Dylan

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Il y a des jours comme ça où je suis en pétard sans raison. Plus que d'habitude, je veux dire.

C'est le cas aujourd'hui, et j'aime bien.

Assis confortablement dans ma caisse, un feu incandescent dans les tripes, je fixe le téléphone sans ciller. Ce téléphone que j'ai enfin réussi à déverrouiller grâce à l'aide d'un informaticien très peu recommandable. Ce téléphone qui contient peut-être les réponses à mes questions. Ce même téléphone dont le propriétaire n'est autre que SMITH.

Voyons voir.

J'ouvre sa messagerie en premier, et merde !! C'est plein à craquer. On jurerait avoir affaire au téléphone d'une meuf. Je n'ai pas la patience nécessaire pour lire tous ces messages, Hayden s'en occupera. Putain, je déteste les énigmes. On va faire plus simple. Un coup d'il rapide dans l'historique des appels et un numéro attire mon attention. Je fais alors la première chose qui me vient en tête : lancer un appel.

Je ne m'attendais cependant pas à ce que quelqu'un réponde.

« Allô », a fait une voix féminine. Cette voix... Ce fut bref. Mais cette voix. MILLER.

Ce n'est pas possible.

Il m'a fallu une bonne trentaine de minutes pour ranger mes idées. Pour relier les différents points.

Le regard perdu dans le vide, mon esprit en cavale, je serre les poings à m'en blanchir les phalanges. Je me demande pourquoi cela dit.

La seule chose dont je suis sûr, c'est que je dois rappeler. Chose que je fais dans la seconde. Cette fois, ce n'est pas Ivy. Un rire résonne dans mon oreille.

—Ha, ha, ha !!!! Tu en as mis du temps Dylan.

—C'est quoi ces conneries !!??

—À toi de deviner.

—Va te faire foutre !!

—Tu es bien impoli, dit donc ! Essaie de

Sans lui laisser le temps de terminer sa phrase, je mets fin à l'appel.

De quoi s'agit-il en fin de compte ? Aoron, Ivy et SMITH. Quel peut être le lien ?

La colère encore fraîche dans tous mes pores, je démarre en trombe. Je ne parcours néanmoins pas plus de quinze mètres que mon téléphone sonne.

—Oui ?

—Ça ne se fait pas de raccrocher sans crier gare.

—Qu'est-ce que tu me veux, bordel !?!

Ce n'est pas le même numéro, mais c'est encore lui. Comment s'est-il procuré mon numéro ?

—Te parler de ta fiancée.

—Ça ne m'intéresse pas.

En entendant le mot « fiancée », mes doigts se crispent sur le volant. Et mon pied enfonce l'accélérateur.

—Elle a les lèvres plutôt douces, tu en as de la chance. Elle a osé me repousser ? Ha, ha, ha !! Moi, je n'aime pas perdre. Soit elle est à moi, soit elle ne sera à personne. On la perdra tous les deux, Dylan. Retiens bien cela.

Je donne un coup sec sur le volant, et enfonce le frein. La voiture dévie alors de la voie et se heurte violemment à un arbre. Ce n'est pas aussi impressionnant que ça en a l'air. Il s'agit juste d'une petite collision. Je suis sonné un bon moment. Je vois rouge. Plus précisément rouge sang. Le sang de ce connard.

Ma tête a heurté le volant brusquement, et j'ai mal. Ça aide à avoir les idées claires. Ce fils de pute mourra de mes mains.

J'ignore à quel moment précis j'ai mis fin à l'appel. Je sais juste que... putain ! Je vérifie l'état de la caisse et me rends compte qu'elle a pris un sacré coup. Ça aurait été la caisse de Adrian et j'aurais été comblé.

Je ressens un mal de crâne violent. Très intense. Et j'ai soudain sommeil. Très sommeil. La machine qui me sert de pompe à sang que d'autres imbéciles appellent cur semble déréglée. Mon sang, lui, ne fait qu'un tour. Pour la première fois de ma vie, je ne comprends pas, je ne me comprends pas.

Ivy et Aoron... Qu'ai-je à voir dans tout cela pour que cet abruti m'appelle ? Ça n'a pas de sens.

Poussant un long soupir, je m'assieds à nouveau derrière le volant et me remets en route tout en cogitant. Pourquoi ? Que me veut cette fille, nom de Dieu ? Ça l'amuse ? Pas moi.

Je croyais que je me sentirais mieux une fois à la maison, mais c'est sans compter sur la mauvaise volonté de Adrian qui est venu récupérer sa caisse. Sans lui accorder un seul regard, je rentre récupérer ses clés que je lui lance et continue dans ma chambre en quête de clopes.

J'en ai besoin.

Je ressors sans tarder avec une cigarette en main, et tombe nez à nez avec l'autre connard que j'ai envie de trucider, papiers en main.

D'un il maléfique qui se veut confiant, il me regarde longuement. Il a ses clés. Qu'il se casse avec sa bagnole.

—Je ne suis pas d'humeur à te causer, ni même à être dans la même pièce que toi. Alors, écrase !!

—Moi qui suis venu t'apporter des photos susceptibles de t'intéresser. Voilà comment tu me traites.

Des photos ? Je n'en ai absolument rien à cirer !!!

La rage ayant pris le dessus, je fais un pas vers lui, puis deux.

—Je m'en bats les couilles de tes putains de tofs, tu piges !? Alors tu peux te les mettre là où je pense.

Un sourire qui me fout la gerbe apparaît alors sur ses lèvres, puis il balance ces fameuses photos au sol juste devant moi.

Ivy.

—Je te laisse ça là, me vomit l'imbécile en se retournant. Ne me remercie surtout pas.

Sont capturés sur ces papiers, Ivy et Aoron qui s'embrassent. Un rire m'échappe.

Ce rire que je n'avais pas entendu depuis bien longtemps, qui ne présage rien de bon. Ce rire que j'ai moi-même du mal à reconnaître et qui a le pouvoir de figer Adrian. Me faisant à nouveau face, je lis de la frayeur dans son regard. Il flippe grave et ne veut pas le montrer. Il s'est sans doute rendu compte de ce qu'il vient de faire.

—Je te trancherai de mes propres mains Adrian. Surveille bien tes arrières, car cela risque d'arriver plus tôt que tu ne le penses.

Oh oui ! très tôt même.

Bouche entrouverte comme une merde, il continue de me reluquer.

Avant qu'il s'en aille, j'ajoute :

—Tu n'aurais pas dû commencer ce que tu ne peux terminer. Maintenant, je prends le relais, et je t'assure que tu rejoindras tes parents de l'autre côté.

Pâle comme un linge, il s'en va sans demander son reste.

Celui-là mourra de mes mains. Après tout, le linge sale se lave en famille.

En ce qui concerne Ivy, encore une fois, elle a ébranlé quelque chose en moi. Sans s'en rendre compte, elle vient de réveiller le Dylan qu'il ne faut pas.

Elle veut jouer ? On va jouer. Et nous verrons qui s'en sortira indemne.

******
Que peut bien cacher le téléphone de SMITH ?
Que doit-on comprendre des paroles de Aoron à l'encontre de Dylan ?
«On la perdra tous les deux» , menaces ou paroles en l'air ?

Tant de questions. Allons donc à la pêche aux réponses.

Ivy semble participante d'un jeu dont elle ignore l'existence et les règles.

Par-delà sa cruauté Où les histoires vivent. Découvrez maintenant