Chapitre 25

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Mon hurlement s'accompagne d'un silence insoutenable, pesant, à réveiller les morts.

L'arrêt fut brutal et violent à l'image de mon bien aimé. Mon poids m'amène en avant avec force tandis que la ceinture de sécurité s'oppose au mouvement. Ma tête heurtant le tableau de bord. Ce fut rapide, je n'ai rien senti. Il faut dire que j'ai la tête dure.

Les mains solidement accrochées aux accoudoirs et les pieds ancrés au véhicule, je dirais même enracinés, je n'ose pas ouvrir les yeux.

Je n'ai pas mal. Je ne ressens aucune douleur. Suis-je morte ?

Je n'ai pas spécialement peur de la vitesse ni de la route. Nous avons tous notre façon de conduire, qui, sachez-le, en dit long sur nous. Mais Dylan, sa conduite est sans doute pire que nulle autre. Pour être honnête, c'est un chauffard. J'ai eu la peur de ma vie.

Est-ce parce qu'il est en colère ?

Peu importe, rappelez-moi de ne plus jamais monter en voiture s'il est au volant. Je viens carrément de voir ma vie défiler.

Avec un soupir et lentement, j'ouvre les yeux et regarde autour de moi. La nuit enveloppe le paysage de sa voile noire et froide. Les phares du véhicule créent un tunnel de lumière. Le silence règne en maître. Seuls les vrombissements du moteur se font entendre.

Je porte ma main à mon visage, mon cou puis mes jambes. Et... ouf, je suis en un seul morceau, mis à part une minuscule tache rouge à mon doigt lorsque je touche le sommet de mon front. Ce n'est rien de bien méchant.

Me tournant vers notre pilote de formule 1, je me heurte à un regard que je crois bien connaitre à présent. Regard qui me sonde, m'analyse. J'ai l'impression d'être passée aux rayons X, et ça commence à être gênant. Il a ce don de pénétrer votre âme de ses yeux tout en gardant la sienne verrouillée. Je souris et détourne le regard vers le volant qu'il a toujours en main. J'ai l'impression qu'il s'est calmé, car il tient le volant d'une prise ferme certes, mais pas violente.

Nous restons là un moment. Personne ne parle ni ne bouge. Je regarde droit devant moi et lui me scrute. Il lorgne précisément le haut de ma tête, ou peut être mon front. À vrai dire, je n'en sais rien.

Ai-je quelque chose sur le visage ?

J'essaie de l'ignorer en vain. Son regard m'enveloppe, me brûle. Je me tourne alors à nouveau vers lui et on passe les dix minutes suivantes, ou peut-être cinq, à se dévisager.

C'est finalement Dylan qui rompt le contact visuel pour se remettre en route. Il diminue considérablement sa vitesse même si elle demeure au-dessus de la limite autorisée.

Il est concentré, il agresse toujours le volant de sa force. Cependant, je ne m'en formalise pas. J'ai mieux à faire. Toujours le regard sur lui, je me rends compte à quel point il est beau. Dans cette position, j'ai une vue de rêve. Son profil est juste à couper le souffle. Peut-on être aussi parfait ?

-Peux-tu regarder autre part ? me demande-t-il.

Je m'exécute sans mot et baisse les yeux sur mes doigts que je tripote depuis un bon moment.

C'est à ce moment que, sortie de nulle part, j'entends l'inimaginable, l'impossible. Je crois halluciner.

-Désolé, articule Dylan.

Il... pourquoi ? Il vient de s'excuser. On est d'accord ?

Dylan vient de s'excuser ou je rêve ? Un jour à marquer d'une pierre blanche.

Naturellement, mon regard se dirige à nouveau vers lui. Je suis ahurie par la tournure des évènements.

Posément, il reprend :

Par-delà sa cruauté Où les histoires vivent. Découvrez maintenant