Chapitre 56

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La vie n'est pas aussi dure qu'elle y paraît. Elle est énigmatique, sournoise, enfantine et très souvent risible.

Pendant ces deux semaines qui viennent de s'écouler, lentement, difficilement, je me suis amusée à effacer cette personne que père a façonné. La parfaite MILLER, la douce demoiselle au sourire d'ange, cette femme au style impeccable, la Barbie de Seattle, la fameuse poupée de chair, l'image de la famille, vient d'être détruite. Détruire en quelques jours un chef-d'uvre qui aura nécessité 9 années de travail. Le chef-d'uvre de Joshua MILLER, 09 années du précieux temps de monsieur MILLER. La vie est assez risible.

Plus de tailleurs, plus de costumes qui m'étouffes, plus de coiffures qui les plaisent à eux, plus de faux semblants, plus de peines, et surtout plus de masque. Juste moi, mes combinaisons, mes shorts, mes jeans, mes tennis, et surtout mon mauvais caractère. La rose sauvage est de retour. Il était quand même temps.

Ils m'ont dit que j'avais changé, que je n'étais pas professionnelle, que je me devais de me reprendre, de me ressaisir. Moi ? Non, je n'ai pas changé, j'ai juste arrêté de faire ce qu'ils attendaient de moi. Et eux ne me connaissent pas vraiment. Ils ne connaissent que très peu celle qui n'hésite pas à mordre lorsqu'on l'effleure d'un peu trop près. Celle qui se contente de dire ce qu'elle pense sans se soucier du reste. Ou comme il l'a une fois dite « l'immaturité faite femme ».

Une tasse de chocolat et un sandwich en main, je profite de ma pause et ignore du mieux que je peux cette personne debout devant moi. Cette même personne qui répond au nom de Dylan. Il s'agit sans doute du fruit de mon imagination.

-Tu es partie, déclare ce dernier.

Ah non, il ne s'agit pas d'une illusion.

-Tu m'as dit de partir.

-Tu es partie.

-Oui, comme tu l'as toujours souhaité. Tu sais, je reconnais que je n'avais pas le droit de t'imposer ma présence. Je te comprends. J'aurais porté plainte pour harcèlement si j'avais été à ta place. Alors, tu peux enfin profiter de ta solitude.

-Tu crois avoir le droit d'entrer dans ma vie et d'en sortir comme bon te semble ?

Je n'ai aucun droit sur toi, Dylan. Et cette conversation est inutile. Je ne prends donc pas la peine de répondre à sa question. Et reprends :

-JONES, que me veux-tu ?

-JONES ?

-N'est-ce pas ton nom ?

-Putain, Ivy ce n'est pas un jeu. Tu as commencé cette histoire de fiançailles alors, assumes. Tout ceci a commencé devant des centaines de personnes et a pris de l'ampleur. Tu crois que c'est aussi facile d'y mettre fin ?

Ivy, il m'appelle par mon prénom à présent ?

-Dylan, Dylan Alexander Junior JONES, écoute-moi attentivement, les fiançailles dont tu parles ont été annulées. Et ceux, le jour même où j'ai quitté ta maison. Que croyais-tu qu'il allait se passer ? Pendant combien de temps pensais-tu que j'allais me contenter de supporter ? Tu m'as poussé à bout Dylan. Malgré la trop grande patience dont j'ai fait preuve, tu m'as poussé à bout. Vous m'avez tous poussé à bout.

Mes mots ont pour effet de le faire sourire avec une étrange lueur dans le regard. Puis, il prend place en face de moi. Les cheveux négligemment peignés, un t-shirt rouge qui met en valeur ses muscles, cet homme d'une rare beauté me regarde de haut en bas.

Le décrire ainsi ne signifie pas que j'envisage la possibilité de retourner avec lui. Non. Je n'ai pas à supporter les caprices de l'enfant de quiconque. J'ai mes propres caprices, et cela me suffit.

L'expression « Je ne peux pas vivre sans toi » est une fable. Je l'aime. Toutefois, ma vie ne dépend pas de lui.

Tu es têtue, Ivy. Sois-le jusqu'au bout.

-Pourquoi un tel changement ? demande-t-il après avoir pris le temps d'observer ma tenue.

Moi, je lui réponds d'un simple haussement d'épaules.

-Avec toutes ces personnalités, on s'y perd. Laquelle est donc la vraie Ivy ?

-Celle qui veut que tu dégages JONES.

-Ha, ha, ha !! Hum.

Qu'est-ce que... ? Il est content ? Qu'il le soit loin de moi.

Je n'ai pas à supporter sa présence plus longtemps. Je n'ai pas à le supporter tout court. Doucement, je me lève dans le but de m'en aller.

-Sérieusement neuf, tu n'as pas le pouvoir d'annuler ces fiançailles. Moi non plus. Du moins, pas aussi facilement.

-Moi, Ivy MILLER, je ne peux pas mettre un terme à cette histoire de fiançailles ? Moi, la fille de ma mère ? J'y ai déjà mis un point final JONES. C'est terminé.

J'ignore à quel jeu tu joues mon chéri, ni quels esprits te possèdent, mais reste loin de moi. Reste loin de cette personne que tu as marquée à tout jamais.

La vie est belle et bien risible.

Par-delà sa cruauté Où les histoires vivent. Découvrez maintenant