Je saisis mes jumelles et observe soigneusement chacun de ses mouvements, telle une prédatrice avec sa proie.
J'esquisse un petit sourire en coin en le voyant faire ses bagages précipitamment.
S'il crois pouvoir m'échapper, j'ai des p'tites nouvelles pour lui, c'est impossible.
Car non seulement je suis son pire cauchemar, mais aussi la meilleure des meilleures.
Il quitte son appartement en claquant la porte alors que je prends tout le temps du monde pour ranger mon matériel.
Je ferme soigneusement derrière moi et verrouille à clé.
Je descends les escaliers et traverse le hall vide de l'hôtel pour finalement aboutir dans la rue.
Je marche tranquillement derrière un homme paniqué que j'assomme d'un simple coup de mallette, son corps tombant mollement sur le sol.
Je soupire et commence à le tirer dans une voiture sous l'œil attentif des quelques passants tardifs.
J'aurais peut-être dû l'y faire entrer avant, mais compte tenu de sa frayeur à la simple mention de mon nom, je doute de son obéissance.
Cet homme aurait fait n'importe quoi pour me fuir, même me combattre.
Il se serait armé de la force du désespoir, une arme imprévisible et dangereuse pour ceux qui la sous-estime.
Chose que j'ai malheureusement apprise à mes dépends.
Je menotte le corps inconscient sur la banquette arrière par sécurité et vais m'assoir sur le siège du conducteur.
Je démarre sans attendre et allume la radio, celle-ci diffusant les nouvelles du soir.
Je m'engage sur la route principale et la longe une trentaine de minutes avant de finalement arriver à destination.
Il fait déjà noir dehors, lorsque je sors du véhicule, verrouillant les portières derrière moi.
J'emprunte l'allée bétonnée du poste de police, alors qu'une brise fraîche d'automne vient fouetter mon visage.
J'ouvre les portes du secrétariat et passe devant une réceptionniste qui travaille ardemment, une énorme pile de dossiers trônant sur un coin de son plan de travail.
Je marche vers le bureau du capitaine Joubert, recevant au passage de nombreuses salutations.
Je ne prends pas la peine de leur répondre, l'envie me manquant.
Je cogne à sa porte et il m'indique d'entrer sans attendre.
Je l'ouvre pour la refermer d'un coup de pied, apparemment insuffisant puisqu'elle reste entrebâillée.
Sans m'en soucier plus que ça, je vais m'assoir sur l'une des chaises en face de lui.
Il lève sur moi un regard chaleureux et un sourire étincelant.
Sourire que je lui rends de bonne grâce.
— Alors, la chasse a été bonne ?
— Pas mal, j'ai attrapé Léopold Lenoir, dis-je avec un haussement d'épaules.
— L'escroqueur ?
J'hoche la tête et croise mes jambes sur le bout de son bureau, un sourire en coin animant mes traits.
— Tu aurais dû le voir paniquer en me voyant arriver, c'était à se tordre de rire, dis-je en gloussant à ce souvenir mémorable.
Il farfouille dans ses dossiers, une lueur de complicité illuminant son visage.
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Secret d'État
RomanceJe savais que ce jour viendrait. Je ne l'espérais pas, mais je le savais. Au plus profond de moi. Parce qu'ainsi isolée des miens, je deviens une proie facile et je ne suis que trop consciente que c'est tout à son avantage. Je lui servirai à assou...