Dylan

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La vie est belle, dit-on.

La vie est précieuse, constate-t-on.

La vie est un cadeau, nous mentent-ils. Un mensonge déguisé en vérité, qui s'est approprié ses traits. Un déguisement tel que l'on pourrait s'y méprendre.

Ha, ha, ha ! En vérité, la vie n'est rien d'autre quune combinaison de mensonges, de peines et de trahisons. Mais au fond, n'est-ce pas cela qui fait sa beauté ?

Elle est éphémère, fragile et se brise très facilement. Un simple mot dit ou un acte posé et tout est détruit, tout s'effondre.

Le temps passe et la vie s'échappe.

Il y a bien longtemps que la mienne m'a échappé. Je ne vis pas, j'existe. Je ne ressens pas, je n'éprouve pas. Je subis et je fais subir. Alors qu'est-ce que ça peut bien me faire d'avoir un frère ou non. N'en voulais-je pas un justement ? J'ai toujours eu peur de la solitude, pas de la solitude elle-même, mais peur de m'habituer à la solitude. Solitude que j'ai pourtant appris à connaître, à apprécier. Alors, dites-moi. Ai-je réellement besoin d'un frère ? Putain ! Mais qu'est-ce qui me prend à divaguer de la sorte depuis tout à l'heure !?

Un Un frère Putain ! j'ai un frère. Moi.

Je ne peux m'empêcher de me demander : comment s'appelle-t-il ? Où est-il ? Comment va-t-il ? Qui est-il ? Pourquoi n'avais-je aucune idée de son existence ?

Et cette partie de moi qui me dit de ne pas chercher de réponses. Qui me dit de simplement tout ignorer, de juste oublier.

La bête n'est pas enchaînée, mais demeure tranquille, calme. Comme si elle avait épuisé toutes ses forces.

Je ne suis pas frustré. Je ne suis pas peiné, sachez que je ne suis jamais peiné. Je ne suis pas en colère, retenez que pour une fois je ne suis pas furieux. Contre qui je pourrais bien l'être ? Père ? Cette femme ? Non. Je n'ai pas ce droit, c'est juste un tas de merde en plus que je dois nettoyer de mon esprit.

J'en ai assez de m'énerver, j'en ai assez de cette rage, de cette haine qui coule dans mes veines. Cette haine qui est pourtant mon essence. La vie se plaît cependant à tester la force de ma colère. Néanmoins, j'ai enfin compris pourquoi ma mère m'a laissé. Elle a juste choisi. Et ce n'était pas moi son choix. Elle a choisi de partir, de me laisser, de ne plus revenir. Elle a donc tout choisi sauf moi. C'est compréhensible, je ne devais pas être un choix bien judicieux. Rectificatif, je ne suis pas un choix judicieux.

Que va-t-il se passer à présent ? Rien. Comprenez bien que rien ne va changer.

Qu'est-ce que j'en ai à foutre de tout ce bordel qu'est mon passé ? Mon existence ? Juste regarder, être spectateur comme toujours. Je ne veux pas les chercher alors je ne risque pas de les trouver.

Jusque-là silencieux, voyant que je ne dis rien non plus. Hayden parle :

—Dydy, ça va ?

Lentement, je lève les yeux et le regarde. Il est pâle, comme s'il attendait que le ciel lui tombe dessus. J'ai un frère. Ce n'est que ça !

—Bien sûr, pourquoi ça n'irait pas ?

À ma réponse, il me regarde toujours suspicieux.

—Es-tu sûr d'être OK ?

—Nickel, mec, je réponds en me concentrant à nouveau sur mon plat.

Euh Que croyait-il qu'il allait se passer ? Que je pète les plombs ? Que je casse tout sur mon chemin ? Que je fasse un carnage comme j'ai l'habitude de le faire ? Que je fasse couler du sang ?

Par-delà sa cruauté Où les histoires vivent. Découvrez maintenant