Chapitre 40 : Mise au point ✔️

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Sa main est posée contre ma taille, l'autre tenant la mienne.

Son toucher me dégoûte, mais je fais comme si je m'amusais.

Je suis le rythme de la musique, me laissant guider par M. Vidal.

Je conserve un sourire poli, alors qu'il me débite un interminable monologue sur son succès et lui-même, m'ennuyant profondément.

Le coin de ses lèvres se soulève progressivement un peu plus, alors qu'il me détaille avec avidité, ne prenant même pas la peine de s'en cacher.

N'y pense même pas, bastardo.

Je réprime une grimace et détourne le regard, souhaitant éviter de lui dévoiler mes pensées.

Je remarque alors mon cavalier, ses yeux braqués intensément sur moi, l'expression impassible.

Alors, ma douce, est-ce que tu t'amuses ?

À la folie ! dis-je en lui faisant mon plus beau sourire d'hypocrite.

Ses lèvres se courbent en un geste appréciateur, avant qu'il ne se penche vers moi, son souffle chauffant désagréablement mon oreille.

Je retiens un mouvement de recul, détestant le sentir aussi près.

Passe la nuit avec moi, ce soir. Je t'assure qu'il n'en saura jamais rien. Tu peux me faire confiance, me murmure-t-il.

Mon corps se raidit, exécrant les mots que je viens d'entendre.

Je sais bien que j'ai dit vouloir baiser, mais ce ne sera certainement pas avec une ordure comme lui.

Voyant mon silence, il se décolle légèrement, examinant mon visage en quête d'une réponse.

Alors que je m'apprête à refuser, une voix familière vient m'interrompre.

Tu permets ? demande-t-elle sèchement.

Je me tourne, rencontrant le regard mauvais que destine M. Prévost à Cendrick.

Il enlève lentement ses sales pattes de moi, une faible étincelle de peur brillant faiblement dans ses prunelles, redoutant probablement qu'il l'ait entendu.

Il déglutit avant de s'enfoncer dans la foule, l'air beaucoup moins courageux qu'il ne le faisait croire quelques minutes auparavant.

Un raclement de gorge attire mon attention, la ramenant sur mon accompagnateur.

M'accorderais-tu cette danse, Ana ?

Je reste déconcertée un instant, surprise de l'entendre m'appeler par mon prénom, qu'il me tutoie.

Je reprends toutefois vite contenance, comprenant qu'il ne fait que jouer son rôle.

Malgré tout, je ne peux m'empêcher de ressentir une pointe de je ne sais quoi dans l'estomac, ceci n'étant cependant pas désagréable.

Au contraire.

C'est la première fois qu'il m'appelle Ana.

La manière qu'il a de prononcer mon prénom, dont il roule sur sa langue, j'adore.

Je lui souris amoureusement, ne quittant pas mon personnage non plus, et prend la main qu'il me tend.

Avec joie.

Il me tire contre lui, positionnant ses mains exactement comme le faisait son rival plutôt.

Je déglutis, appréciant un peu trop cette proximité à mon goût.

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