Chapitre quatorze.

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First Cells - Eric Serra.





Toujours six heures du matin, toujours en compagnie d'Oxymore, toujours aussi fou. Ses idées farfelues ne cessaient jamais de fuser dans sa tête déjà remplie de différents déchets. La température est redevenue ambiante, pas parce que le brun s'est relancé dans ces activités malsaines, ni parce que celui-ci a sacrifié son ami, il a encore moins profité de sa vulnérabilité pour découvrir réellement le plaisir de la chair. Ce dernier était tranquillement allongé sur le lit, le choc de cet uppercut l'ayant carrément plongé dans un énième malaise qui pour lui, était une simple sieste parmi tant d'autres. Il aimait tellement dormir... On se demandait même parfois même s'il ne profitait pas un peu trop de cette particularité, et la considérait comme un avantage plutôt qu'un désavantage. Les seuls détails étaient que l'aîné était à moitié nu et bâillonné. Ses yeux, ses belles lèvres, ses mains, ses pieds, chaque partie capable de bouger, susceptible de défaire les nœuds était noué. Des jolis nœuds. Oxymore aimait beaucoup faire les choses proprement, soigneusement, et différemment, peu importe le type de l'action. Il a fait attention à ne pas trop serrer, son sang pouvait couler dans ses veines sans ressentir une de leur pire crainte : s'arrêter contre leur gré. Autre détail à ne pas oublier, sa porte était verrouillée. 




 Être en bon état... Il ne connaissait même plus cette expression. Le soleil brillait de mille feux, mais vu l'état des arbres nus, subissant les nombreuses caresses obscènes de la houle, on pouvait déduire que cette dernière était assez dangereuse pour les frileux et les fines branches fragilisées par la fraîcheur. Sin était comme les arbres, et Oxymore était comme le zéphyr. Assis sur son bassin, les genoux bloquant ses hanches, au cas où, le grand brun fit maladroitement parcourir ses longs et fins doigts le long de son corps, il regarda attentivement ses propres gestes, son regard assombri par les cernes mais éclairci à la fois grâce à ses yeux verts écarquillés. Il ne voulait pas louper une miette de ce qu'il faisait, un clignement d'yeux, et tout pouvait s'écrouler sous ses doigts, en une fraction de seconde, sa douceur inhabituelle pouvait s'envoler, se faisant emporter par tout ce qu'il y a de plus mauvais. Il ne tenait pas à faire de faux pas. A le regarder, on aurait dit un innocent en train de désamorcer une bombe, ou pratiquant tout autre acte créant un énorme contraste sur sa personnalité, comme dans les films, là où le plus calme s'avoue être une bête féroce, ou le dur à cuire est en réalité doux comme un agneau. Mais là, ce n'est pas un film. C'est la vie, la vraie, la réalité. Là où on n'entend pas le fameux son qu'on émettrait au moindre coup de poing, l'adversaire ne se relève pas pour se défendre et prolonger la bagarre, on n'est pas tout de suite recouvert de diverses blessures, de sang, on est tous déboussolés, on ne voit plus très bien, on en devient même inconscients, ou en pleurs, voire les deux en même temps. Celle où, quand on n'a pas ce qu'on veut, on fait la moue et on attend que la chose vienne toute seule, sans réfléchir des heures, des jours, des mois entiers. 




La réalité, c'est quand Oxymore devient anxieux à l'idée de toucher le corps de son interlocuteur, celle où ses doigts tremblent automatiquement rien qu'à la sensation chaude de sa peau sous ses extrémités. Elle était douce, assez chaude, lisse, malgré les quelques poils sur son torse. Sin pouvait être beau, finalement, aussi beau que le bouclé qui le contemplait sans s'en rendre compte. Visage long, yeux bleus tombants, sourcils arrondis, fines lèvres pincées, longues dents, assez barbu...

OxymoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant