentier ! »

Après quoi, ils le perdirent de vue.

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Orée de la Forêt Noire

Début de soirée

Le ciel, qui avait commencé à s'obscurcir voilà une bonne heure, et le vent, qui soufflait bien plus fort désormais, annoncèrent l'arrivée du mauvais temps. Celui-ci ne tarda pas car, soudain, les nuages réunis au-dessus de leurs têtes fondirent en eau et une averse de grosse pluie tomba sur eux.

« Dépêchez-nous, il nous faut arriver avant le jour de Durin ! » ordonna Thorin, dont les cheveux dégouttaient déjà sur son visage. « Nous n'avons qu'une seule chance d'atteindre la porte secrète et entrer à temps dans Erebor ! »

Ils se hâtèrent de décharger les colis et les distribuèrent entre eux le plus équitablement possible, encore que Bilbo eut l'impression que son lot était d'une fâcheuse lourdeur et qu'il n'aimait pas du tout l'idée de cheminer pendant des jours et des jours avec tout cela sur le dos.

« Ne vous en faites pas ! » lui dit Fíli. « Le chargement ne s'allégera que trop vite. Nous ne tarderons guère à regretter que tous que nos paquets ne soient pas plus lourds, quand les vivres commenceront à se faire rares.

— Ne m'en parlez pas ! » regretta Bombur en passant à côté d'eux. « Je me sens déjà tout faible rien que d'y penser ! »

Enfin, ils firent leurs adieux aux poneys et les dirigèrent vers la maison de Beorn. Les bêtes s'en furent d'un petit trot allègre, heureuses de tourner la croupe aux ombres de la Forêt Noire. Comme ils s'éloignaient, Bilbo et Ayrèn auraient pu jurer que quelque chose comme un ours quittait l'obscurité d'un bosquet d'arbres, au loin, et s'en allait d'un pas lourd mais rapide derrière eux.

'Beorn nous avait suivis jusqu'ici...' devina Ayrèn en observant sa large silhouette s'éloigner. 'C'est certainement lui qui a tenu les Orques à distance, tout le long de notre chemin. Il ferait un excellent meneur de troupeau, en Forodwaith...'

« Ayrèn, tu viens ? » la héla Bilbo.

« J'arrive tout de suite. »

Et elle s'avança vers la Forêt Noire.

Alors commença la partie la plus pénible du voyage. Chacun termina de se charger du lourd colis et de l'outre qui lui revenaient, et qu'ils venaient de remplir dans l'eau claire d'un ruisseau qui coulait non loin de là. Ils se détournèrent de la lumière qui s'étendait sur les terres extérieures, et ils plongèrent dans la forêt.

Dracà-cwellere, la Tueuse de dragonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant