Chapitre 42 : Douleur insupportable ✔️

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J'éteins lentement le robinet, ne prenant pas le risque de le quitter des yeux une seule seconde.

Il a vu que je l'ai reconnu, il l'a discerné dans mon regard.

Comment ne l'ai-je pas remarqué avant ?

Au moment où il est entré ?

En fait, je sais pourquoi.

Parce que cette nuit-là, il faisait sombre.

Il portait un foulard qui camouflait une partie de son visage.

Il m'a attaquée avant même que je ne puisse enregistrer ses traits.

Je me tourne vers lui, m'adossant contre le lavabo, mes mains légèrement humides appuyées contre son rebord.

Encore toi, dis-je froidement. Il n'y avait personne d'autre que le petit nouveau de disponible ? Ah moins qu'ils n'aient trop peur de moi ?

Ses yeux s'agrandissent une fraction de seconde, étonné que je sache cette information.

À savoir, qu'il est récent dans l'organisation.

N'est pas l'air si surpris, Yūto, dis-je en insistant sur son nom. J'imagine que tu connais déjà ma réputation. Tu devais bien te douter qu'à la seconde où tu m'aurais fiché la paix, j'allais mener ma petite enquête sur toi et les autres.

Il incline sa tête sur le côté, m'étudiant avec intérêt et curiosité.

C'est vrai, tout le monde a entendu parler de toi. Celle qui tue sans compter et sans pitié, la femme dangereuse qui ne recule devant rien ni personne. Mais tu es aussi celle qui n'a pas été assez forte pour encaisser le décès d'un proche et a fui son pays, sa propre famille. Oui, je la connais ta réputation, termine-t-il avec un sourire mauvais et son accent à couper au couteau.

Je ne peux empêcher mon corps de se figer, choquée par ce que j'entends.

Il peut voir l'effet que ça me fait avant que je ne parvienne à camoufler ma réaction, un petit sourire satisfait grandissant sur son visage.

Je peux sentir mes mains se crisper contre l'évier, mon corps ayant besoin d'un support supplémentaire et de quelque chose sur lequel décharger la vague de sentiments qui me submergent avant que je ne puisse me défouler sur lui.

Parce qu'il a raison et c'est ce qui fait le plus mal.

Je ne suis pas la femme forte que tous prétendent que je suis.

J'ai été incapable de rester aux côtés des miens lorsqu'ils en avaient le plus besoin.

Je me suis enfuie comme une lâche, effaçant toutes mes traces pour ne pas être retrouvée.

Mais... même ça, j'en fus été incapable.

Je ne sème que la mort autour de moi.

Il y a eu elle, et ensuite, il y aura eux.

Mathilda, Joe, Félix, Joubert, Julia, Noah... et probablement bien d'autres encore.

La liste n'aura de fin que sa soif de vengeance.

Quoi ? Tu es trop fragile pour entendre la vérité toute crue, ma jolie ?

Je le fusille du regard, mon sang commençant à bouillir dans mes veines.

Jamais, au grand jamais, on ne peut se permettre de m'insulter comme il le fait sans en subir les conséquences.

Jamais.

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