Il ne me faut qu'un moment avant de me faire au fort éclairage, un éclairage que j'affectionne particulièrement.
Aveuglant et brûlant, mes jouets la déteste.
Je m'arrête à l'entrée de la pièce, regardant avec dédain l'homme que j'ai demandé à voir, Léopold Lenoir.
Ses cheveux bruns sont devenus gras et sales par le temps, ses yeux sont bandés d'un foulard noir et un énorme hématome marque une partie de son front.
Un ruban adhésif d'électricien lui couvre la bouche et une barbe de plusieurs jours agrémente son menton, s'étendant jusqu'à ses joues.
Ses poignets sont liés au bras de la chaise sur laquelle il repose, ses chevilles à ses pattes.
Sa taille moyenne et son petit ventre bedonnant sont recouverts d'une combinaison orange déchirée par endroits, tâchée par d'autres.
Je détaille attentivement le prisonnier, celui-ci ne semblant pas encore avoir eu vent de notre présence.
Il ne parait même pas conscient.
Sa tête est inclinée vers l'avant, comme s'il dormait.
Et si c'est le cas, cela ne le sera plus pour longtemps.
Je m'avance à grand pas dans la salle, ne me souciant pas du bruit que je peux procurer.
Je m'arrête devant lui, Joe se chargeant d'arracher le bandeau qui lui couvre la vue avant de venir se placer légèrement en retrait derrière moi.
Il s'éveille en sursaut, jetant des regards hagards partout autour de lui.
Lorsque ses yeux se posent sur moi, une expression de terreur se peint sur son visage.
Parfait.
Un sourire cruel anime mes lèvres, ses yeux s'arrondissant.
Il tente de parler, mais ses mots meurent avant même de pouvoir être entendu, son bâillon les étouffant.
Je le coupe dans son affolement, mes propres paroles ayant pour effet de le faire taire.
— J'ai un petit problème qui, je crois, vous pourrez résoudre pour moi.
Il me regarde fixement, en attente.
Au départ, surpris, une étincelle de curiosité pointe désormais à travers ses prunelles sombres de peur, une attention décuplée m'étant accordée.
— Voyez-vous, j'ai engagé quelqu'un récemment... Quelqu'un qui me cause des ennuis, terminais-je froidement en serrant la mâchoire, son petit air supérieur me revenant en mémoire, me narguant.
Il pâlit sous mon ton, déglutissant.
J'ignore sa réaction et enchaine.
— J'ai des questions dont vous connaissez probablement les réponses et je ne crois pas avoir besoin de vous dire ce qu'il vous attend si vous refusez de coopérer, dis-je en lui jetant un regard entendu.
Il secoue rapidement la tête à la négative, mais je n'avais pas besoin de confirmation.
Je le savais déjà.
J'arrache sèchement son bâillon, l'ancien prisonnier grimaçant par la rudesse de mon geste.
Toutefois, il ne laisse pas cela le ralentir, s'exclamant précipitamment d'une voix éraillée dans le désir de plaire.
— Tout ce que vous voudrez ! Dites-moi de quoi il s'agit et je vous aiderai ! clame-t-il d'une voix presque suppliante.
Un sourire amusé prend forme sur mes lèvres, alors que je me divertis de ses réactions, des réactions que bien d'autres ont eu avant lui.
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Secret d'État
Lãng mạnJe savais que ce jour viendrait. Je ne l'espérais pas, mais je le savais. Au plus profond de moi. Parce qu'ainsi isolée des miens, je deviens une proie facile et je ne suis que trop consciente que c'est tout à son avantage. Je lui servirai à assou...