Chapitre onze.

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Tove Lo - Habits (Stay High).





- Ouah, c'était super, putain ! J'en r'viens pas !




Chacun était immaculé de sang, plusieurs gouttes repeignaient chaque parcelle de leur peau pâlie par la froideur habituelle. Il faisait toujours aussi froid, mais le stress qui les rongeait, qui les réchauffait désagréablement autrefois, s'est envolé comme la vie de ces quatre étudiants qui ont rendu celles des criminels abominables. Même Luiseva y a participé. Jonglant entre la culpabilité et le soulagement, le blond ne se reconnaissait plus. Même lui a poignardé ce connard, en particulier, Jai, qui plongeait sa tête dans la cuvette des toilettes salies par l'usure, il le noyait volontairement mais il y avait toujours quelqu'un pour intervenir au dernier moment, au dernier souffle que Luiseva ne pouvait plus contenir. Il goûtait toujours plus à cette eau immonde dont il connaissait la saveur par cœur. En dépit de cet acte barbare, il a pleuré, il en a pleuré. Oui, Luiseva a pleuré pour un de ses nombreux bourreaux dont le nom lui restait sur la langue, comme cette eau tout sauf propre. Sentir ce sang gicler sur ce pauvre visage innocent jusque-là, était la goutte d'eau qui a fait débordé le vase. Les autres étaient tellement heureux de se révolter aussi radicalement, de faire comprendre toute la souffrance qui a grandi en eux pendant des années entières à ces quatre lycéens dont le nombre allait bientôt augmenter en flèche, qu'ils ne s'arrêtaient pas de gesticuler, danser de joie, sauf lui. Il a vu des plaies profondes se former, des entrailles ressortir d'un corps désormais caché quelque part, ses yeux se figer, tout comme son cœur et le reste de ses membres. En plus d'en avoir pleuré, il en a vomi, et pas qu'une fois. Cette vision d'horreur n'était pas supportable pour lui.






Il ne pensait pas que le premier plan d'Oxymore serait aussi dangereux, sanglant et violent. Il s'attendait à des petites farces qui pouvaient faire tourner Jai et les autres en bourrique, les faire paniquer jusqu'à ce qu'ils comprennent la leçon, voire leur apporter deux trois coups pour qu'ils calment leurs pulsions sur les cinq garçons. Mais venant de lui, il n'aurait même pas dû être surpris. Cependant, son premier meurtre a été plus que traumatisant, il était tellement choqué qu'il ressentait presque tous ces coups, ces coups de poignard que les garçons leur ont portés, il n'a pas imaginé les choses ainsi. Chacun y a pris part à sa manière: Luiseva les a drogués pour les démunir de toute force, Sin les a frappés jusqu'à ce que du sang coule et que des hématomes se forment, Opium et Einsam les ont poignardés, une vingtaine de fois, à tour de rôle, et Oxymore les a tout simplement regardés faire, avec une certaine fascination. Ce dernier essayait de décerner les erreurs à ne plus refaire chez ses amis pour qu'ils puissent mieux progresser et éviter ses habitudes d'amateur. Il s'est contenté de transporter les cadavres qui laissaient échapper des litres de sang sur ses épaules puis sur ses vêtements. Certains souhaitaient voir le chef d'oeuvre qu'ils ont réalisé, mais le bouclé préférait passer plus de temps avec les premiers morts à moitié nus. C'était son petit truc à lui, de s'occuper des morts à sa manière. Leur donner une deuxième vie. Quant aux autres victimes, ils ont connu le même sort, mais en moins violent, comparé à Jai. Visiblement, il a été le pire de tous, le pire des connards, le chef de la brigade des connards. Les garçons n'ont jamais su ce qu'Oxymore faisait avec eux et pourquoi. Ils ne cherchaient plus à comprendre depuis le temps. Le ciel s'éclaircissait, les oiseaux commençaient à gazouiller, les morts augmentaient. Dans la voiture du grand brun, les défunts enfermés dans le coffre, tous entassés malgré la petite taille de celui-ci, Oxymore s'est senti obligé de leur briser certains os pour les contorsionner correctement, afin d'éviter l'apparition d'une main, d'un pied qui tenterait de prendre la fuite en passant par là où ils sont entrés. Une vraie partie de Tétris. Dans sa voiture, le trajet, une énième fois, se déroulait dans un énorme silence. Un silence complice, mais qui représentait l'atmosphère assez tendue. Bien qu'ils se soient tous entraidés sans problème, que la majorité ait pris du plaisir en assassinant ces élèves, les quatre membres ne savaient plus quoi faire pour dégager cette tension pesante.

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