Chapitre 37

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« Sacrifice », je ne suis pas vraiment fan de ce mot. Il mentionne un combat, un affrontement, un échec, un abandon.

La vie est un combat perpétuel. Ça, nous le savons tous. L'échec quant à elle est un état d'esprit. Nous n'échouons jamais, nous apprenons. Moi, j'ai beaucoup appris.

Je n'aime pas ce mot, car je n'ai pas abandonné. Je n'ai fait que ce que l'on attendait de moi. J'ai juste été obéissante pour une fois dans ma vie. Je ne me suis pas sacrifiée, je ne voulais juste pas que ma petite sur vive la vie que moi j'essayais d'éviter à tout prix. Je ne pouvais pas lui faire ça.

—Je me demandais pourquoi tu provoquais toujours des scandales. Je détestais voir notre famille mentionnée dans les tabloïdes. Avoue ma sur en introduisant son doigt dans ma bouche. Je n'aimais pas qu'on m'indexe en disant « c'est la petite sur dIvy ». Je voulais qu'ils disent « C'est Callie ». C'est con. Hein ?

Je vais la mordre celle-là.

Non, ce n'est pas con du tout. J'aurais dû m'en rendre compte plus tôt que mes agissements t'affectaient. Excuse-moi.

Tout cela s'est produit une année après le départ de Dylan. Je cherchais juste des activités à faire afin de m'occuper. Ce n'est pas un crime. Cependant, les journalistes n'étaient pas de cet avis. Durant cette période, ils me surveillaient. Ils espéraient mon moindre écart de conduite. Ça a toujours été ainsi en fait. Vous voulez atteindre la famille MILLER ? Celle-là même qui veut se faire une place dans la société. Qui essaie de lancer ses affaires. Ciblez juste la fille ainée. C'était comme s'il était écrit « Fille à problèmes » en grand sur mon front. Et moi je saturais. J'avais besoin de calme. Je voulais disparaître. Oh non, je n'avais pas d'envies suicidaires. Juste un besoin de m'éclipser.

Mon seul moment de répit était les lundis après-midi. Assise carrément sur le toit d'un immeuble abandonné, mon sac à dos posé à côté de mes jambes, et mon casque audio sur les oreilles, je respirais. Enfin.

« Fugue ou tentative de suicide ? » : voilà ce que disaient les gros titres, un beau mercredi matin. Ces torchons dans les mains, ma photo en plein milieu, père me toisait avec colère. Encore des insanités à mon sujet. C'était devenu chose courante.

—N'en as-tu pas assez !? m'a-t-il hurlé ce jour-là.

Assez ? Oui, j'en avais plus qu'assez. J'en avais même marre.

Le pire n'était pas l'article, mais les commentaires et les réactions sur le Net par rapport audit article : « Ces gosses de riches franchement ! Toujours à attirer les regards. », « Cette meuf franchement je ne peux pas la sentir. », « On ne fugue pas quand on a cette vie, pétasse. », « Elle pourrait au moins penser à sa famille avant d'agir. », « Toujours à faire des caprices pour un rien celle-là. », « Il faut la comprendre, elle ne sait rien faire d'autre ».

Tout ce remue-ménage parce que j'écoutais de la musique pour me détendre. Juste de la musique. Avaient-ils seulement conscience que ces mots qu'eux écrivaient pour passer le temps affectaient ma vie plus qu'autre chose ?

—Réponds-moi quand je te parle ! Quand vas-tu enfin arrêter ?

—Je suis désolée, père.

Je m'excusais encore une fois de vivre. D'exister. D'être moi.

—Je ne te laisserai plus faire. Tu représentes la famille MILLER à chaque pas que tu effectues, fillette. Tu représentes la famille MILLER à chacun des actes stupides que tu poses.

Ces mots auraient été de simples mots si je n'avais pas vu Callie pleurer à chaudes larmes dans sa chambre ce même jour.

—Je tâcherai de m'améliorer.

Par-delà sa cruauté Où les histoires vivent. Découvrez maintenant