Il cligne quelques fois des yeux, peinant à croire ce qu'il entend.
Je dois dire que je suis moi-même surprise.
Je n'aurais pas cru que je fournirais un jour une réponse à ses questions trop curieuses.
Une réponse honnête en plus de t'ça.
Il fouille mon regard, voulant probablement s'assurer que je ne lui mente pas.
Je le laisse faire, mais aussitôt qu'il est rassuré, je me détourne vers la fenêtre.
J'inspire profondément, doutant encore.
Est-ce que c'était une bonne idée ?
Certainement pas.
Est-ce que je regrette ?
Pas vraiment.
J'en ai marre de devoir conserver tous ces secrets, de ne rien pouvoir dire à qui que ce soit par crainte que mon identité ne soit révélée.
Mais aujourd'hui, cela n'a plus vraiment d'importance.
Il sait où je suis et nous tuera dans peu de temps.
Je ne me fais pas d'illusion, je sais que je vais souffrir.
Je sais qu'il me torturera, probablement même sous ses yeux.
Et tout ça, rien que par vengeance.
Une vengeance qui ne me concerne qu'à cause de mon nom de famille, de mes origines.
Une vengeance dont je croyais naïvement que j'allais être épargnée.
Tous ce que j'ai refoulé et tenté d'effacer en quittant mon pays me revient à la figure, huit ans plus tard.
Ça me suivra toute ma vie, où que j'aille, quoi que je fasse.
— Êtes-vous italienne ?
Je fixe le paysage, laissant le silence répondre pour moi.
S'il est un tantinet intelligent, il comprendra par lui-même.
— Pourtant, vous ne leur ressemblez pas...
Je retiens un rire, nullement surprise de ses paroles.
Combien de fois me l'a-t-on sorti celle-là ?
Combien de fois a-t-on douté de mes dires parce que mon physique ne correspondait pas ?
Combien de fois m'a-t-on demandé si j'avais été adoptée par des Italiens et que c'est pour cela que je me proclamais comme tel ?
Un nombre incalculable de fois.
— L'origine ne définit pas toujours les apparences, dis-je en lui coulant un regard de biais. Allez-vous enfin me laisser partir maintenant que vous savez cela ?
— Non, j'ai beaucoup trop de questions, dit-il distraitement, m'examinant à tatillon comme s'il s'agissait de la première fois qu'il me voyait.
Sérieusement ?
Ma mâchoire se contracte sous mon impatience grandissante et je peux voir qu'il le remarque, lui aussi.
Néanmoins, cela ne l'arrête pas, à mon plus grand désarroi.
— À qui parliez-vous ?
— Une connaissance, dis-je vaguement.
Il hausse un sourcil, sceptique.
Il ne va tout de même pas recommencer à douter de moi, si ?
Comme il peut être exaspérant.
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Secret d'État
RomantizmJe savais que ce jour viendrait. Je ne l'espérais pas, mais je le savais. Au plus profond de moi. Parce qu'ainsi isolée des miens, je deviens une proie facile et je ne suis que trop consciente que c'est tout à son avantage. Je lui servirai à assou...