Je ne prends pas la peine de cogner avant d'entrer et ouvre la porte à la volée.
Je la claque dans mon sillage, les faisant tous deux sursauter à l'unisson.
Ils lèvent des yeux surpris vers moi, alors que je garde une expression de glace.
Je m'avance à pas mesurés vers eux, retenant la rage qui nait tranquillement en moi, prenant un peu plus d'ampleur à chaque enjambée.
Dès qu'il me voit, M. Prévost reprend contenance avant de m'inspecter de haut en bas.
Ce n'est qu'alors que je prends conscience de n'être encore vêtue que de simple cuissard et d'un top de sport avec en plus une serviette drapée sur mes épaules.
Il hausse un sourcil, mais ne fait aucun commentaire désobligeant, à mon plus grand soulagement.
Je marche jusqu'à lui et appuie mes deux paumes sur la surface de son bureau, me penchant sur celui-ci.
— Que faisait Marjorie Tremblay ici ? questionnais-je sans attendre, voulant autant détourner son attention persistante de mon habillement qu'obtenir des réponses.
Il encre ses magnifiques yeux bleus aux miens, m'hypnotisant.
Nos regards sont rivés l'un à l'autre, se défiant, chacun refusant de céder la moindre parcelle de terrain.
Après un moment, il daigne enfin me répondre.
— Pourquoi cela vous intéresse-t-il ?
— Je suis votre garde du corps, l'auriez-vous oublié ? Je dois être informée de chaque visiteur et il doit y avoir au moins l'un de nous pour le surveiller. Je n'étais pas là et, à ce que je sache, Félix non plus. Il n'y avait que vous et Joe avec cette parfaite inconnue. Qu'auriez-vous fait si elle s'était avérée être une tueuse envoyée par vos poursuivants pour mettre fin à vos jours ?
— Je suis toujours vivant, non ? Cela ne vous suffit-il pas ? rétorque-t-il avec agacement.
Il s'adosse arrogamment au dossier de son fauteuil en cuir, me fixant avec une étincelle d'irritation.
— Non, cela ne me suffit pas. Répondez à ma question.
Il plisse les yeux, n'appréciant aucunement l'ordre que je viens de lui lancer.
— Ne me dites plus jamais quoi faire, réplique-t-il sèchement, ne m'obéissant qu'ensuite. Ce n'est qu'une femme. Qu'aurait-elle bien pu me faire de si grave ? Je doute qu'elle serait parvenue à me tuer.
J'ai envie de rire de sa naïveté, mais l'insulte qu'il destine aux femmes m'en empêche.
Parce qu'après tout, j'en suis une, moi aussi.
Et il semble oublier à quel point je peux être dangereuse.
— Vous n'êtes pas invincible. Un simple tir entre les deux yeux, et déjà, vous n'existez plus. Cela peut se produire à tout moment, par n'importe qui. N'oubliez pas que les attaques se produisent bien souvent dans les moments où l'on ne s'y attend le moins, par les personnes que l'on ne soupçonnerait jamais.
Je laisse un moment passer, le fixant gravement de mon regard émeraude.
— Une femme fait une bien meilleure tueuse qu'un homme, vous savez ? Pour la simple et bonne raison que vous nous sous-estimez sans cesse, que l'on ne représente pas une menace à vos yeux. Et il s'agit peut-être là de votre plus grande erreur.
Il ne dit rien, mais la contraction imperceptible de sa mâchoire me démontre que j'ai atteint son orgueil.
Comme pour me le prouver encore davantage, il se redresse dans son fauteuil, se levant et repoussant ses épaules vers l'arrière en bombant le torse.
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Secret d'État
RomanceJe savais que ce jour viendrait. Je ne l'espérais pas, mais je le savais. Au plus profond de moi. Parce qu'ainsi isolée des miens, je deviens une proie facile et je ne suis que trop consciente que c'est tout à son avantage. Je lui servirai à assou...