Chapitre 27

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16 NOVEMBRE 2018

Lalisa avait la boule au ventre. Elle n'aimait pas se retrouver une nouvelle fois ici. Elle patientait dans cette entrée de commissariat depuis moins de cinq minutes, n'arrivant pas à calmer son stress. Elle n'arrêtait pas de bouger son pied, faisant claquer sur le le carrelage sale et écaillé, son talon. Un raclement de gorge lui fit lever la tête, elle vit l'officier à l'accueil la fixer. Elle stoppa net ce bruit qu'il jugeait agaçant.

Trois semaines s'étaient écoulées depuis qu'elle avait déposé plainte. L'affaire suivit son cours, elle n'avait eu aucune nouvelle jusqu'à aujourd'hui. Elle avait repris son train train habituel à l'université et depuis quelques jours, elle arrivait à dormir une nuit complète, sans être réveillée par des cauchemars.

Ce matin, lorsqu'elle écouta le message vocal du lieutenant Gardner, toutes les images de son agression lui revinrent à l'esprit. La policière lui demandait de passer au commissariat en fin de journée. Bien que le ton de la jeune femme se voulait rassurant, Lalisa savait très bien pourquoi elle l'invitait à venir au poste. Elle allait se retrouver face à son agresseur et cela l'angoissait. Le lieutenant Gardner l'avait prévenu qu'elle risquait d'être convoquée pour une confrontation. Dans ce genre de situation, le coupable nie souvent les faits et la confrontation permet de le faire avouer.

La jeune thaïlandaise entendit soudain une voix l'appeler. Elle se leva brusquement et reconnut la lieutenant Gardner qui lui adressa un sourire franc et chaleureux. Mise en confiance, elle suivit la jeune femme dans son bureau. Comme la dernière fois, elle trouva un lieu envahi de dossiers d'enquêtes en cours.

– Café ? Demanda la policière alors qu'elle invita Lalisa à s'asseoir sur le siège en face de son bureau.
– Non merci.

Lalisa était trop stressée pour boire quoi que ce soit. La policière s'installa dans son fauteuil et s'empara de sa tasse de café. Elle allait en boire une gorgée mais s'arrêta en voyant le visage déconfit de l'étudiante. Elle se rappela soudain du message qu'elle lui avait laissé, réalisant qu'elle avait été un peu rapide et n'avait donné aucune explication. Elle se souvint qu'on l'appelait justement pour une intervention à ce moment précis.

– J'ai dû t'inquiéter ce matin avec mon message.
– Oui, un peu...

Lalisa mentait très mal. Elle avait stressée toute la journée à l'idée de ce rendez-vous. Elle aurait voulu que Ha-Neul l'accompagna mais elle était de service à la supérette.

– Bon, allons-y, je suis prête pour cette confrontation ! S'exclama Lalisa pour se donner du courage.
– Ce ne serait pas nécessaire. Il a tout avoué.
– Vraiment ?

Lalisa se détendit brusquement, se laissa tomber sur le dossier de sa chaise. Le poids qu'elle avait porté toute la journée s'envola soudainement. Elle n'avait aucune envie de se retrouver face à cet homme qui avait abusé de sa crédulité et de son corps. Rassurée d'apprendre cela, elle releva la tête vers la policière soudainement.

– Pourquoi m'avez-vous convoqué ?

Le sourire bienveillant de la policière se transforma en sourire gêné. Lalisa n'aimait pas cela, se demandant quelle mauvaise nouvelle elle allait lui annoncer.

– Avec ta plainte, nous avons pu enquêter sur ce garçon qui se faisait passer pour photographe. Il utilisait les réseaux sociaux pour trouver ses victimes. J'ai fini par réussir à obtenir un mandat de perquisition pour son appartement. Nous avons fait des découvertes intéressantes là-bas.
– C'est-à-dire ?
– Tu n'es pas la seule victime. Il a abusé d'au moins 8 jeunes femmes.
– Et comment avez-vous....
– Nous avons retrouvé des vidéos.
– Hein ? Des vidéos ? Répéta la jeune femme qui sentit l'angoisse revenir.
– En plus de filmer ses agressions, il avait disposé des caméras cachés dans la chambre.

L'effet papillonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant