Oxymore

Chapitre vingt-cinq.

BILL HINTERS - Lovely Day.

L'eau chaude lui permettait de se détendre, de réfléchir, le ruisseau bouillant habillait faussement son torse, à défaut de laisser cette chaleur insupportable mitrailler son pauvre corps sans relâche, quelque peu marqué par les coups de Violette la veille, il restait bien redressé, debout, les bras croisés contre son torse, dont cette position qui lui permit par la même occasion de bomber ses biceps. Il restait là, à ne rien faire, sauf profiter, profiter de la chaleur dans une telle saison. C'était le seul point positif qu'il a connu pour la journée. Il regardait les quelques gouttes de sang se détacher de lui une bonne fois pour toutes avec indifférence, comme s'il regardait les voitures passer. Bilan de la veille : mouvementée, très mouvementée, et très alcoolisée. Pour une fois que l'ambiance ne comprenait pas des insultes, des menaces puis des coups... Luiseva voulait à tout prix danser sur la table basse pour leur montrer ses fameux talents cachés de danseur, de plus Einsam l'encourageait inlassablement, mais Oxymore n'était pas d'accord, il ne voulait pas le voir se déhancher devant tout le monde, alors il s'est mis en travers, et pour une fois, il ne s'est pas énervé. Au final, c'est Einsam qui a remplacé le blondinet, les pieds sur la table, à bouger vivement ses membres, alors que ceux de l'objet ont succombé sous son poids qui n'était pas si imposant que ça. C'était si gênant qu'il avait l'impression d'être obèse, comparé aux autres. C'était amusant, tout le monde a ri, alors qu'Einsam était rouge de honte. Cependant, ce n'était pas ce détail qui a empêché le groupe de meurtriers amateurs de passer du bon temps, au contraire, cet incident leur a permis d'aller plus loin, c'était comme un feu vert. Courir dans les rues en beuglant au hasard les paroles de God Save the Queen avec un accent français exagéré, en trimbalant le drapeau de leur pays (même Oxymore sur le coup) qu'ils ont attaché à leurs cous comme s'ils portaient une cape. Une fois bourré, le lycéen n'était plus le même, mais pas différent pour autant. Cette nuit-là, il pleuvait, les drapeaux faisaient de bons abris, de jolies capuches... Au diable le rhume, le quart n'a pas utilisé son drapeau pour se protéger de la pluie, ils dansaient sous elle, hurlaient au point de s'arracher les cordes vocales, s'amusaient comme s'il n'y avait plus de lendemain, comme si cette nuit était la dernière. Oxymore vivait comme ça : comme si sa vie en dépendait, alors il enlevait celle des autres. Opium ne supportait pas toute cette gaieté exceptionnelle, Sin et Oxymore riaient ensemble, Gemma et Einsam étaient plus que proches, Luiseva qui se lâchait... Une goutte d'alcool pouvait nous transférer dans un monde parallèle. Ce monde parallèle l'effrayait, il aimait bien ce monde-là, il ne voulait pas le changer, pour rien au monde, il avait l'impression de vivre dans un cauchemar. Le monde est bien comme il est, sinon d'autres versions existeraient. L'eau devenait de plus en plus froide, quelqu'un utilisait l'eau du robinet, signe que Gemma voulait que son bien aimé se hâte de la pièce d'eau pour pouvoir admirer son corps luisant durant un laps de temps. Un peignoir moelleux remplumait sa silhouette, et réchauffait sa peau qui frémissait déjà en sortant de la cabine de douche. Il sortit enfin de la salle de bain.

- Enfin, soupira la blonde.

- De quoi elle se mêle la Barbie ? Cracha le mécheux.

- Ah, ne recommence pas, râla-t-elle, levant les yeux au ciel.

- Tu devrais plus refermer tes cuisses que ta bouche. J'sais pas quelle paire des lèvres est en train de me parler, mais en tout cas, elle en dit des conneries.