Chapitre vingt-et-un.

294 26 1
                                    

My Chemical Romance - Mama.



Un jour.




Assise sur son fauteuil, recouverte d'un peignoir moelleux qui lui faisait rappeler la chaleur de son lit, un verre de scotch à la main, la belle anglaise fixait inconsciemment le sol, le regard vide à la fois. Ce n'était pas son premier verre. Il faisait toujours aussi froid, les météorologistes ont annoncé de la neige, beaucoup trop de neige, une tempête aura apparemment lieu, raison de plus pour s'inquiéter au sujet du bouclé. Deux jours qu'il n'a pas donné de nouvelles malgré l'ordre donné par sa mère. En dépit d'avoir eu la permission de récupérer l'intégralité de ses affaires, le brun s'est contenté de prendre les vêtements les plus légers qu'il avait, à l'heure qu'il est, il a probablement fait une hypothermie. Ses longs cheveux blonds étaient dépeignés, le visage davantage creusé par sa maladie, le malheur, la tristesse, le manque de nourriture ainsi que la fatigue, rien que son état physique en disait long sur son état mental. Elle a veillé toute la nuit, dans l'espérance que le français fasse son retour auprès d'elle, les raisons étaient nombreuses, elle s'en ait imaginées plusieurs, et c'est à cause d'eux qu'elle n'a pas pu fermer l'œil et trouver le calme dans sa tête l'instant d'une nuit. France se leva, traîna des pieds, ceux-ci enveloppés par des vieilles pantoufles, elle marchait mollement. Depuis son départ, tout est redevenu gris, tout est redevenu monotone, morose... Remplacer la souffrance par la tristesse et inversement... Elle était tiraillée. Devant la fenêtre, pensive, les mains dans les poches, elle admirait les flocons tomber. Ils étaient plus beaux lorsqu'elle les regardait avec lui, surtout quand il était petit, joufflu, quand il était assez innocent pour croire que le marchand de sable existait, mais assez mâture pour comprendre tout seul que le père Noël n'était qu'une pure invention qui berne tous les petits de son âge, assez sadique pour briser les rêves de ses amis à la cour de récréation en leur avouant la vraie provenance de leurs cadeaux. Elle en ricana. C'était beau de le voir si épanoui et sérieux à la fois...







Une femme, pour un verre, affrontant plusieurs souvenirs... La quarantenaire en avait mal à la tête, mais elle voulait mourir d'une overdose de réminiscences qui illuminaient son esprit peu à peu.







Un coup contre la porte, elle ne put s'empêcher de sursauter







Avec méfiance, la jeune femme s'approcha de la porte, arrangeant son peignoir, ses cheveux en bataille, sa mine, elle tenait à paraître la plus sereine possible... Ça a marché, mais à moitié. Sa main s'empara de la poignée et elle crut faire un malaise sur l'instant. Elle s'effondra, une fois de plus. Encore une chute, un nouveau signe de faiblesse, elle s'avouait déjà vaincue. Ses genoux heurtèrent le sol aussi violemment que la nouvelle qu'elle a apprise. Le choc était si brutal, qu'elle se mit subitement à sangloter, à exploser, comme elle avait l'habitude de faire à n'importe quel moment de la journée. La jeune femme face à elle s'agenouilla devant la belle, et caressa sa masse de boucles dorées. Son ton rassurant ne faisait qu'empirer les choses, elle fit tout le contraire de ce que la quarantenaire s'attendait à ce que France fasse.







- Non... Murmura-t-elle, médusée.

- Je pensais que ma venue te plairait, lâcha la jeune femme, d'un ton faussement déçu.

- Si... Si... Anne... Mais qu'est-ce que tu fais là ?

- Je voulais prendre des vacances, ça fait du bien de revenir ici... Et puis, devine qui j'ai ramené.







C'est sans plus attendre qu'une nouvelle silhouette apparut devant ses grands yeux bleus. Une demoiselle, moins âgée que les deux autres, de longs cheveux blonds, de beaux yeux clairs, des taches de rousseur... France enfouit son visage fatigué dans ses fines mains, ses larmes reprenant leur trajet habituel.







OxymoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant