Chapitre 56 : Mots cruels ✔️

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Encore une fois, je la retrouve devant moi.

Son corps est étendu sur le sol, du sang s'égouttant de sa bouche.

Ses yeux sont révulsés, mais braqués sur ma personne.

Je le sens, je le sais.

Elle lève une main molle vers moi, un doigt se tendant péniblement dans ma direction.

Elle tente de parler, mais l'hémoglobine qu'elle a en bouche l'en empêche.

Toutefois, il n'est pas nécessaire qu'elle le fasse, je connais le refrain par cœur. 

« Tu aurais p-pu me sauver. C'est de t-ta faute si je suis m-morte. C'est. De. Ta. Faute. »

Savoir qu'elle tente encore de prononcé ces mots, de mettre sa mort sur ma faute, me détruit.

La culpabilité me submerge instantanément, les larmes se mettent lentement à couler sur mes joues, ma vue à s'embrouiller.

Je m'approche d'elle et me jette à genoux à ses côtés, prenant sa main froide entre les miennes.

Je suis désolée. Je suis tellement désolée, maman, sanglotais-je. Je n'ai jamais voulu que cela arrive.

Elle s'écarte brusquement de moi, refusant mon toucher, mes excuses.

Je la regarde, complètement horrifiée par sa réaction.

Je tends de nouveau une main vers elle, mais elle s'éloigne encore plus, devenant hors d'atteinte.

Je me lève et tente de m'approcher, mais il m'en est impossible.

J'ai l'impression que dès que je fais un pas, son corps se recule de deux.

Je me mets rapidement à courir, désirant son contact.

Sauf que je ne l'ai pas, je ne l'aurai plus jamais.

Mes pleurs se font plus bruyants, plus désespérés.

Je finis finalement par m'arrêter, tombant à genoux dans de la terre boueuse, les mains dans les airs.

Je m'excuse, ok ?! Je suis désolée ! S'il te plait, pardonne-moi, maman ! Je sais que c'est de ma faute ! Mais s'il te plait, je t'en prie, ne me rejette pas ! J'ai besoin de toi !

Elle éclate de rire, un rire méprisant et haineux.

Un rire que je n'aurais jamais cru entendre sortir de sa bouche.

Tu ne mérites pas mon pardon. Tu mérites de mourir. Regarde-toi, tu portes malheur. Tu es une malédiction, crache-t-elle dédaigneusement.

Je plaque une main contre ma bouche, essayant vainement de réprimer mes sanglots.

Je secoue la tête de gauche à droite, refusant de croire ce que j'entends.

Elle ne peut pas vraiment le penser.

Mais il me suffit d'un coup d'oeil pour que je sache que j'ai tort.

Son regard, sa posture, tout chez elle me démontre son dégoût envers moi.

Un dégoût que je mérite très probablement.

C'est quand même de ma faute si elle est morte, s'il est viré alcoolique, si la famille est désormais détruite.

Je nous ai tous séparés, divisés.

C'est de ma faute.

Tout est de ma faute.

Elle a raison, je devrais mourir.

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