Chapitre 28

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Durant tout le trajet, je n'ai fait que penser, réfléchir. À ce qui s'est passé, à ce qui se passe et ce qui se passera.

Je l'ai dit, et je m'y tiendrai, ce qui se passe entre père et Alexander Senior, ne regarde qu'eux. J'avoue que passer le reste de ma journée avec Callie m'a laissé un arrière-goût de sagesse. Toutefois, assise devant ma pizza, je ne cesse de retourner les paroles de ma sur dans tous les sens. Je devrais me concentrer sur moi, seulement sur moi et oublier le reste. Dylan, lui, rentré il y a peu, est comme à son habitude devant la télévision.

À son sujet, une question me trotte dans la tête depuis un moment.

Il ne mange pas ? Je ne l'ai pas encore vu manger quelque chose de consistant depuis que je suis là. Ah, si, une seule fois, le jour où j'ai découvert un homme ligoté dans son sous-sol, et ce jour, c'est Hayden qui s'est occupé du repas. Ou deux, à ce fameux dîner, mais là encore, il ne faisait que jouer avec son plat.

Les rares fois que je le vois se mettre quelque chose sous la dent, il s'agit de fruits.

Est-ce parce que je suis là ? C'est ridicule. Il pense réellement que je lui veux du mal ? Que je pourrais m'en prendre à lui ?

Je pensais pourtant qu'on avait dépassé tout ça, après tout il me laisse le toucher à présent.

Il me semble que cela n'était qu'illusion. N'est-ce pas ?

À ces sombres pensées, je me sens déprimée et le seul remède n'est autre que lui. Comme une plante a besoin d'eau pour croître, comme un toxicomane a besoin de sa dose, moi, j'ai besoin de lui, de sentir son odeur, sa chaleur.

J'en ai besoin.

Me levant doucement, je laisse mon repas et m'avance vers l'objet de mon désir. Je m'approche. Il ne semble pas perturbé par ma présence. Je devrais peut-être agir avant que ma crise de courage ne me passe. Doucement, je m'assieds à côté de Dylan, attirant un regard électrisant sur ma personne. Je fais fi de cet avertissement plutôt évident et me fais plus proche. Je pose carrément ma tête sur sa poitrine. Je le sens tendu un moment, puis, plus rien, juste un silence inquiétant. J'entends les battements de son cur. Ça alors, il en a un de cur.

Son rythme cardiaque n'a rien de colérique et de haineux. Oui, j'essaie de lire ses émotions, ses sentiments à travers ses battements cardiaques. C'est plutôt un rythme calme, très calme, apaisant, a-gré-able. Je ferme les yeux. Je n'entends pas la télévision. Dylan ne bronche pas. Dans ce calme paradisiaque, je tombe dans les bras de morphée. Je suis littéralement dans les bras de Morphée. De mon Morphée à moi toute seule.

C'est ce que je qualifie de sommeil réparateur. C'est finalement la sonnerie de mon téléphone qui me réveille, un message dAoron. Rectificatif, un appel manqué et trois messages qui soulignent clairement son inquiétude et son impatience.

Que s'est-il passé ?

Le pique-nique... oh non ! quelle heure est-il ?

Émergeant complètement, je remarque qu'il est onze heures et quart. J'ai autant dormi ? Et, sur le canapé ? Je vais sûrement avoir mal partout les jours à venir, mais le jeu en valait la chandelle. Heureusement que je n'avais pas prévu travailler aujourd'hui. Sans faire attendre mon ami encore longtemps, je me prépare et me mets en route.

Assise, le vent dans les cheveux, les doigts caressant l'herbe délicatement, j'admire la beauté de la vie, la splendeur du paysage et l'authenticité des rires que j'entends par-ci par-là. Il y a de la Pizza, des fruits de mer et des burgers. La définition même du paradis en ce qui me concerne. Il me connait si bien.

Une si belle journée.

Les heures passent, découlent, tels les flots du littoral, fuient comme eux-mêmes à la recherche du bonheur. Bonheur instable et addictif. Du calme. Calme à la fois présent et absent.

Par-delà sa cruautéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant