Chapitre 15

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Il s'appelle donc Aoron, mystère résolu. Enfin, presque, reste à savoir qui il est, quelle place a-t-il occupée dans ma vie pour que je l'oublie aussi facilement ? Je veux le savoir, je dois le savoir.

Je pourrais m'éloigner dAoron, ne plus l'approcher, ne plus lui parler, suivre les conseils de Andrew. Mais c'est lui qui vient vers moi, que puis-je contre cela ? En plus, serait-il juste que je me base sur des dires, peut-être des rumeurs pour m'éloigner d'une personne qui veut mon amitié ? Pourquoi ne pas lui donné sa chance ? Après tout, qu'est-ce que je risque ? Ce n'est pas comme si Aoron allait me manger.

Je déteste les rumeurs.

Je pourrai toujours m'éloigner de lui si je découvre que quelque chose cloche. Oui, je vais faire ça.

Alors que je ferme mon bureau pour rentrer à la maison

Maison. Quelle maison ? me demande la petite voix dans ma tête ironiquement. Mais ce n'est pas ta maison Ivy. Tu es plutôt une invitée indésirable, une squatteuse, un parasite. Alors, ne te fais pas des idées.

Elle peut être cruelle avec cette voix, satané bon sens, il s'agit de ma conscience qui me ramène encore et toujours à la réalité, brutalement. C'est comme recevoir un seau d'eau froide en plein hiver. Je sais qu'elle a raison. Vous savez quoi ? Faites comme moi, ignorez-la, ne lui accordez aucune de l'importance.

C'est cela oui, tu peux toujours essayer.

Qu'est-ce que je disais déjà ? Ah oui, je fermais les locaux de mon bureau lorsque je sens mon téléphone vibrer dans mon sac à main, signe d'un nouveau message. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai la chair de poule en entendant le téléphone, sans doute à cause du message d'hier.

Une fois installée dans la voiture, prête à partir, j'ouvre ledit message.

« Je t'attends à 20 h 30 à La crème, tu dois connaître. Fais-moi signe si tu ne te retrouves pas. Ne sois pas en retard, mon cur. »

A Aoron ? Si je me souviens bien il a dit ne pas avoir mon contact. Lui aurais-je donné entre temps ? Peut-être. Il est déjà 20 h, bon je vais devoir y continuer directement. Je n'ai pas le temps d'aller me changer, sans compter que ce n'est qu'un dîner entre amis.

De nature prudente que je suis, ou plutôt paranoïaque, j'envoie un message à Hayden le prévenant que j'allais dîner avec un ami à la crème, avant de me mettre en route. Je recherche l'adresse sur mon téléphone en entrant le nom de l'établissement et trouve facilement. La destination se trouve à une quarantaine de minutes de mon service, sauf qu'elle se trouve dans la direction opposée de l'appartement de Dylan.

Ce n'est pas bien grave, ce n'est pas comme si j'avais hâte de rentrer après ce qui s'était passé.

Une fois au sein de l'établissement, je repère Aoron assis au bar.

Il s'agit d'un endroit très chaleureux, très prisé auprès de la jeunesse. Je m'attendais à un établissement luxueux, avec un code vestimentaire, des repas hors de prix, et une clientèle de la haute, vue de la réputation de La crème. Mais c'est tout le contraire, on s'y sent à l'aise. Des jeunes et des familles. Tout un monde merveilleux se dessine sous mes yeux. J'adore, ça met de bonne humeur. Une lumière tamisée baigne la pièce dans une atmosphère chaleureuse, les murs sont recouverts d'une peinture lavande, et ornée par des étoiles accrochées par-ci par-là, donnant à la structure un aspect enfantin, mais tellement magnifique.

Avec un sourire radieux, je me dirige vers Aoron qui est habillé d'un simple t-shirt combiné d'un jogging et des chaussures de sport. Étrange combinaison pour une sortie.

—Bonsoir ! dis-je, toute souriante une fois à son niveau.

Sourire qu'il me rend en me répondant.

—Bonsoir, mon cœur. Tu t'es retrouvée à ce que je vois. Et ta journée ?

—Oui, ce n'était pas bien compliqué. Une journée normale quoi. Au fait, Aoron, j'adore l'atmosphère qui règne ici.

Sans y faire attention, je venais de prononcer son prénom. Un sourire illumine alors son visage.

—Je suis ravi que ça te plaise. Tu t'es enfin souvenu ? Tu ne sais pas à quel point cela me rend heureux.

Le sourire qui orne son visage est tel que je ne peux me résoudre à détruire cela.

—Euh oui ! je me suis souvenue, lui dis-je avec une pointe de culpabilité.

Oui, je culpabilise un peu de lui mentir. Mais il s'agit d'un petit mensonge de rien du tout.

Après un bref moment à garder ce sourire béat sur le visage, c'était un peu drôle de le voir ainsi aussi, il passe commande.

Une fois nos plats devant nous, je suis sans voix.

—Tu..., dis-je en pointant mon assiette du doigt.

Devant moi se trouvent une assiette pleine de fruits de mer, et deux boules de glace vanille comme dessert. Dit comme ça, ce n'est rien d'incroyable, il s'agit d'un menu qui n'a rien de spécial. Seulement, il s'agit là de mon menu parfait. Je raffole de fruits de mer et j'adore la glace vanille, entre nous. Qui n'aime pas la glace vanille ?

—J'ai cru comprendre que tu aimais bien les fruits de mer, déclare-t-il avec un sourire victorieux.

—Je n'aime pas, j'adore ! fais-je avant de me jeter sur mon plat. Enfin, façon de parler.

Alors que je me régale comme une folle, le serveur dépose deux verres de boisson devant nous. Le liquide d'une magnifique couleur rose scintille, c'est magnifique.

—Dis-moi, tiens-tu toujours l'alcool ? me questionne Aoron.

—Moyennement. Par contre, ne compte pas sur moi pour boire ce soir, je dois travailler demain.

Oui, je tiens très bien l'alcool, mais je ne bois qu'avec Ariana et Callie ou seule.

—Tu es devenue une poule mouillée en fait.

—Non. Je ne suis pas une poule mouillée. C'est juste que ...

—Prouve-le, me dit-il avant que je ne termine la phrase, me mettant au défi.

—Ce n'est pas du jeu.

—Cot cot codec !

Oh oui, il l'a fait. Je vous promets qu'il l'a fait. Il va même jusqu'à battre des bras comme les ailes de la volaille. Ha, ha, ha ! c'était très hilarant, attirant le regard des autres clients ainsi que des sourires amusés. Hum, il essaie de me provoquer et je ne marche pas, mieux, je cours. Saisissant mon verre et le sien, je vide le contenu d'une traite, me tourne vers lui, et déclare d'un ton fier.

—C'est qui la poule mouillée maintenant ?

Il relève lui aussi mon défi, commande deux verres et répète le même geste que moi. Voilà comment moi et Aoron on se retrouve à enchaîner des verres d'alcool dont j'ignore le nom à La crème, riant aux éclats tout en se racontant nos anecdotes comme des collégiens.

Pour la première fois depuis longtemps, je ne réfléchis plus à mes problèmes, je me sens vivre, je suis heureuse.

Andrew avait raison, Aoron est différent de Dylan, très différent. Il est sympathique, drôle. Ça ne m'étonne pas qu'on ait été amis. Je ne sais pas qui est cette personne qu'il décrivait ce matin, mais ce n'est pas Aoron. Du moins, pas celui qui est devant moi.

*****
Pourquoi cette mise en garde ?
Ivy a raison. Il est plutôt sympathique ce Aoron.
Et il semble tenir à Ivy. Alors, amitié ou plus ?

Par-delà sa cruauté Où les histoires vivent. Découvrez maintenant