Chapitre douze.

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Lana Del Rey - High by the Beach.






La météo a retourné sa veste, alors que celle-ci prévoyait une température convenable pour pratiquer leurs activités extra-scolaires dans la nature, une averse s'est violemment abattue dans la capitale. Les voilà en train de traîner dans la gadoue, à traîner deux élèves à moitié endormis, une infime partie de leurs sens encore en marche, dont l'ouïe et le toucher, et rien que de sentir cette pluie peu clémente avec le groupe d'étudiants les incita à se réveiller. En plus du tonnerre, les hurlements incessants des nouveaux élus résonnèrent faiblement dans le terrain vague. Oxymore marchait tout devant, il guidait le groupe qui peinait à traîner leur butin. Deux tenaient deux bras pour une personne, c'était équilibré. Einsam et Sin tenaient le plus lourd, quant au sac d'os aux cheveux dorés puis à la poubelle à drogues tenaient le plus léger. Leur voiture contenant toujours ces quatre cadavres laissant déjà une délicate odeur dans le coffre, cette dernière était garée beaucoup plus loin, impossible d'écourter leur marche avec toute cette boue mélangée à d'autres substances dont Oxymore préférait ne pas imaginer. Le temps rajoutait une touche de drame, les cris rajoutèrent de l'adrénaline dans les veines du mécheux puis de son confrère. Le bouclé a vivement conseillé à ses quatre acolytes de passer aux poings ou aux menaces si leur gibier était trop bruyant, il fallait agir rapidement, que ce soit avec les poings ou avec les mots, à utiliser avec violence, bien-sûr. Il aurait pu y avoir du soleil, un ciel bleuté avec quelques cumulus, un peu de vent, mais pas une telle tempête ! Comment allaient-ils faire pour emmener leurs nouvelles victimes à destination sans montrer la moindre difficulté, sans qu'un des deux innocents parvienne à se débattre, prendre la fuite, puis les dénoncer, malgré leur visage soigneusement masqué, ainsi que les mains gantées.





 Oxymore a caché sa plaque d'immatriculation, repeint sa voiture d'une autre couleur, que ce soit pour se faire moins repérer que pour ne pas être reconnu. Prudence est mère de sûreté. Il a toujours été habitué à ce genre de chose. Les forces des quatre nouvelles recrues du crime s'épuisèrent au fur et à mesure, mais ils réussirent à les emmener à destination avant que l'envie de tout lâcher leur monte à la tête.



- Maintenant, on fait quoi ? Demanda l'aîné en posant ses mains sur ses hanches, essoufflé.

- Je suppose qu'Oxymore s'en chargera à notre place, répondit naturellement Opium.







Effectivement, il avait raison, c'est naturellement que le jeune mentionné hocha la tête. D'une démarche assez féline et déterminée, le brun se rapprocha du mécheux, le transperçant du regard, jusqu'à ce que son souffle heurte son visage. Pendant de longues secondes, les deux individus se fixèrent intensément, le bouclé ne clignant pas des yeux une seule fois, ils ne s'humidifiaient pas, ils ne pleuraient pas tous seuls. Ils restaient toujours aussi envoûtants, avec ses pupilles cette fois-ci dilatées. Devant un tel spectacle, les lycéens ne surent plus trop quoi penser ou dire pour mieux comprendre la situation actuelle. A travers son masque blanc, l'émeraude rendit la bleuté folle amoureuse une fois de plus. Ça avait tout l'air d'être une plaisanterie, une caméra cachée, ou une scène reprise dans un film, c'était trop beau pour être vrai, trop fluide, trop bien calculé pour que tout ça soit improvisé, imprévu. Le frisé se pencha vers Sin qui prépara aussitôt ses lèvres en soulevant avec précaution son masque pour lui donner plus facilement accès, mais c'est en voyant les yeux du plus jeune s'écarquiller jusqu'à ce qu'ils ressortent de leurs orbites qu'il renonça immédiatement à cette idée. Et pourtant, il était certain des prochains événements, au lieu de sentir ses lèvres charnues contre les siennes, il sentit ses mains prendre possession de ses fines hanches, fortement marquées par la maigreur. Ils approchaient du but, il lui offrait un tout nouveau contact qui le faisait rêver plus tôt. Les lèvres auraient dû maladroitement s'entrechoquer pour que la langue de l'un caresse sensuellement l'autre. Il le tenait déjà par les hanches, c'était déjà ça. Ses mains qui commençaient à réchauffer le bas du corps se faufilèrent discrètement dans les poches de la veste de son interlocuteur pour attraper une certaine chose qui était nécessaire pour le reste de son plan... Briseur de rêves, briseur de cœur, briseur d'espoir, voleur de vie, voleur de sentiments, tout cela était dédié pour le grand bouclé aux yeux perçants.







OxymoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant