Oxymore

Chapitre trente-deux.

CASSIUS – I love you so.

Lundi, jour horrible pour les étudiants qui doivent se remettre de leurs magnifiques jours de repos qu'ils auraient voulu prolonger, ils auraient voulu se remettre de leurs émotions, mais les voilà à se retrouver nostalgiques jusqu'à la fin de la semaine. Les pieds qui traînent, des bâillements indiscrets, des grognements, tout le monde avait droit à la mauvaise humeur d'autrui, particulièrement les professeurs qui faisaient cours dans le vide alors qu'eux aussi étaient exténués et rêvaient de sentir la douceur de leur matelas sous leurs corps qui se fatigue au fil des années.

Durant ce lundi-là, il neigeait, et ce n'étaient pas de simples flocons qui tombaient abondamment. C'étaient ces flocons qui nous aveuglent dès qu'on lève la tête, qui nous refroidissent le visage, qui nous énervent, ces flocons que l'on a désirés mais que l'on déteste lorsqu'ils se montrent en bande. Il faisait horriblement froid, ils étaient tous emmitouflés dans leurs grosses vestes hors de prix qui se ressemblaient toutes. Personne n'était ravi de rejoindre des salles de classe ternes et froides qui empestaient le renfermé, à écrire sur une table inondée de dessins, de numéros de téléphone, des insultes ou encore des sexes grossièrement représentés, à déranger la classe entière rien qu'en souhaitant rapprocher cette vieille chaise qui grince au moindre mouvement, à voler quelques mèches de cheveux pour les malheureux qui ont de longues crinières... L'enfer était si connu qu'il a ouvert plusieurs établissements où un type de personne était visé : le lycée, emprisonnant les adolescents.

Imad était la représentation parfaite d'un élève frustré par le système scolaire qu'il blâmait depuis qu'il l'a connu. Il maugréait sans cesse, ce qui avait le don d'irriter ses amis jamais loin de lui, comme James, ce châtain ayant les mêmes traits physiques que ceux d'Einsam alors que leurs caractères étaient bien différents l'un de l'autre, qui se permit de claquer la paume de sa main sur l'arrière de la tête du jeune homme, encore déboussolé par la fatigue. Surpris par ce geste pire qu'inattendu, il jeta un simple regard noir qu'il dispersa sur le reste de ses amis, c'était une sorte d'avertissement, comme à l'égard d'Amara, et de Nassim, puis enfouit ses mains dans ses poches profondes qui comprenaient un bon nombre d'objets dont lui seul avait le secret.

- On a quoi, là ?

- Je ne sais pas et je m'en fous. On va se contenter de suivre notre groupe.

- On est en demi groupe... ?

- Bah oui, soupira Amara, d'un air dédaigneux.

- Mais de quoi tu te mêles ?

- Bien je suis avec vous, pardi.

- « Pardi » ? Ça y est, tu enrichis ton vocabulaire ? Demanda-t-il en pouffant.

- Ce que j'enrichis le plus, c'est le cul de ta mère, connard, cracha-t-elle en assombrissant son regard.

La meute d'élèves est définitivement partie dans un fou rire interminable qui perturba le lycéen, surpris par tant de mots crus dès le matin, admirant la scène qui se déroulait sous ses yeux bruns. Il se tut, prit une grande inspiration puis imita le geste de James sur la brunette qui gémit de surprise. Imad ne semblait pas de bon poil, aujourd'hui.

- Les autres sont en train de partir !

- Qui a dit qu'on devait y aller ? On peut rester un peu, on est bien, là, répondit Imad en esquissant un sourire faussement innocent.