Chapitre quinze.

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Disintegration - Eric Serra




Sept jours.






- Je ne peux plus le supporter, il est tellement méprisant, grogna le Britannique, exaspéré.

- La dernière fois il est venu chez moi pour me frapper, même Sin a un œil au beurre noir, surenchérit le métis sans avoir laissé de blanc s'installer.

- Je... Je peux comprendre, les gars, mais c'est peut-être parce que vous jouez avec ses nerfs, sans vraiment le vouloir... Parce que, jusque-là, il ne faisait rien de dangereux, balbutia Einsam, perturbé.

- De dangereux ? Mais tu t'entends, Einsam ? Ça fait des jours, voire des semaines qu'ils nous incitent à tuer des gens, il a planifié ça depuis des années. Tu l'as pas entendu, son speech ?

- S'il a planifié ça depuis des années entières, c'est pour une bonne raison. Il a été harcelé plus longtemps que nous, et il n'a jamais montré aucun signe de faiblesse malgré les pires saletés qu'on a pu lui faire.

- Mais de là, à tuer des gens, inclure ses soi-disant potes, juste pour se dire qu'il n'a pas été le seul à tuer, c'est grave, marmonna Sin, un sourire en coin pouvant se deviner dans sa remarque, toujours prêt à chercher la petite bête.

- Parce que vous meniez une vie aussi belle que la sienne, peut-être ? Je peux comprendre qu'Oxymore puisse vraiment être détestable, mais peut-être qu'il a eu une vie difficile avant d'arriver au lycée, on ne sait pas. On n'a jamais connu l'élément déclencheur de tout cela, à part ses bourreaux. Moi, j'dis, il faut lui laisser une seconde chance.

- Une... Seconde chance ? Il m'a dit de venir chez lui et m'a mis à terre dès que je suis arrivé dans sa chambre ! S'exclama l'Anglais avant d'apporter un violent coup sur la table avec son poing.

- Il y a toujours une raison qui se cache derrière ses actes considérés comme insignifiants, soupira l'Allemand.

- Peut-être, mais moi, j'en ai marre. Je ne peux plus supporter tout ça. Il nous fait tourner en bourrique.






Un énième débat relancé sur le même sujet, la même raison, le même début, la même fin, les mêmes arguments. Ils ne se sont jamais rendu compte que leurs disputes se ressemblaient toutes, qu'aucune d'entre elles n'a réussi à amener la paix au sein du groupe. Les rôles n'ont jamais changé, il y avait toujours cet homosexuel possessif, ce toxicomane grincheux, cet anorexique timide, cette erreur de la nature au bon fond, et ce psychopathe étrange. Ils avaient l'habitude de se rejoindre au Milkshake City. Chacun s'était attribué un rôle, tout comme le parfum de leur milkshake. Luiseva prenait un milkshake au cookie, à chaque fois qu'il venait ici, avec ou sans les garçons, Einsam et Opium, à la fraise, Sin est tombé raide dingue de ces milkshakes à la banane, puis Oxymore avait un faible pour ceux à la pêche. Ils avaient leur place respective, des horaires fixées pour leurs différentes sorties... Une vraie bande d'amis. Mais chaque bande a ses secrets, ses défauts, ses péchés. Aujourd'hui, une sortie sans la présence d'Oxymore était nécessaire pour une certaine mise au point à son propos, c'est Sin qui a eu l'idée, et c'est Einsam qui a voulu se rendre ici. Étrangement, le seul à prendre sa défense, c'était le châtain aux yeux chocolat, même si son ami était doté de tous les défauts jamais connus, il avait cette empathie qui ne cessait de lui coller à la peau. Même si le chef de meute lui en faisait voir de toutes les couleurs, il ne s'en plaignait pas tant que ça, du moins, pas autant que Sin. Lui aussi était difficile à suivre.








OxymoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant