Chapitre 11

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Me voilà complètement épuisée et debout devant un inconnu. Inconnu qui vient de m'appeler mon cur. En voilà une journée pas comme les autres.

—Excusez-moi, je vous connais ? dis-je confuse.

Son visage est indéchiffrable, même si je crois discerner une lueur de malice. C'est peut-être mon imagination. Son regard est loin d'être aussi mystérieux et froid que celui de Dylan, mais pas aussi chaleureux et amical que celui de Hayden.

Qu'est-ce que j'ai à les comparer ?

Ses yeux cachent quelque chose, je ne sais pas. Elles sont comme, éteintes, comme si elles ne reflétaient pas ses émotions. Un peu comme les miens. Le regarder me met mal à l'aise. J'ai la nette sensation que ses yeux m'étudient et m'analysent.

Pas terrible comme première impression.

Si je me fiais à mon instinct, je m'éloignerais de lui. Mais cela fait un bout de temps que j'ai cessé d'écouter ce traitre, ce même instinct qui m'a poussé vers Dylan ce jour-là. Depuis lors, je fais l'inverse de ce que mon sixième sens me dit, histoire d'éviter les ennuis. Logique.

—Non !!! Tu ne vas pas me dire que tu m'as oublié ? Si ?

—Euh..., désolé je ne...

—Alors tu m'as vraiment oublié. Tu me brises le cur.

Alors comme cela, je suis censée le connaître ? Pourquoi je ne me souviens pas de lui ? Satanée mémoire. Voilà qu'il me fait culpabiliser.

—Je suis sincèrement désolée.

Prise de remords, je me confonds en excuses et l'entends marmonner dans sa barbe d'à peine deux jours.

—Humm, elle m'a l'air plus docile qu'avant.

Hein. Ai-je bien entendu ? De quoi parle-t-il ? Il m'aurait connu à cette époque ...?

—Pardon ?

—Non, rien.

Voilà que j'entends des voix maintenant, il faut vraiment que je dorme.

—J'ai cru vous avoir entendu parler.

—Non. Je pensais juste que tu méritais une punition.

—Pu.ni.tion ?

Sérieusement ??!!!??

—Oui, tu ne m'as pas reconnu, alors comme punition je ne te dirai pas mon nom. Tu dois le découvrir par toi-même.

—Rien que cela ?

—Rien que cela. Aussi, tu me dois un dîner.

—Un dîner ? Je ne crois pas que cela soit possible.

On ne peut pas vraiment dire que je sois la fiancée de Dylan vu l'état actuel des choses. Je ne crois pas non plus qu'il soit convenable que je sorte dîner toute seule avec un homme.

—Tu vas me refuser cela ?

Pourquoi pas ? Je ne fais rien de mal. Depuis quand Dylan se soucie de moi.

—Tu sais quoi ? J'accepte. Bon, je dois y aller. À plus.

—Au plaisir de te revoir, mon cur.

Je m'éloigne alors que le mystérieux inconnu, lui, se dirige vers l'entrée de la maison. J'imagine qu'il est venu voir père, je lui demanderai l'identité de cet homme.

Il faut vraiment que je lui dise de cesser de m'appeler ainsi. Venant de sa bouche, ça ne me plaît pas. Mais une autre fois, là, je veux juste rentrer prendre un bon bain.

À mon arrivée, la maison est complètement vide, silencieuse. Beaucoup trop silencieuse. Je déteste cette impression d'être dans un cimetière en pleine nuit. Cette impression d'être seule au monde, livré à soi-même. N'avoir que ce calme terrifiant pour seul compagnon. Je déteste le silence. Il fait plus de bruit que le bruit lui-même. La solitude, elle, m'effraie.

Dylan doit être sorti.

Je continue donc dans ma chambre afin de prendre une douche. Je voulais prendre un bain, cependant je suis à plat. J'aurais aimé me mettre directement au lit, mais je suis affamée. Je dois me faire à manger.

Me dirigeant vers la cuisine, je tombe nez à nez avec Dylan, qui me semble venir du sous-sol. Quelques centimètres encore, et je lui rentrais dedans.

—Je suis désolée, je ne t'avais pas vu.

Il ne me répond pas. Ce qui, soyons honnête, ne m'étonne pas du tout, j'ai l'habitude maintenant. Par contre, je me demande pourquoi il me regarde ainsi. Quand on s'est croisés, j'ai d'abord lu un semblant de surprise dans son regard, de la peur. Comme celui d'un enfant qui a peur qu'on ne découvre ses bêtises. Cette expression n'a duré que quelques secondes. En ce moment, je ne vois plus rien. Juste un regard vide, tel un océan. Je pourrais m'y noyer.

Ne comprenant rien, je le fixe en retour. Je le détaille du regard, son visage aux traits parfaits et ses muscles soigneusement dessinés. Il est si beau que ça en devient un péché. Ses lèvres magnifiques qui appellent à la tentation.

Je me perds, il faut que je me concentre.

—Qu'est-ce que tu as à me regarder de la sorte ?

Sérieux, je te rappelle que tu es celui qui m'a fixé de manière déstabilisant en premier. Ce serait la réplique idéale, celle que j'ai envie de dire. Mais je n'en fais rien. Je me contente de détourner le regard. J'aperçois alors ce qui semble être du sang sur sa main droite.

Du sang !?

—Oh mon Dieu !!! Tu saignes.

Ayant constaté cela, je saisis sa main. Pour quoi faire ? Je l'ignore moi-même. Peut-être un réflexe idiot. Tout ce que je sais, c'est qu'il n'est pas blessé, pas même une égratignure pouvant justifier la présence de ce sang.

Quoi !? Qui !? Comment !? Pourquoi !!?

Non, je ne veux pas penser à cette possibilité. Ça ne se peut pas. Si seulement mon cerveau pouvait m'écouter, évidemment non, il faut qu'il n'en fasse qu'à sa tête. J'ai déjà en tête un nombre incalculable de scénarios plus effrayants les uns que les autres. Ce sang, ce n'est pas celui de Dylan.

Je ne sais pas quelle tête je fais, mais je dois être effrayante pour que Dylan retire sa main de la sorte. Comme si je l'avais brûlée. À moins que ça n'ait rien à voir avec ma tête, mais plutôt mon touché. C'est vrai, j'avais oublié, il ne veut pas que je le touche.

Il me regarde ensuite, me donnant l'impression d'attendre mes questions. Comme s'il allait me répondre.

Moi, je me contente de lui sourire. Je ne veux pas savoir. C'est à ce moment que j'entends une voix que je reconnais provenir de la direction d'où vient Dylan.

—Sérieusement Dydy, tu exagères. Tu étais censé discuter avec lui, pas le cogner. Juste discuter mec. Ce n'est pas compliqué. Tu veux le tuer !? Je suis bien placé pour savoir que tu cognes fort.

Il semble ne pas avoir remarqué ma présence. Il finit par se taire lorsque Dylan se décale, lui permettant de m'avoir dans son champ de vision. Hélas, c'est trop tard. Je l'ai entendu, je l'ai même trop bien entendu.

Mes doutes viennent de se confirmer. Pourquoi diable faut-il que j'aie toujours raison ?

*********
Il me plaît ce mystérieux inconnu, il a du cran 😂.
Par contre si j'étais Ivy j'écoutrais mon instinct cette fois. Peut-être ai-je tort, qui sait ?
Que fera t-elle face aux dires de Hayden ?

Par-delà sa cruauté Où les histoires vivent. Découvrez maintenant