Dans la peau d'un toxico.

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LANA DEL REY - Big eyes.






Cette petite mélodie qui m'incitait à bouger chacun de mes membres pour me retrouver debout, cette petite mélodie qui me rendait fou de jour en jour, cette petite mélodie qui me signalait que l'aube berçait à présent le ciel et qu'il fallait que je me lève, cette mélodie qui me disait que je devais aller me préparer pour aller travailler. Cette mélodie qui me donnait envie de l'éteindre pour que je puisse m'enfuir de la réalité pour regagner la féerie. C'est ce que j'allais faire, au final, mais c'était sans compter les piaillements incessants de ma mère qui me prévinrent à l'avance de ne pas me laisser abattre par la fatigue et la mollesse et que le petit déjeuner m'attendait déjà. Si elle n'avait rien préparé, je ne serais même pas venu, mais il fallait bien que je me remplisse le ventre, je l'entendais même grogner, malgré mes sens qui eux, n'étaient pas tous éveillés.




J'avais l'intention de mettre le plan « gastro surprise » à exécution, mais cela allait faire la troisième fois ce mois-ci que je déballais la même excuse, lorsque je serai vraiment malade, elle m'enverra tout de même en cours. Qu'est-ce que c'était chiant, ça.




Je descendis avec toute la force - très insuffisante, je l'accorde - dont j'étais capable de fournir en ce lundi d'hiver, je ne savais même pas quel jour nous étions exactement. D'ailleurs, étions-nous vraiment lundi ? Je n'en savais rien, tout ce que je savais, c'était que je devais aller étudier, que j'avais faim, et que j'étais comme toujours, crevé dès le réveil. L'ombre de ma mère s'est fait directement apercevoir par mes yeux de lynx mal réveillés, elle sirotait tranquillement son café, adossée contre le mur, un petit sourire rempli de compassion à mon égard m'étant directement adressé, et, rien qu'à la vue de son magnifique sourire, je lui offris également le mien. Comment ne pas la trouver rayonnante ? C'était une personne magnifique. Et je remerciais Dieu, chaque jour pour m'avoir donné une mère pareille, je n'aurais jamais eu mieux.




- Bonjour, mon rayon de soleil.

- Bonjour, maman...

- Tu as tout ce que tu veux de préparé sur le comptoir, tu n'as qu'à te servir.




Je m'installai tranquillement, et je la vis déjà arriver vers moi. Sa main sur mon épaule, ses lèvres frôlant mon oreille, elle me murmura :




- Ne tarde pas trop, je vais travailler, moi. Travaille bien, quant à toi.

- Je n'y manquerai pas.




Un mensonge de plus au compteur. Je m'en voulais terriblement à chaque fois que je lui sortais ce genre de mensonge, j'abusais de sa confiance, profitais de son amour, de sa naïveté, rien que pour des choses qui ne m'apporteront jamais rien. Mais la famille parfaite n'existe pas, tout comme la vie. La vie rencontre toujours des obstacles, et c'est ça, la vie. C'est bien, les challenges, aussi. Je me retournai face à elle et embrassai furtivement sa joue alors que les miennes étaient gonflées par la grosse bouchée de croissant que j'ai prise. J'essayais de penser à autre chose que de l'ecstasy, de l'héroïne, ou du cannabis, et bordel, qu'est-ce que j'en voulais, là, maintenant. Cela aurait pu me détendre, j'étais angoissé alors qu'il n'y avait aucun événement particulier susceptible de me créer cette boule dans le ventre ou créer ce nœud dans ma gorge qui me la rendrait sèche. J'étais toujours autant fatigué, je baillais toutes les cinq secondes, je gardais les yeux pendant un moment puis les rouvrais soudainement. A force de bailler, j'avais mal à la mâchoire, à force d'avoir mal à la mâchoire, j'en avais marre, à force d'en avoir marre, j'étais déjà énervé. Je sentais déjà ce petit comprimé blanc fondre sur ma langue et me transporter dans un autre monde et me stimuler, je sentais déjà cet afflux d'excitation et de rêverie s'emparer de mes veines et me changer l'instant d'une journée, je sentais déjà cette poudre blanche arrangée en ligne droite remplir ma narine, la blanchir, je sentais ce joint combler mes lèvres et cette fumée emplir mes poumons. Je me sentais déjà serein, et heureux. Et plus j'y pensais, plus le besoin se faisait de plus en plus insupportable et pressant. Le problème était que, je n'avais rien pour arranger ça, je devais encore voir un de ces dealers du lycée pour me fournir de la drogue de basse qualité, mais tant qu'elle pouvait me rendre moins à cran, comme maintenant, j'étais prêt à m'injecter ou fumer tout et n'importe quoi.

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