Chapitre 43 : Fatigue VS détermination ✔️

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Je n'ai jamais eu peur de tuer.

Encore moins lorsque ma propre vie était menacée.

Mais cela faisait si longtemps, si longtemps qu'il n'y avait pas eu de cadavre à mes pieds.

Des cadavres que j'avais moi-même créés.

J'aurais beau prétendre que cela ne me faisait rien, que j'y étais habituée, je saurais au fond de moi que j'ai tort.

On ne peut jamais totalement se faire à ce genre de choses, pas lorsque nous avons un semblant de cœur.

Malgré la douleur épouvantable qui ronge mon corps, je me relève, mes mains prenant appui contre un évier.

Je me hisse sur mes deux pieds non sans peine, les jambes chancelantes, des gémissements de souffrance franchissant mes lèvres.

L'esprit légèrement embrumé, je fais quelques pas vers l'évier qui contient mes talons, les ramassant et crachant le sang qui inonde ma bouche dans celui-ci.

Je remarque au passage mon reflet dans le miroir, un mouvement de recul me saisissant.

J'ai la lèvre fendue, des débuts de bleus partout sur le visage, la trace de sa main qui apparait lentement contre ma gorge.

Mes cheveux sont en bataille, des coupures strient ma peau, du sang la maculant.

Je ferme une seconde les yeux, voulant effacer toutes les horreurs de la soirée de mon être, mais c'est impossible.

Elles resteront à jamais gravées dans ma mémoire.

Je titube vers la porte, me tenant les côtes.

Je peine à la déverrouiller et encore plus à l'ouvrir, sa lourdeur surpassant presque la force qu'il me reste.

J'erre tel un fantôme dans le couloir silencieux, complètement désorientée.

Je dois sortir avant que l'on me trouve dans cet état.

Je dois sortir d'ici.

C'est tout ce que je me répète, encore et encore, alors que je déambule à l'aveuglette dans l'immeuble.

Je finis après plusieurs minutes qui m'ont parues durer des siècles à trouver une porte qui me mène à l'extérieur, me jetant dans la nuit noire et froide.

J'atterris à l'arrière de l'hôtel, dans le parking privé.

Dès que le vent mordant touche ma peau, je frisonne et gémis ensuite, la douleur ne me laissant aucun répit.

Joe.

Il faut que je trouve Joe.

Je cherche des yeux la voiture dans laquelle je suis arrivée, sachant qu'il s'y trouvera.

Je repère un véhicule semblable à lui et m'y dirige d'un pas chancelant, les roches écorchant sans pitié la plante de mes pieds.

Je manque plusieurs fois de perdre l'équilibre et de m'écrouler contre le sol, mais parviens chaque fois à me retenir aux voitures qui m'entourent.

Je ne sais pas par quel miracle elles ne se mettent pas à hurler, mais je ne m'en plaindrai pas.

Ce n'est que lorsque je suis à côté de l'automobile que je me rends compte que ce n'est pas le bon, qu'une pâle copie de notre propre véhicule.

Je peux me sentir au bord des larmes, le désespoir et la rage se livrant bataille en moi, toutes les émotions de la soirée me rendant à fleur de peau.

J'ai mal à la tête, je la sens devenir de plus en plus lourde, toute réflexion est impossible.

Je laisse échapper un sanglot avant de plaquer mon poing contre ma bouche, le mordant.

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