Dès que je pose pied dans mon manoir, je monte à mon bureau.
Je claque la porte derrière moi, marchant d'un pas raide jusqu'à mon fauteuil.
Je détache mon veston et le jette sur un canapé qui traine non loin, n'y parvenant qu'ensuite.
Je m'assois lourdement dans mon siège, me servant aussitôt un whisky avec glace.
Je bois une bonne gorgée de mon verre et soupire de contentement lorsque je sens le liquide ambré descendre dans ma gorge.
La brûlure qu'il me procure est plus que bienvenue et je prends aussitôt une seconde goulée pour entretenir cette chaleur familière.
Je me calle plus profondément dans mon fauteuil, prenant une grande inspiration pour me calmer.
Cela ne fait même pas une heure qu'elle travaille pour moi que, déjà, elle me tape sur les nerfs.
Je me mets à fixer l'horloge grand-père qui repose dans un coin de la pièce sans trop savoir pourquoi.
Mes doigts pianotent sur le bois poli de mon plan de travail, alors que je prends mon mal en patience.
Je ne suis pas un homme patient, je ne l'ai jamais été.
Mais en ce moment, je suis forcé d'attendre.
Pour m'occuper l'esprit, je sors un dossier d'un tiroir et me mets au travail.
Toutefois, je regarde l'heure toutes les deux minutes, ne pouvant pas m'en empêcher.
Je finis donc par renoncer, mon esprit étant trop déconcentré pour arriver à faire quoi que ce soit.
Joe ne devrait maintenant plus tarder à me donner un compte rendu de la vie entière de cette femme méprisable.
Je jubile déjà à l'idée de lui annoncer que je connais tous ses petits secrets, de les lui énumérer lentement, froidement, de voir la peur se peindre sur son joli visage, s'amplifier à chaque mot que je prononcerai.
Ce n'est qu'à ce moment que je serai réellement satisfait, quand il me suffira d'ouvrir la bouche pour la faire trembler, quand je la tiendrai entièrement sous mon contrôle.
Lorsque l'on cogne à la porte, je m'empresse d'accepter le visiteur.
Toutefois, ce n'est pas celui que j'espérais voir entrer.
Je cache donc ma déception à Mathilda, m'efforçant également de ne pas lui démontrer mon impatience.
Je me racle la gorge, me redressant dans mon fauteuil.
— Un souci ? demandais-je en haussant un sourcil.
— Aucun, je voulais simplement savoir si vous aviez des demandes spéciales pour les repas d'aujourd'hui.
— Non, je vous laisse la liberté de choisir.
Elle hoche la tête et ferme doucement derrière elle, allant probablement en cuisine.
Je soupire et me ressers rapidement un verre, ayant grandement besoin de me détendre.
Je le bois d'un trait avant de le claquer sur la surface de mon bureau, le sentant brûler ma gorge pendant la descente.
Ma patience commence sérieusement à atteindre ses limites, je ne sais pas combien de temps je pourrai encore attendre.
Mais, heureusement, à peine une minute plus tard, on cogne de nouveau.
J'autorise le visiteur dans l'espoir que cela soit celui désiré et suis ravi de constater que c'est enfin le cas.
Mon gouverneur entre dans la pièce, un dossier bien trop maigre à mon goût dans sa main.
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Secret d'État
RomanceJe savais que ce jour viendrait. Je ne l'espérais pas, mais je le savais. Au plus profond de moi. Parce qu'ainsi isolée des miens, je deviens une proie facile et je ne suis que trop consciente que c'est tout à son avantage. Je lui servirai à assou...