Je la regarde partir en souriant à pleines dents.
Mais, étrangement, je ne ressens pas autant de plaisir à la faire souffrir que je l'aurais d'abord cru.
Pourtant, terroriser les gens est un de mes passe-temps favoris, je ne comprends pas.
C'est probablement parce que c'était trop facile, s'en était presque ennuyeux.
Sans un mot, je me détourne de l'escalier par lequel elle s'est enfuie et passe devant Joe pour entrer dans mon bureau.
— Vous y êtes allé un peu fort, vous ne trouvez pas, Monsieur ?
Je ne m'arrête qu'une seconde pour considérer sa question avant d'en arriver à une conclusion.
Non, je n'y peux rien si son propre passé la terrifie, si elle n'est pas capable de l'assumer.
Ce n'est pas de ma faute si elle est une âme sensible et ne peut se résoudre à accepter ce qu'elle a fait avant de venir au Canada.
D'ailleurs, c'est une chose que j'ignore toujours.
J'ai décidé de la tester afin de découvrir sa réaction si je venais à savoir son histoire et je dois dire qu'elle a largement dépassé mes attentes.
Je m'attendais à tout, sauf à ça.
Un peu plus et elle me suppliait à genoux de ne rien dire.
Elle me semblait si sûre d'elle, si confiante pas plus tard que ce matin même.
Mais cette barrière s'est effondrée quand je lui ai balancé au visage que je savais tout.
J'ai même cru pendant un instant qu'elle serait assez maligne pour s'apercevoir de mon bluff et que ma tentative serait alors vaine.
J'ai vraiment pris une chance en faisant ça.
Elle aurait pu me rire au nez en me traitant de menteur pour ce que j'en sais.
D'après le peu que j'ai vu d'elle, elle en aurait été parfaitement capable.
Mais pour une rare fois dans ma vie, je me suis trompé.
Je ne l'avouerai jamais à personne par contre, ils n'ont pas besoin de le savoir.
Je me remets en marche et ferme la porte dans mon sillage.
Elle n'est rien pour moi, qu'une garde du corps que j'aimerais volontiers dégager.
Mais je ne le peux.
J'ai donné ma parole qu'elle resterait pendant un an en signant ce contrat.
Et lorsque je donne ma parole, je m'y tiens coûte que coûte.
Même si cela veut dire que je dois en payer le prix.
Ana
Je vais me coucher sur mon lit, épuisée par toutes ces émotions.
J'adore jouer à la comédienne.
Parfois, je pense même que j'aurais dû en faire une carrière.
C'est tellement facile pour moi.
J'ai appris très jeune comment m'y prendre, et aujourd'hui, j'y parviens les yeux fermés, les doigts dans le nez.
À peine ai-je posé la tête sur l'oreiller que je m'endors, bercée par des images que j'espérais ne plus jamais avoir à voir.
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Secret d'État
RomanceJe savais que ce jour viendrait. Je ne l'espérais pas, mais je le savais. Au plus profond de moi. Parce qu'ainsi isolée des miens, je deviens une proie facile et je ne suis que trop consciente que c'est tout à son avantage. Je lui servirai à assou...