Première partie.
Lana Del Rey - Florida Kilos.
Bientôt zéro jour.
Une fois de plus, le bouclé était assis sur son matelas, cette fois-ci flambant neuf, à griffonner, adossé contre ce mur aussi fin que le corps du propriétaire de cette pièce. Il ignorait toutes les présences potentielles figurant dans son espace vital, quelques fois, c'était sa mère qui proposait une nuée de sucreries pour se faire bien voir et gagner la confiance de son invité, ou bien, c'était son père qui proposait aux deux étudiants de se lancer dans une partie de golf avec ses collègues de travail... Car Oxymore a osé avouer qu'il aimait bien jouer au golf lorsqu'il était plus jeune avec sa famille, dans la ville lumière. Toute cette joie constante et maladive qu'il tentait vainement de cacher dès son plus jeune âge a fini par disparaître pour de bon. Lorsqu'il a réalisé cette réussite, il a dépassé le seuil de la fierté, il s'en vantait constamment... Auprès de lui-même. Le petit frère de Luiseva ? Il était beaucoup trop timide et apeuré par cette nouvelle présence inattendue pour lui adresser le moindre mot. En revanche, ce dernier a réussi à le saluer. Une seule fois. Dès qu'il croisait le bouclé sur son chemin, le benjamin de la famille s'éclipsait. Les lycéens étaient d'ailleurs très perturbés au sujet de son comportement.
Oxymore semblait plus concentré que les autres fois, il semblait imperturbable. Ses traits tirés confirmèrent les hypothèses du cadet. Pendant ce temps-là, la chambre subissait le passage de l'hôte qui l'arrangeait un maximum, il passait quelques coups de balai, il dégageait le passage en ramassant des piles de vêtements qui traînaient, les bouquins dont nombreuses pages étaient déchirées et dispersées dans la pièce gisaient plus particulièrement dans les quatre coins de la chambre. Beaucoup des livres concernant la psychologie, la psychanalyse. Beaucoup de titres qui commençaient par « psy ». Oxymore voulait devenir psychologue, psychiatre, et faire partie de ces personnes qui prennent soin des fous dans des hôpitaux rien que pour eux... C'est comme ça qu'il détaillait le but de son métier quand il était petit. Le Finlandais continuait de dégager sa pièce de tous ces encombrements, sagement, sans faire de remarque à son partenaire qui était du genre à enterrer la personne six pieds sous terre si l'on daignait le déranger... Autant ne pas prendre de risque, puis, pour une fois que monsieur était calme. Alors qu'il allait laisser son corps s'enfoncer dans la douceur de son matelas, il fut étrangement interrompu par la voix rocailleuse du plus grand.
- Fais tes valises.
- Mes valises... ?
- Oui, tes valises, Luiseva. Fais tes valises.
- Pourquoi... ? On va où... ?
- Ne pose pas de questions. Tu te tais, et tu fais tes valises. Maintenant.
- Oxymore...
- Ne m'énerve pas ! S'écria-t-il en bondissant du matelas.
Sans réfléchir, ses traits ainsi que son corps se crispèrent sous la peur, automatiquement préparé à recevoir les coups que son ami allait lui affliger... Pourtant, ce dernier est resté immobile. Luiseva soupira discrètement de soulagement et s'exécuta sans insister sur la raison de son ordre, même si ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Au moins, ce dernier n'allait pas être décoré de blessures éparpillées sur son pauvre corps. Il défit les piles de vêtements qu'il s'est tué à arranger et à transporter jusqu'à ses étagères qui devenaient de plus en plus hautes, il ressortit ses cabas qu'il a soigneusement rangés dans ses placards... Ses efforts n'ont servi à rien, encore une fois. Avec l'habitude, c'est devenu quelque chose de normal. Il s'abîmait, il s'usait, pour rien, au final. Personne ne le remerciait, il n'avait pas la moindre reconnaissance... Rien. Un cercle vicieux qu'il tenait à quitter, peu importe le moyen. Sur le coup, il était seul, personne ne pouvait l'aider. Le faux blond prit le nécessaire, et n'eut pas besoin de demander au leader s'il était préférable qu'il prenne avec lui sa trousse de toilette, vu l'absence de précision, prudence est mère de sûreté. Il s'est précipité dans la pièce d'eau et s'est munit d'une trousse qu'il a bourrée de tubes de dentifrice, du fil dentaire, de brosses à dents, certaines crèmes et médicaments qu'il devait prendre dans certains moments de la journée. On n'est jamais trop sûr. De retour, ses cabas bien remplis et refermés, il s'apprêta à s'asseoir, mais il fut, une nouvelle fois, coupé de court par son partenaire qui tendit son bras, avec son index levé, l'incitant à renoncer aux quelques minutes de repos qu'il s'est données. On n'en a jamais fini, avec Oxymore.

VOUS LISEZ
Oxymore
Fiksi PenggemarOxymore, jeune surdoué psychopathe aux lubies étranges. Sin, redoublant homosexuel, jaloux, possessif et borné. Opium, cadet toxicomane, solitaire et discret. Einsam, rat de la bibliothèque, intimidé depuis son entrée dans sa première école, fils un...