Chapitre 33

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Bon, réfléchissons. Que se passe-t-il pour qu'il me convoque de si bon matin ?

Bâillant pour la énième fois, je lutte pour garder les yeux ouverts. Bon, je pourrais les fermer juste un moment. Pas longtemps. Un tout pe-tit... peu.

—Hé ! Petite tête !

J'abandonne, je n'arriverai pas à dormir avec lui dans les parages.

—Comment m'as-tu appelé ?

—Petite tête. C'est soit ça, ou Min. À toi de choisir.

Min ? Quel genre de prénom est-ce ?

—Pfff, appelle-moi comme tu l'as toujours fait. I-v-y ce n'est pas compliqué.

—Ivy ? Non, c'est trop moche comme prénom. J'ai toujours eu envie de te le dire, me voilà débarrassé d'un poids.

Hein ? Lui, alors.

—Hayden !!

Alors que je fronce les sourcils, il se moque de moi. C'est typique de lui.

—Ha, ha, ha ! Quelle tête !

Franchement, je ne peux pas gagner contre lui.

—Tu m'as l'air bien fatiguée, que se passe-t-il ? m'interroge-t-il.

—Le travail, tout simplement. Et tu peux parler, as-tu vu ta tête ?!

Ce fut une semaine bien chargée pour moi. Entre chantier et bureau, je suis complètement lessivée. Cependant, celui qui est en face de moi incarne parfaitement la fatigue, bien plus que moi. Il a des cernes bien marqués, les cheveux en bataille et un tas de documents jonché partout dans l'appartement. Sans oublier que ses yeux n'ont toujours pas retrouvé cette étincelle qui leur est propre. Où a bien pu passer mon ami d'humeur joyeuse en tout temps ?

—Ivy, comment va-t-il ?

Pas besoin d'être intelligente pour savoir de qui il parle. Soyons claires, je ne dis en aucun cas que je ne le suis pas.

—Il dort assez ? Il s'alimente correctement ? J'espère qu'il n'a pas repris son régime de fruits. Rassure-moi, Min.

Regardez-moi ça, une vraie mère poule. J'aimerais bien te mentir pour te rassurer. Seulement...

—Il est perdu sans toi, tu le sais bien, Hayden. Pour ce qui est de son alimentation, je ne l'ai jamais vu manger autre chose que des fruits.

Comment je peux arranger tout ça ?

—Je vois. Moi qui pensais qu'il passerait à autre chose après deux-trois jours... Visiblement, je me suis trompé. Qu'est-ce que je l'ai fait ? J'avais pourtant promis de ne plus le laisser tomber...

Il donne plus l'air de se parler à lui-même qu'à moi. Sa main plongée dans ses cheveux qu'il malmène me rappelle Dylan. C'est fou, je continuerai de croire que ces deux-là sont frères tant que je n'aurai pas la preuve du contraire. Il m'a déjà dit que non. Mais... Impossible. Si c'était le cas, il ne chercherait pas. À moins que...

—M... Min !!!!

—Oui !

—Ça fait un moment que je t'appelle sans que tu m'entendes. À quoi pensais-tu ?

—C'est peut-être parce que ce n'est pas mon prénom petit génie.

—Hé !! C'est mon expression ça !

—Je sais.

Je vois bien que tu fais un effort pour que je ne le remarque pas. Hayden, tu souffres toi aussi, au fond, toute cette histoire vous a détruit tous les deux. Elle continue de vous détruire. Tu m'as manqué, tu sais, Hayden ? Et malgré ta présence devant moi, tu continues à me manquer. Car celui qui est devant moi n'est pas celui que je veux voir.

Par-delà sa cruauté Où les histoires vivent. Découvrez maintenant