Dylan

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Je me demandais pourquoi ce connard d'Hayden tenait tout d'un coup à venir boire précisément dans cette boite de nuit. Là, je crois avoir pigé le truc. Quelques tables plus loin sont assises un groupe de meufs parmi lesquelles je distingue assez rapidement la tronche de MILLER que je n'ai pas revu depuis 03 jours. Elle enchaine les verres non-stop sans rien dire depuis un moment déjà. Elle en est à combien ? Neuf shots de bière en si peu de temps.

—Dis-moi, tu l'as fait exprès, hein. J'interroge à l'intention de celui qui m'a trainé ici.

On va « s'amuser », qu'il a dit. Putain, j'aurais dû me douter qu'il préparait un coup fourré. Hayden qui m'encourage à sortir avec autant d'insistance, c'était couru d'avance.

—Peut-être bien. Pourquoi ?

—Et il se fout de ma gueule en plus.

Qu'est-ce que ça peut te foutre qu'elle ramène sa tronche ici ? T'as plus à la baby-sitter.

Je ferme les yeux, m'allonge presque sur mon siège et croise les jambes sur l'énorme table devant moi. Je n'ai pas vraiment la tête à boire tout en faisant la bringue. Je préfère dormir.

On se demande pourquoi ?

—Arrête de te prendre pour le centre du monde Dydy, elle m'a envoyé un message en début de soirée pour que je vienne les chercher une fois leur soirée terminée. Autant venir et attendre qu'elles aient fini. Se justifie Hayden d'un ton sérieux.

Mais oui.

—Bien sûr il était impensable pour toi de te passer de ma présence. Je me trompe ?

—C'est vrai que j'aurai pu venir seul. Cependant, ça n'aurait pas été drôle.

Bordel. Qu'est-ce que je fais ? Je me casse ? Et puis non, j'ai la flemme de marché. Mon téléphone en main, je joue aux DAMES contre l'IA du smartphone et laisse quelques fois mon regard errer dans la pièce distraitement. J'arque un sourcil lorsque je remarque un clown à la table de MILLER. Il fout quoi avec son visage si proche de la sienne ? La colère me monte au visage.

Stupide.

Inexpliquée.

Inutile.

J'ai envie de me défouler, tiens.

Abstiens-toi de tout acte et de toute parole si c'est pour nous mettre dans la merde ordure.

—Alors, comment te sens-tu ? M'interroge Hayden sourire aux lèvres, les coudes sur la table, le menton en coupe et le regard braqué sur moi.

Je me fais un honneur de ne pas lui répondre et me sers un verre d'alcool à la place. Je prends une gorgée du liquide fluor qui laisse une chaleur au niveau de ma gorge après son passage. Mon regard revient se perdre au niveau de cette table juste à quelques mètres du nôtre. MILLER se lève très chancelante et s'éloigne de cet homme qui ne me plait en aucune façon. Elle se dirige vers la piste de danse manquant de se vautrer au sol. C'est alors que je regarde sa tenue avec plus d'attention. Il n'y a pas un morceau qui manque à ce truc ? La plus grande partie visiblement.

Dis donc, de quoi je me mêle ?

Dans cette vague d'abrutis en chaleurs, je la regarde se déhancher, sourire aux lèvres. Je ne peux m'empêcher d'esquisser moi aussi un sourire devant cette scène des plus débile sous le regard amusé de Hayden. Je me demande pourquoi cela dit. Soudain, mon sourire s'efface, mon humeur s'assombrit, je tape la mesure sur la table de mes doigts, je broie le verre que j'ai en main. La colère monte. Les mains de ce connard sur elle, sur son dos, sur ses hanches. Je n'entends plus le bruit assourdissant des baffles. Je n'entends que le vacarme de ce torrent qui coule dans mes veines. Je parviens très vaguement à entendre Hayden se foutre de ma gueule.

—Ça va toujours comme tu veux ? fait-il moqueur.

Je vais bien. Je me porte comme un charme. Quoique, j'ai une soudaine envie de meurtre. Avant que je ne me fasse une joie, de réaliser mon fantasme, la fille qui accompagne souvent MILLER, se saisit de cette dernière, sauvant sans le savoir la vie d'un homme en cette soirée.

Je me lève sans prendre le temps de ramasser les débris de verre, une colère évidente toujours présente et me dirige vers ce bout de femme un peu trop insouciante qui a le don de m'irriter.

« Bel idiot » ? Ma parole, elle est complètement torchée cette meuf. La preuve, elle ne tient même plus sur ses jambes. Néanmoins, elle trouve l'énergie pour crier, comme si j'essayais de l'agresser. Je veux juste qu'elle arrête de boire. Vu l'état dans lequel elle se trouve, ce n'est pas une mauvaise idée. Face à ses protestations et aux menaces à peine voilées de sa copine, mon calme est mis à rude épreuve. Je m'avance vers MILLER, que je soulève sans grand effort. Je l'installe sur mon épaule et récolte des coups dans le dos.

—Hé ! qu'est-ce que tu fiches !!? Repose-moi tout de suite ! Je ne suis pas un sac de riz.

—Je confirme, un sac de riz ne donne pas de coups quand on le transporte.

—Tu ne me transportes pas, tu me portes.

Consciente que je ne cèderai pas, elle arrête de se débattre et éclate d'un fou rire. Tellement contradictoire. Je me dirige alors vers ma caisse, suivi de près par Hayden qui soutient l'amie de MILLER.

Je tente tant bien que mal d'ignorer ce regard un peu trop insistant, mais difficile à faire en raison de ce visage qui se trouve à quelques centimètres du mien.

—Quoi ? je finis par lâcher face à ce qui me semble être une torture psychologique.

Il ne fallait pas t'asseoir avec elle sur le siège arrière aussi.

—J'ai très envie d'envoyer mon poing sur ton visage, mais je ne veux pas blesser un si beau visage. Ce serait du gâchis. Déclare Ivy d'un air sérieux, sans ciller, à quelques centimètres de ma tronche.

Hein ? Je porte ma paume à mes cheveux et soupire. Les deux autres personnes présentes dans l'habitacle du véhicule éclatent de rire.

—Je te remercie de ne pas me cogner. Fais-je amusé.

—J'ai quand même envie de te frapper.

Hayden et l'autre meuf repartent de plus belle dans un fou rire. Il ne devrait pas se concentrer sur sa conduite lui ?

Après ces paroles insensées, elle s'endort finalement. Je dois vraiment l'empêcher de boire à l'avenir.

Ce comportement d'Ivy fait remonter des souvenirs. Je me souviens alors de cette meuf qui était mon amie malgré les dires et les commentaires des autres lycéens. Cette meuf qui me prenait les verres des mains pour les boire à ma place, car je ne tiens pas l'alcool. Je me souviens de celle-là même que je portais sur mon dos, qui tirait les cours avec moi. J'espère cette fille qui disait le fond de sa pensée sans se soucier de l'avis et du regard des autres et qui ne se laissait jamais marcher sur les pieds.

Par-delà sa cruauté Où les histoires vivent. Découvrez maintenant