Chapitre 64

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La folie. Complexe, n'est-ce pas ?

En psychiatrie, ce terme désigne une maladie de l'esprit. Un mal. Diverses recherches iront dans ce sens. Depuis lors, la folie est synonyme de démence et de dérèglement mental.

N'oublions pas. Elle est aussi le déraisonnable, l'insensé, l'absurde, l'illogique, le courage, l'immoral, la curiosité, l'excès. Et bien des vices qui s'y confondent.

Ils diront ainsi que nous avons tous une part de folie en nous. Une façon bien hypocrite de justifier nos écarts, nos réactions et nos paroles. De condamner les uns tout en épargnant les autres sous prétexte de proportion.

Moi, je dirais que nous sommes tous fous au même titre.

Nous n'avons pas seulement une part de folie en nous. Nous le sommes et c'est ainsi. Après tout, toute folie demeure une folie.

Mesdames et messieurs, psychiatres et philosophes du dimanche, épargnez-moi vos réflexions profondes sur le sujet de même que vos questions existentielles. Je ne veux pas connaitre le fond de votre pensée ni l'objet de vos débats. Je ne dirai pas que je m'en moque. Mais, je m'en moque.

Détrompe-toi, certains sont plus perchés que d'autres. Toi, la première.

Je le sais. Il s'agit d'une évidence.

Peu importe la définition que vous donnerez à celle-ci, cette femme, assise devant moi, les cheveux en bataille, les jointures des doigts éclatés, le regard terne, pourtant malicieux, est belle et bien folle.

Bien sûr qu'elle l'est, il ne peut être autrement. Cela ne saurait être autrement.

Au vu de ce qu'elle vient de me murmurer à l'oreille, elle n'est pas simplement folle.

Non. C'est plus grave. Inquiétant. La pauvre.

Elle est folle à lier, dingue, timbrée, complètement barge. Espère-t-elle que je la prenne au sérieux ? Que je la considère ? Balivernes.

Après avoir médité quelques instants sur les paroles de Foucault, je soupire. Peut-être parce que je viens de me rendre compte que j'ai perdu mon temps. Mon précieux temps. Bon, pas si précieux que cela en fin de compte.

Mais bordel, qu'est-ce que j'attendais d'une internée ?

-Tu penses que je suis folle, hein ? m'interroge-t-elle soudainement.

En voilà une question qui n'a pas sa raison d'être. Tenez-vous bien, elle est en ce moment même, en train d'éventrer son ours en peluche de ses doigts et dents à l'appui. Alors, la réponse n'est-elle pas évidente ?

Évitons juste de la brusquer. Pour seule réponse, je lui offre mon sourire et reprends :

-Sienna, ce que vous venez de me dire...

- Ils sont magnifiques. Fit-elle sans me laisser terminer ma phrase.

Magnifique ?

-Quoi ?

- Tes yeux.

Mes yeux ?

-Merci. Je... Sienna regardez-moi, concentrez-vous. L'a-t-il vraiment tué ? Vous êtes sûre de vous ?

-Tué qui ?

-Maëlle.

-Quelle Maëlle ?

-Maëlle JONES.

-Je ne sais pas non.

-Vous venez tous juste de me le dire !

Par-delà sa cruautéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant