Oxymore

Chapitre vingt.

Black Swan Soundtrack

Deux jours.

La neige... La neige a enfin pointé le bout de son nez, les enfants pouvaient jouer devant leur maison, sous le regard protecteur de leurs mères, qui préparaient un bon gâteau, ou un chocolat chaud pour qu'ils puissent se réchauffer après leurs nombreuses batailles de boules de neige, ou leurs tentatives de construction d'igloo... La neige a prolongé les heures de détente chez les plus petits, à cause du verglas, des centimètres de neige gênant le passage des bus scolaires... La belle vie, quoi. La neige, c'est aussi beau, admirer les flocons avec précision, les photographier pour accrocher ces beautés sur les murs de notre chambre, les photographier du regard, observer la moindre branche... Ce n'était plus le visage de Sin, Luiseva, Einsam ou encore celui d'Opium qui décorait la cabane du protagoniste esseulé, qu'il fixait tous les jours. Maintenant, c'était les flocons. La neige, c'est blanc, et le blanc représente la pureté, l'innocence... Tout ce qu'Oxymore n'était pas. Toutefois, elle se faisait piétiner et souiller par des êtres loin d'être sages. L'innocence s'est toujours soumise à la nocivité, l'impureté, tout ce qu'il y a de plus immonde. Oxymore, assis sur le rebord de sa cabane, balançant ses pieds, ses prunelles revisitèrent le milieu désert qui l'entourait. Rien n'a changé, à part la couleur du décor. Grâce à ce changement, tout devenait plus beau pour lui, il respirait l'air glacé avec conviction.

- Toi, Oxymore, ne rien faire de dangereux ?

Il fallait rester sage, cette fois-ci. Malgré sa tentative d'ignorance envers cette voix qui le dérangeait plus qu'autre chose, celle-ci surenchérit.

- Tu préfères rester là, à ne rien faire ? A regarder l'extérieur comme si ça t'intéressait vraiment ? Tes armes, elles sont où ? Tes idées farfelues ? Ne dis pas que tu t'attendris, t'adoucis... ! Quelle honte ! Ah, Oxymore, ne rien faire dangereux... Rappelle-toi, en primaire, quand on te prenait pour un virus sur pattes, un déchet... Quand tu étais déjà malade, quand tu t'approchais de quelqu'un, les gens imitaient la croix du Christ en reculant, jusqu'à en pleurer, tellement tu les effrayais... Au collège, quand tu pensais être gay, quand tu devenais plus proche des garçons, les autres en profitaient, ils se rapprochaient de toi exprès, ils gagnaient ta confiance, tu te livrais aveuglement aux autres... Ah ! Qu'est-ce que c'était drôle, tu étais tellement con. Quand tu te douchais, certains te touchaient, te molestaient, ou quand on t'a enfermé dans les toilettes, tu t'en souviens, de ça ? Personne ne t'aime, personne ne t'a jamais aimé... Tu es un virus, un vrai virus. Au lycée, personne ne te connaissait, tu avais l'occasion de refaire de ta vie, de tout reprendre à zéro, d'être un autre homme... ! Tu pouvais avoir ton diplôme sans qu'on te hue, qu'on te jette des boulettes de papier lorsque ton tour viendra, pour remercier tes soi-disant proches... C'est triste de se dire que si tu ne t'étais pas assis à côté de Sin, tu n'aurais pas regagné ce statut de dérangé mental. Tu étais à ça de réussir, mais comme toujours, tu rates, encore et encore. Pourquoi tu ne nous écoutes pas ? A l'heure qu'il est, tu serais déjà avec tes nouveaux vrais amis, à rire, à fumer, tu serais dans les bras d'une belle demoiselle que tu te taperais dans les toilettes du lycée pendant les pauses, tu te masturberais tous les soirs en pensant à elle, tu découvrirais le plaisir d'une fellation, d'être masturbé, de la branlette espagnole, la levrette, le fait de faire jouir quelqu'un en un rien de temps. Tu es passé à côté de tout ça, à cause d'un connard de mécheux à lunettes qui lui, se branle dès qu'il est seul en pensant à toi. Et j'suis sûr que quand on te parle de sexe, tu penses à Gemma, à cette belle brunette pour qui tu avais le coup de foudre à l'époque, des cœurs dans les yeux quand tu la voyais... Pourquoi tu as gâché ta vie aussi bêtement ? Sin veut juste t'avoir dans son lit, comme le reste de la bande, car ils te voient comme leur jouet sexuel. A défaut de les prendre pour des joujoux, c'est toi qui te fais avoir, et en beauté, Oxymore.