Dylan

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Un examen réussi n'est pas synonyme d'une vie réussie. Et un nom de famille n'est rien d'autre qu'un alignement de syllabes. C'étaient là les messages que je voulais faire passer à père. Je me suis donc inscrit à l'université dans le seul but d'échouer.

Ainsi donc, deux jours... puis sept..  et quatorze. Pile, deux semaines s'étaient écoulées depuis la rentrée sans que je mette un pied en salle de cours.

Pourquoi s'inscrire si c'est pour ne pas aller ? Pour l'échec, c'est plus dur à digérer que le refus. Et puis, je préfère aller au garage taffer, pour me procurer ma came.

Était venu le jour où j'avais enfin décidé de m'y présenter, une surprise de taille m'attendait : Hayden. Quelles étaient les chances qu'on se retrouve dans cette université, dans cette UFR et dans la même salle ? Vous diriez 0,000 001/1 000 000 n'est-ce pas ? Mais il était là, me dévisageant comme si un revenant se tenait devant lui, puis un sourire, le sien.

« La politique de notre institut est révolutionnaire, progressons ensemble est notre mantra. Ainsi, afin de favoriser le travail d'équipe, vous travaillerez par groupe de deux durant tout votre cursus. Votre BEC (Binôme d'Étude et de Cours) est votre ami, votre professeur et votre confident ». Qui aurait cru que ces paroles d'une telle banalité, prononcée par le responsable pédagogique en mon absence allait me coller à la peau, allait être un boulet ?

Je me suis retrouvé en duo avec Hayden. C'était prévisible, vu ma malchance légendaire. Quoique, je m'en fiche. Je ne compte pas bosser.

Toujours souriant, cet imbécile ne cessait de programmer des séances de bosses. Il croyait vraiment que j'allais m'y pointer ? Ridicule. Déjà, me montrer en salle 1 jour/3 était bien suffisant. Puis vinrent les premières séances de devoir, séances auxquelles j'ai échoué lamentablement. Hayden aussi par ma grande surprise, lui qui passait son temps à étudier.

—Écoute-moi bien, connard. Je n'en ai rien à foutre que tu te branles au lieu de venir en cours. Mais je déteste travailler pour rien. Piger ? m'a-t-il sorti un bel après-midi.

J'avoue que j'appréciais de revoir cette attitude. Mais je n'y comprenais rien.

—Qu'est-ce que j'ai à voir avec ton échec pétasse ?

—Tu le fais exprès ? Ah oui ! j'avais zappé que tu as eu la bêtise de rater la rentrée. Ouvre bien ce qui te sert d'oreilles et écoute. On forme un BEC dans ce fichu institut, ce qui veut dire que si l'un de nous échoue, son échec est automatique attribué à l'autre.

C'est quoi ces bêtises ? C'est légal ça ?

—Tu m'écoutes connard ? Vu ton niveau d'intelligence, je t'explique le plus simplement possible. Si à un quelconque exam ou devoir j'obtiens un A, et toi un F, mon A se voit transformer en F !! Tu piges !?

Oui, j'avais compris. Un sourire orna alors mes lèvres.

—Ah ouais ? Ça, c'est chic.

—Tu trouves cela amusant ? Pas moi. T'es peut-être un putain d'enfant pourri gâté qui ne sait que dépenser l'argent de son papa gâteau. Mais moi je me débrouille pour payer mes frais. Alors, t'amuse pas de...

Sans lui laisser le temps de terminer sa phrase. Je l'avais arrêté.

—T'as peut-être l'impression d'être le plus intelligent du monde. Mais ne refais plus jamais ça. Tu captes ? Tu ne connais rien de ma vie, alors fou moi la paix. T'as qu'à changer de binôme si ça te chante.

Il avait réussi à réveiller ma colère. Le terme papa m'énerve à un point. Bon, j'avoue que j'ignorais qu'on ne pouvait pas changer de BEC à ce moment-là. Lui aussi a dû s'en rendre compte, car il avait complètement changé. Les « Bonjour Dylan », « Comment vas-tu ? », « Hey Dydy ! on fait le chemin ensemble ? » fusaient. Une nouvelle tactique sans doute.

Par-delà sa cruautéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant