Secret d'État

Chapitre 54 : Explications ✔️

Ses parents et son frère.

Tous trois morts.

Et leurs choses sont dans cette pièce.

Cette même pièce dans laquelle je me suis infiltrée sans autorisation, comme une cambrioleuse.

Tout à coup, je me sens comme si j'avais violé son intimité.

Je n'ose imaginer ce que j'aurais fait si une inconnue aurait eu le cran d'entrer dans l'endroit qui lui est dédié à elle.

Nul doute, ça m'aurait foutu en rogne.

Et pas qu'un peu.

— Je suis désolée. Je ne savais pas, murmurais-je en baissant les yeux.

Son regard me semble maintenant beaucoup trop lourd à supporter.

L'ambiance devient soudainement étouffante, comme si le sujet était quelque chose de sacré, d'interdit.

— Surprenant que quelque chose puisse t'échapper et encore plus que tu saches t'excuser, dit-il finalement d'un ton moqueur, voulant détendre l'atmosphère.

Un petit sourire en coin marque mes lèvres, reconnaissant que je l'ai bien mérité celle-là.

Une main quitte ma hanche, alors qu'un de ses doigts se pose sous mon menton, me forçant à relever la tête, à croiser ses iris.

— Mais ce que j'aimerais bien savoir c'est, pourquoi tu t'intéresses à cet homme ?

Je peux sentir que je me renfrogne aussitôt, ne souhaitant pas qu'il se mette à farfouiller.

Je savais bien que je courais ce risque en lui posant directement la question, mais je n'ai pas pu m'en empêcher.

Je sais que même s'il fait une recherche sur lui, il ne trouvera pas grand-chose, voire rien.

Mais cela pourrait lui suffire pour former des liens, des liens qui se doivent de rester cachés aux yeux de tous.

— Cela ne te regarde pas, dis-je sur la défensive.

Il éclate de rire, comme s'il venait d'entendre une bonne blague, alors que je le fusille du regard.

— À la seconde où tu as fouillé dans mes choses, c'est devenu de mes affaires, dit-il en reprenant aussi vite son sérieux que lorsqu'il l'a perdu.

Je ne dis rien, me contentant de le trucider de mes yeux.

S'il est intelligent, il va comprendre qu'il ferait mieux de laisser tomber le sujet.

Pour lui, comme pour moi.

Ce n'est pas une bonne idée de s'intéresser à Angelo Russo.

Une très mauvaise idée.

Et disons que je n'ai pas spécialement envie qu'il constate les conséquences que sa curiosité pourrait lui apporter.

— On est de nouveau muette ?

Je place mes mains contre son torse et le pousse pour passer, mais il ne cède toujours pas.

S'il tient à me rendre folle, il est bien parti.

J'échappe un petit grognement de rage avant de passer furieusement mes doigts dans ma chevelure, tentant de me contenir.

Je laisse passer un soupir las d'entre mes lèvres avant de lui refaire face.

Ses cheveux sont en bataille, ses vêtements légèrement froissés par ma faute et ses yeux d'un bleu glacial ne me quittent pas un instant.

— Tu ne devrais pas t'intéresser à un homme dans son genre, murmurais-je finalement.