Chapitre 59

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Le cœur a beau ignorer la raison, celle-ci l'aidera toujours à se remettre de chaque blessure. Telle une mère qui panse à n'en point finir les blessures de l'enfant entêté, l'esprit aidera toujours ce muscle stupide qu'est le cur à se relever.

Moi, la fille de Amélia MILLER, me remettrai de cette histoire. Allongée sur le lit d'Ariana, je travaille tout en tenant la discussion.

-Il ose m'abandonner. Moi ? Tu le crois ça ? répétait mon amie pour la énième fois de la soirée.

-C'est toi qui as rompu, je te rappelle.

-Il aurait pu me rappeler pour s'excuser. Franchement, après ce qu'il a fait.

Tu as ignoré ses appels Ariana.

-Oui, tu as totalement raison, il a quand même plongé ton roman dans un jus d'orange sans faire exprès. Fais-je ironiquement

-Ah ! tu vois ? Il a osé noyer Damen dans un jus d'orange ! déclare ma meilleure amie en me regardant d'un regard chagriné. Damen !!

Elle a de ces délires que je n'arriverai jamais à comprendre. Mais bon, il s'agit dAriana et j'adore ce brin de folie.

Amusé par le comportement de mon amie, je me surprends à sourire. Bon, jusqu'à ce qu'elle aborde un sujet tabou.

-Et de ton côté ? Comment se passe ta vie sentimentale ? me questionne-t-elle

Traduction en langage dAriana : As-tu enfin remplacé cet imbécile de Dylan ?

Je la connais trop bien.

-Je n'ai pas de vie sentimentale.

Je me promène, récolte des éraflures, et collectionne des cicatrices sous le regard amusé de ma raison. Parlé de cela, arrive toujours à me miner le moral.

Qu'est-ce que je raconte encore comme bêtise moi ? J'ai plus important à faire que de m'apitoyer sur mon sort. Ce n'est pas envisageable.

-Tu viens avec moi ?

-Est-ce une question ou une affirmation ?

-Une affirmation. Ça fait trois jours que t'es là. Et c'est boulot, maison et dodo. Ce n'est pas une vie ça.

Je m'en doutais. Mais bon, une sortie ne me fera pas de mal. Je me demande où elle m'emmène cette fois.

-Fais-toi belle bébé ! on va s'amuser à l'enterrement de vie de jeune fille de Kylie ! déclare la fautrice de trouble avant que je n'aie le temps de poser la question.

Que vient-elle de dire ?

Je me relève brusquement et la fixe. Je parviens à peine à masquer ma surprise. Un enterrement de vie de jeune fille ?

-Dis-moi Ariana, d'où tiens-tu l'idée d'amener ta meilleure amie qui vient de rompre à ce genre de célébration ?

Tu n'as pas rompu. Pour cela il faudrait être dans une relation.

-Ma meilleure amie ? C'est toi que j'amène à cette fête, pas Angie.

J'envoie l'oreiller en plein dans sa face afin qu'elle intègre une bonne fois pour toutes qu'une star, ça ne se compte pas comme meilleure amie. Une célébrité à qui on a déjà adressé la parole, je veux bien, mais Angélina Jolie, ça ne compte pas. Elle a le don de me faire rire celle-là. Mon geste la fait s'éclaffer plus qu'autre chose. Elle me rejoint dans le lit et m'encourage à l'accompagner, toujours enthousiaste quant à l'idée d'aller « S'amuser ».

-Aller, Ivy ! viens !

Comment suis-je censée dire non à une bouille pareille ?

-D'accord ! D'accord, je viens. Prépare-toi et on y va.

-Je suis déjà prête. Tiens, ta tenue.

Prête ? Ha, ha, ha, ha !! Prête. Elle est tout sauf « Prête ».

Je soulève le morceau de tissu qu'elle vient de me lancer incrédule quant à ma dite « tenue ». C'est une blague ?

-Ariana, corrige-moi si je me trompe, mais ça, c'est une nuisette. De la lingerie. Tu sais, les morceaux de tissu qu'on porte pour dormir.

-Ivy, c'est un enterrement de vie de jeune fille, me répond-elle calmement comme s'il s'agissait d'une évidence. On sera cinq à porter cette tenue. Et ça, ce n'est pas de la lingerie. Elle n'est ni transparente ni faite uniquement de dentelle.

Encore heureux.

-Dépêche-toi de t'habiller ! insiste cette tortionnaire qui me fait office d'amie.

J'ai quand même un doute.

Il faut s'amuser de temps à autre, tu sais ?

Oui, allons nous amuser.

Regonflé à bloc sans raison, je m'éjecte du lit, m'habille rapidement tout en réfléchissant à la raison pour laquelle aller à l'enterrement de vie de jeune fille d'une inconnue avec des inconnues était une idée réfléchie.

Ariana n'est pas une inconnue.

D'accord, une amie et des inconnues.

Rappelez-moi. Pourquoi ai-je suivi cette folle ?

Debout devant cet immeuble qui ne peut qu'attirer l'attention, je suis sans voix. Oh ! je vais la tuer. Prenant une grande inspiration afin de garder mon calme, je me tourne vers Ariana tout sourire et demande :

-Dis-moi Ari, lorsque tu m'as invité à venir assister à « cette soirée spéciale » organisée en l'honneur de ta collègue, habillée dans cette tenue très spéciale, il ne t'est pas venu à l'idée de mentionner que nous nous rendons dans une boite de nuit très huppée ?

Par-delà sa cruauté Où les histoires vivent. Découvrez maintenant