Jenna, de nos jours
Je me retrouve plantée sur le bitume chaud, à la descente de l'avion posé sur le tarmac de l'aéroport Louis Armstrong de la Nouvelle Orléans. Une angoisse sourde vient m'étreindre quand je réalise enfin où je me trouve. Mes jambes sont figées, mes pieds ancrés dans le sol, je n'arrive plus à avancer. J'entends quelqu'un jurer dans mon dos sur le fait que je suis une empotée et que je gêne entre autre le passage. Je prends alors conscience de mon environnement et mes pas me guident en direction de la sortie, suivant le flot de voyageurs. Une question cependant semble subsister et se détacher du lot de mes nombreuses interrogations : Qu'est ce que je peux bien foutre ici? Ce n'est plus chez moi! Je doute que cela l'ai été un jour d'ailleurs au vue de la manière dont il nous a foutu à la porte. Si ce drame n'était pas arrivé, jamais il n'aurait tenté de m'approcher de nouveau !Il ne l'a pas fait en douze ans d'absence, ça aurait pu continuer encore longtemps!
Jusqu'à la fin de ta vie, peut être!
A cette pensée, la haine prend possession de mon corps. Je ricane dans ma barbe. Il doit avoir autant envie que moi de me voir passer le pas de sa porte! Parce qu'on se le dise je le hais autant que lui peut me détester et maintenant que je suis en âge de comprendre, je ne lui laisserait rien passer, je rendrais coup pour coup qu'il se le dise!
Après m'être réveillée à l'hôpital et avoir été brusquement confrontée à la dure réalité : mon beau père et ma mère avaient trouvé la mort cette nuit là dans notre appartement de Seattle, j'avais répondu patiemment à toutes les questions que m'avaient posé ces inspecteurs de la Police Criminelle. Il s'agissait d'après leurs dires d'un double homicide. Seulement , j'avais beau fouiller dans ma mémoire et mettre en place les techniques des thérapeutes pour arriver à la raviver, mon cerveau refusait toujours de me montrer le final de cette soirée. Pire un écran noir et opaque venait se poser et envelopper ma mémoire dès que je tentais d'en forcer ses méandres comme pour mieux la protéger et être sure que rien ne filtrerait. Nous n'étions que trois ce soir là, ma mère, mon beau -père David qui était son mari depuis plus de dix ans et moi. Ils m'avaient vite écarté des suspects, le meurtre ayant été commis par un droitier et j'étais gauchère. Enfin j'étais ambidextre mais je n'allais surement pas le leur révéler n'ayant rien à voir avec ce crime monstrueux qui me laissait à demi orpheline. Ils en étaient alors arrivés à la conclusion d'un cambriolage ayant mal tourné car des objets manquaient suite à mon inspection mais le fait que je sois moi toujours en vie alors que mes parents étaient morts restait un mystère non résolu à ce jour. Cependant, les souvenirs affluaient depuis quelques temps et le coupable se dessinait lentement sous mes yeux! Je ne leur avait pourtant rien révélé, ce monstre devrait payer et je comptais bien lui apporter l'addition en personne!
Pour cela je m'en voulais. J'avais la haine et la rage. Je me sentais énormément coupable. Cette question revenait sans arrêt aux abords de mon esprit : pourquoi eux et pas moi? pourquoi m'avoir épargné? Les psy de de l'hôpital parlait du syndrome du survivant. Le fait que je me reproche d'être en vie alors qu'eux étaient morts. C'était la faute à pas de chance en gros mais je n'était pas d'accord avec cette théorie. Je n'arrivais pas à passer outre. Comment être heureuse alors qu'eux étaient à présents six pieds sous terre? comment arriver à faire son deuil alors que je ne comprenais pas pourquoi IL m'avait laissé en vie, seul témoin de cette sordide exécution?
Mes parents, une fois que l'autopsie avait été menée et que les corps nous avaient été rendus, avaient été enterrés. Curtis, le fils de David de cinq ans mon aîné, avait organisé les funérailles. Enfin "organisé" était un bien grand mot puisque tout était déjà prévu. Cela ne m'étonnait guère, David était quelqu'un de très prévoyant. Ils avaient pris leur disposition et tout était déjà réglé dans les moindres détails jusqu'au choix des musiques au cours de la cérémonie. L'hôpital m'avait autorisé une sortie afin de pouvoir y assister mais j'avais refusé tout net. Impossible pour moi de prendre part à toute cette mascarade, la plupart des gens n'étant présents que dans l'unique but de se montrer, de parader . Il faut dire que David était un ponte du Virginia Mason Medical Center, brillant chirurgien et membre du conseil d'administration, il donnait même des cours à l'Université de Médecine. Tous les membres de l'hôpital avaient été choqués d'apprendre sa disparition dans ces circonstances ainsi que de celle de sa femme. Ils étaient donc aux petits soins pour ma personne, anticipant chacune de mes volontés afin que mon séjour parmi eux se passe au mieux. Je m'étais donc rendue sur leurs tombes une fois le défilé terminé et le lieu désert. Et puis il était hors de question que je le croise LUI! J'avais réussi à l'esquiver à l'hôpital ce n'était pas pour me retrouver à ces côtés dans un état vulnérable qui plus est. Non pour l'affronter j'avais besoin de toutes mes capacités!
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THE DEMONS OF SATANS : JENNA ET DANTE
RomantizmJenna n' a que cinq ans quand ,suite à un désaccord familial, elle doit quitter le club et laisser son père Butch et son demi frère Sam. Elle va s'installer avec sa mère à l'autre bout du pays et n'entend plus parler d'eux. Ce n est que douze ans pl...