Dylan

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Environ 8 milliards de personnes dans le monde, 600 espèces de serpents venimeux, une cinquantaine de scorpions qui file la crève, un grand nombre de meurtriers sanguinaires et des psychopathes à n'en point finir. Évidemment, parmi tout ce beau monde, il a fallu que je tombe sur ce connard aujourd'hui. Il a fallu que la première chose que je vois en sortant du bureau soit la gueule de cette ordure.

—Salut frangin ! qu'il m'a sorti.

Aoron.

J'ai envie de le buter.

Un sourire aux lèvres, adossé à ma caisse, il semblait m'attendre.

—Qu'est-ce que tu me veux HUNDERSON ?

—Moi, rien. Je suis juste venu leur éviter une perte de temps.

Je pourrai fracasser son crâne avec le morceau de pavé déposé à quelques mètres de moi, le percuter en plein fouet avec ma caisse, ou encore lui enfoncer le morceau de fer du panneau publicitaire dans l'sophage. Tant d'idées de meurtre en tête, je le laisse causer seul.

—Dylan, tu m'écoutes ?

—Non, pas vraiment. Je suis en train de m'imaginer commettre un meurtre. Ton meurtre.

—Très original en effet.

—Sérieux, qu'est-ce que tu me veux Aoron ?

Plongeant ses mains dans ses poches, avec un rire rauque, il m'annonce :

—Je suis un JONES.

Ouais, il est complètement shooté en fait.

—Mec, t'aurais pas consommé sans sécher ?

—Sérieusement Dylan, ton chien de garde me suit depuis des jours. Ton ex-fiancée s'y met à son tour et m'invite à diner dans le but de voler un couvert avec lequel j'ai mangé, pour ensuite rendre quotidiennement visite à ma folle de mère. C'est assez agaçant mec. Alors je vais te dire ce que vous semblez chercher avec tant d'ardeur. Je suis ton demi-frère.

C'est quoi ce foutoir ? J'ai la tronche de quelqu'un qui apprécie les blagues à deux balles ? Il a vraiment envie de crever lui.

—Ha, ha, ha, ha !! Mec, ne me fait pas chier.

—Je suis le fils de Sienna EVANS et de Alexander senior JONES : ton demi-frère.

—Carrément. Tu affiches ta tronche devant moi, m'annonces que t'es mon frangin disparu et t'espères que je vais avaler ces conneries ? Aoron, ne me prends pas pour un attardé.

—Quoi ? N'es-tu pas content de retrouver ton frère ?

—Je ne fais pas dans le sentimental.

—Je l'avais remarqué, oui. Tu crois que je mentirai sur pareil sujet ?

—Franchement, je m'en branle. Toutefois, pourquoi maintenant ?

—Quoi ?

—Pourquoi venir me dire tout ceci seulement maintenant ?

—Tout simplement parce qu'il est temps que je récupère tout ce qui m'appartient en tant que fils aîné.

Bordel, tout cela commence à devenir intéressant. Très intéressant.

Décidé à continuer la conversation, je m'installe sur le capot avant de ma bagnole juste à côté de lui, distance appropriée pour lui envoyer mon poing en pleine gueule si l'envie me prend, et le questionne :

—Et qu'est-ce qui t'appartient ?

—Tout ce qui t'appartient. Le nom que tu portes, père, tes parts dans l'entreprise familiale, le renommé, Ivy. Tout.

Je ne tiens pas spécialement à ces quatres choses qu'il vient de mentionner, mais je suis en rogne. L'hémoglobine qui imprègne ma carcasse monte à 100 °C. Mes mains se crispent.

—Cool, j'avais justement besoin de me débarrasser des déchets qui m'encombrent.

—Ah oui ?

—Hum. Mais dis-moi, penses-tu pouvoir y arriver ?

—Jusqu'ici je ne me suis pas mal sorti. Détourner les fonds de ton entreprise et manipuler SMITH de même que ta fiancée était un jeu d'enfant. Ah oui ! j'oubliais, ton ex-fiancée.

—Qu'est-ce que tu viens de vomir !?

—Je me présente convenablement : Aoron JONES pour te servir. Tu peux aussi m'appeler J. J comme JONES.

—Ha, ha, ha !!! Toi, je vais me faire un plaisir de te buter. Mais avant de t'envoyer faire la connaissance des ancêtres, dis-moi, pourquoi sortir de l'anonymat ? J a toujours été prudent et méticuleux.

—J'en avais marre de me cacher derrière un écran. Je veux aussi te donner l'opportunité de mettre un visage sur la personne qui va tout te prendre. Dylan Alexander Junior JONES, tout ce qui t'a appartenu, m'appartiendra un jour. Même elle.

Il est complètement allumé ce mec.

Avec un sourire et une lueur dans le regard, il ajoute :

—Si elle n'est pas à moi, elle ne sera à personne.

À ses dires, je saute à pieds joints et descends de la caisse, l'agrippe par le col avec un seul envie : fracasser son crâne avec mes poings.

Calme-toi, ducon. T'es devant ta société. Et souviens-toi, un crime frôle la perfection lorsqu'il n'y a pas de témoins. Pas de témoin. C'est la base.

J'ai beau essayer de retenir ma colère, mes mains trouvent naturellement leur place autour du cou de l'autre imbécile.

—Tu veux le même nom de famille que moi ? C'est ton problème. Tu veux papa ? Prends le tout entier. Mes parts dans l'entreprise familiale ? Je m'en branle. Mais elle. Tu la touches, je t'enterre. Je ne plaisante pas frangin.

Mes dires ne le troublent pas plus que ça, satisfait d'avoir percé mon point faible, il sourit.

—Intéressant. Dylan, sous le charme d'une femme. J'en prends note.

—Ne raconte pas de bêtises.

Des bêtises ? T'as intérêt ducon.

Je reprends tant bien que mal mon calme, expire fortement par la bouche et le fixe. Alors comme ça il a décidé de foutre ma vie en l'air à cause de l'irresponsabilité de père. C'est tripant.

Jusqu'où es-tu allé dans ce jeu ? Jusqu'où es-tu allé avec SMITH ? Et surtout :

—Tu l'as buté ?

—Qui donc ?

—SMITH ?

—Non. Ce meurtre joliment maquillé en suicide est plutôt l'uvre d'une personne que tu connais. De ta famille. Proche de toi. Je ne t'en dirai pas plus. Déclare-t-il avant de se retourner et de s'en aller.

Adrian ?

Rien de tout ce que ce connard vient de m'apprendre n'a de l'importance. Rien. Une seule évidence demeure : aucun d'eux ne me connaît réellement. Ni Adrian ni Aoron.

Le sursis de cinq mois vient d'être revu en baisse. Annuler. Un Conseil Adrian, cache-toi avant que je ne te trouve.

Frangin, cousin, le lien du sang ne vous protègera pas de moi. Ça non.

On va jouer. Oh oui ! on va s'amuser. Et je vais m'assurer de prendre mon temps.

Par-delà sa cruautéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant