Oxymore

Chapitre dix-huit.

Taylor Swift - Blank Space

Quatre jours.

Johanna, France, Sin et Oxymore. Ils étaient quatre à encercler la table, un énorme blanc trônant dans la pièce depuis un bon bout de temps. Par politesse, le bouclé s'est joint aux autres sans manger pour autant. Il fixait Sin découper sa viande comme un bourrin. Visiblement, il n'était jamais délicat, même pour s'adresser à quelqu'un. Il était tellement brusque que les quelques mèches s'échappant de cette tonne de gel retombèrent sur son front, il ressemblait à Superman avec cette chevelure. Au lieu de se concentrer plus longtemps que ça sur son partenaire, le brun baissa le regard vers le bas, tout en souriant narquoisement. Pour l'instant, le concerné n'a pas remarqué l'ancien regard pesant du plus jeune sur sa belle personne, mais c'est en écoutant ses faibles soupirs qu'il releva la tête pour le fixer, un tas de questions faisant bouillonner la tête de l'étudiant.

- C'est mon portable qui sonne ? Demanda Johanna en fronçant les sourcils, surprise.

- Non, le mien, désolé, répondit Oxymore avec sérieux, mais à la fois détaché de la réalité.

L'attention du mécheux fut entièrement captivée sur le coup. Rien qu'en écoutant la voix de son bien-aimé, il se redressa, abandonnant une bonne fois pour toute ses instruments métalliques. Il était toute ouïe et était prêt à entendre la moindre déclaration provenant de lui. Oxymore garda la tête baissée. Il sourit, mordit sa lèvre, coinça l'ongle de son pouce entre ses longues dents, captivé par ce qu'il faisait. A qui parlait-il pour avoir l'air aussi intéressé ?

- Oxymore, tu sais que c'est malpoli de prendre son téléphone à table.

- Tu sais, c'est malpoli de se mêler des affaires des autres.

- A qui tu parles ?

- Luiseva, je lui manque apparemment, souffla-t-il, souriant faiblement.

- ... Luiseva ? Tu lui manques ? Wow... Eh bien... Ouais, d'accord. Je reviens.

Et il quitta la table, vert de jalousie, et rouge de honte. Il avait besoin d'être seul, du moins pendant un moment, le temps qu'il se calme. Dans la salle de bain, c'était parfait. Luiseva, qui lui envoie ce genre de message ? Le pire c'est qu'il a souri, que c'était réciproque, qu'il semblait vraiment passionné parce qu'il lui disait. Ce n'était pas possible. Pourquoi Oxymore s'intéresserait à un sac d'os pareil ? Pourquoi pas à lui ? Pourtant, Sin lui apportait de l'attention, de l'affection, de l'amour, tout ce qu'il voulait... Toutes ces choses apportées qu'il finissait par jeter, mais lorsque c'est monsieur le cure-dent lui offrait une simple tulipe cueillie dans le parc du coin, le bouclé l'acceptait avec grand plaisir, le sourire aux lèvres, comme s'il lui avait décroché la lune. Même si Oxymore avait horreur des présents, il acceptait volontiers ceux du cadet, il n'aimait pas ceux qui provenaient d'une grande surface, ceux dont le prix nous restaient ancrés dans notre esprit, il avait besoin que son cadeau soit naturel, voire pas du tout, qu'il n'existe pas, ça pouvait être tout aussi satisfaisant. Il ne nécessitait aucunement ces choses-là. A quoi bon en recevoir ? Sin contenait ses nombreux cris de rage, sa force qui se concentrait au même endroit : son poing, il se retenait de l'écraser contre le miroir. Toutefois, il en avait besoin. C'était urgent. Luiseva, lui parler comme s'ils étaient ensemble... Pour lui parler de la sorte, c'était obligé, c'était certain, ça crevait les yeux qu'il s'est passé quelque chose entre eux. Sin sortit son téléphone de sa poche pour le coller à son oreille après avoir composé le numéro du prétendant du benjamin. Ça sonnait, encore et encore... Puis la voix éraillée du blond surprit l'aîné qui commençait déjà à s'endormir à cause de la longue attente.