Chapitre trente-huit, première partie.

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LANADEL REY – Freak.


Première partie.





- J'ai tué quelqu'un, j'ai tué quelqu'un, se répéta le Finlandais en fixant un point imaginaire.

- C'est bon, calme-toi, Luiseva, ce n'est rien. Profite du repas.





Des costumes à perte de vue, ses grands yeux bleus ne voyaient que cela.Habillé comme le reste des hommes dans cette pièce, Luiseva se sentait tout de même différent, trop décalé des autres, il n'était pas à son aise. La salle était comblée de couleurs sombres, comme cette tapisserie bordeaux à la matière noble, des meubles en bois ébène, les seules choses scintillantes étaient les faibles flammes tamisant le restaurant, suspendus en l'air grâce à des lustres, les yeux des garçons remplis de joie et de fierté qui ne cessaient de trinquer pour leur victoire, puis le grand sourire d'Oxymore, copiant celui de Gemma. Ce soir-là, le couple semblait entrer dans une totale harmonie et entamait une complicité indélébile, ils échangeaient calmement, ils se regardaient longuement dans les yeux comme si en s'attardant sur leurs pupilles, ces dernières allaient engloutir goulûment le monde qui les entoure en une bouchée, ce qui ne figurait pas dans la liste noire du bouclé : il voulait faire disparaître le monde et le voir se récréer en autonomie, pour tout recommencer, prendre un nouveau départ, refaire le monde sans erreur nuisible aux générations futures. Ils se regardaient sans cligner des yeux,laissant l'impression que l'envie d'être aveugle les obsède au plus haut point, ils se sont, d'ailleurs, autorisés à se tenir la main, comme un vrai couple fraîcheur formé, fier d'exposer leur amour jusqu'à en empoisonner les autres puis eux-mêmes. Opium était contraint de les accompagner alors que ces meurtres collectifs l'ont empêché de fermer l'œil de la nuit,il se faisait consumer par la culpabilité, le vice, la fierté et la puissance. La fatigue entraînait la colère, la frustration, ce manque de drogue ne l'aidait en aucun cas, les coupes de champagne défilaient à la place, elles étaient aussi nombreuses que les couverts soigneusement alignés.




- Qu'est-ce que l'on fait ici, d'ailleurs ?

- Je ressentais le besoin de vous récompenser pour l'acte de bravoure dont vous avez fait preuve. En ce moment, vous êtes constamment oppressés et de mauvaise humeur à cause de moi, et je m'en excuse. Pourquoi ne pas s'autoriser une petite folie ?

- Petite folie ? Une énorme folie, même ! On est dans un endroit aussi bondé que notre lycée... J'appréhende le moment où on se fera repérer...

- Arrête, Einsam, arrête de penser. La plupart des choses auxquelles tu penses sont parfois futiles et ne méritent pas autant d'attention.




Les yeux chocolatés du mentionné croisèrent le plafond pendant un laps de temps, encore une fois, il soupira très faiblement, ne voulant pas se faire entendre par son interlocuteur qui lui adressait quelques regards déstabilisants, il croisa ses bras contre son torse et balaya la pièce avec ses yeux, en quête de réconfort, s'avouant vaincu face au benjamin qui le menaçait sans prononcer un mot.

OxymoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant