Chapitre 58

24 1 0
                                    

La tranquillité est une utopie. Même cette grande salée, aussi silencieuse soit-elle, n'est qu'illusion. Elle n'est calme qu'en surface. Tout le contraire de moi.

En cette nuit, pour la deuxième fois depuis que je me suis promis de vivre, l'homme que je cherche tant à oublier est venu à moi. De quel droit ?

—Apparaître devant moi chaque fois que je vais mal, comme le ferait un prince charmant. Tu n'as pas le droit Dylan. Tu détruis l'image que je me fais du majestueux prince. Tu Tu n'as rien d'un prince charmant. Tu n'es même pas le beau et impitoyable méchant de l'histoire de ma vie. Toi, tu n'es qu'un simple figurant, un connard. Dis-moi, pourquoi es-tu là ?

...

—Bien sûr, tu ne peux pas répondre. Tu me suis ?

—Non. Fait-il comme seule réponse, ce qui confirme le fait qu'il n'est pas atteint d'une surdité soudaine, mais qu'il a volontairement choisit d'ignorer ma question précédente.

—Comment m'as-tu trouvé ? Et ne me dis pas qu'il s'agit d'une coïncidence. Je ne crois pas aux coïncidences.

—Je t'ai vu marcher et je t'ai suivi.

Il m'a vu marcher et il m'a suivi. C'est logique. Bordel, de quelle logique s'agit-il ? Pourquoi suivre quelqu'un que l'on déteste en pleine nuit ? Pour le tuer ? Cette pensée en tête, je l'interroge d'une question quoique stupide.

—Pourquoi me suivre ? Es-tu venu me noyer dans l'eau de la mer ?

—Je n'ai pas spécialement envie que tu crèves, déclare-t-il dans un ricanement.

—D'accord, alors pourquoi ?

—Je ne sais pas.

—Ah, je vois. Tu essaies d'appliquer ce stupide concept du « Suis moi je te suis/fuis-moi je te suis » avec moi. Honnêtement, c'est à la fois égoïste et stupide. Pourquoi ne veux-tu pas comprendre ? J'en ai marre ! De toi, de ton comportement contradictoire. De vous tous.

J'ai froid.

Je veux qu'il parte, qu'il me laisse la possibilité de l'oublier. Est-ce demander la lune au soleil ? Je ne crois pas non. Néanmoins, ce souhait ne sera pas réalisé de si tôt. Dylan, fidèle à lui-même, fait l'opposé de ce qui lui est demandé. Il se place face à moi, s'assoit lui aussi sur le sable et demande :

—Tu me détestes ?

Je me suis posé la question à de nombreuses reprises et de bien des manières. La réponse reste inchangée. C'est un non irrévocable. J'y arriverai sans doute dans le futur. Quand je finirai vieille fille entourée de mes futurs chats : vanille, Muy et Cookie. Vous croyez que c'est trop trois chats ?

Je sors finalement de mes divagations et lève le regard vers cet odieux personnage devant moi et réponds avec un sourire.

—J'aurais bien aimé oui, mais c'est plus difficile que prévu.

Lui me fixe sans un mot. Impassible, il me scrute avec attention et arque finalement un sourcil. Je le sens alors contrarié.

—Qu'est-ce que t'as foutue putain ?! cingle-t-il en glissant sa paume sur ma joue.

Sa main est si chaude, ça fait un bien fou. Je ferme les yeux et frotte ma joue contre cette source de chaleur qui m'est si gentiment prêtée.

Dit donc, tu ne serais pas en train de nous faire une rechute ? me marmonne la voix de la raison.

Je ne suis pas aussi idiote.

—Fais chier ! T'es froide ! tonne Dylan avant de me ramener contre son torse et de m'emprisonner dans une étreinte.

Froide ? Normal, je viens de me baigner.

Correction, tu viens d'essayer de te noyer.

Dans cette position irréelle, aucun de nous ne parle. Il resserre son étreinte et passe les doigts dans ma chevelure mouillée. Je respire calmement, et mon calvaire recommence. Une lutte intérieure pour ne pas craquer. Ça allait. J'ai subi cette gifle sans mots. Même quand j'ai entendu et écouté les dires tristement véridiques de papa, je me suis dit que c'était supportable. Et là, il me prend dans ses bras pour me réchauffer. Juste à cause de cet acte

Ne pleure pas. Garde un peu de fierté et d'amour propre. Ne pleure pas Ivy.

Décidée, je ne laisse aucune larme couler. Les yeux clos, je m'exprime :

—Tu aurais dû me dire de ne pas t'aimer, de ne pas espérer, de ne pas rêver.

Je le sens se crisper contre moi lorsque je prononce ces mots, mais je n'ai pas l'intention de perdre mon temps à essayer de déchiffrer ses réactions et son comportement.

—Je te ramène à la maison, propose Dylan en me libérant de ses bras.

—Maison. Je ne reviens pas avec...

—Je sais, je te ramène chez tes parents.

Non. Je ne veux pas y aller non plus. Pas là-bas.

—Conduis-moi chez ma copine, Ariana.

Sans attendre que je l'informe de la situation géographique de la maison de mon amie, il se relève, m'attrape par la main, s'empare de mes converses, et se dirige vers sa voiture garée plus loin.

—Dylan, fais-je dans un murmure. Arrête de venir me voir, laisse-moi souffler. Reste loin de moi.

Il s'arrête brusquement, respire un bon coup et resserre sa prise sur ma main avant de reprendre sa marche sans piper un mot.

J'ose espérer que ce sera la dernière fois qu'il fait irruption dans mon quotidien. Dans ma vie.

******
Question à 100 points !! 😁:
Pourquoi prendre soin d'une personne que l'on déteste ?

Par-delà sa cruauté Où les histoires vivent. Découvrez maintenant