Chapitre vingt-sept.

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ALESSIA CARA - Here.





Madame Becker, magnifique professeure d'allemand, investie dans son travail - un peu trop d'ailleurs -, dotée d'une fluidité orale qui rendait fou son admirateur secret. C'est le genre de professeure à constamment donner des devoirs et interroger au hasard. Le quart des germanistes ne la portent pas dans leurs cœurs pour ces méthodes-là. Mais on ne pouvait pas la trouver laide. Son sourire illuminait la salle aux couleurs chaudes, ses veines apparentes sur son front et sur son cou intriguaient fortement le protagoniste, son style vestimentaire ne changeait jamais : elle se bornait à se recouvrir d'un simple pull foncé (gris, bleu marine, ou noir seulement), et un pantalon noir. A cause de son visage poupin, on pouvait facilement la confondre avec une élève. 





Madame Blanchet, professeure de S.V.T lamentable, qui préfère largement raconter sa vie personnelle et rabaisser ses élèves plutôt que d'enseigner une matière que le bouclé adorait jusqu'à ce que cette mégère pointe le bout de son nez aquilin. Personne ne l'aimait. Elle était énorme, méchante, avec de gros grains de beauté sur son visage déjà peu gâté par la nature et des chemisiers au bord de l'explosion. Gare aux élèves de devant. Il paraît qu'un élève de première année aurait reçu un des boutons de la professeure en plein visage. Depuis, il en garde un mauvais souvenir. A vie. Il a toujours la marque sur le front.





Monsieur Daniels, professeur de français, il est comme le protagoniste sur un point : amoureux de l'hexagone. Persuadé que ce dernier triche et ment sur ses origines, Daniels lui colle exagérément des notes insuffisantes sans justification, d'où cette chute libre inexplicable qui perturbait fortement la mère adoptive de celui-ci. Il avait l'impression d'avoir de la concurrence, et se faire laminer par un gosse de dix-sept, il n'y a pas plus gênant. Oxymore tentait vainement d'expliquer cet abus de pouvoir et fierté excessive de ce tyran, mais France était sûre qu'il disait cela pour ne rien avoir à se reprocher et avoir l'esprit tranquille, or, elle ne l'a jamais compris. Elle pataugeait dans sa naïveté exagérée.






Madame LaBoeuf ou Monsieur Jones, professeurs d'anglais qui adorent alterner leurs jours de travail pour amuser leurs élèves. Assez beaufs et vieux jeu, ils ne faisaient rire personne, sauf ceux qui ont un train de retard niveau humour ou tout simplement ceux qui ont pitié d'eux et qui sont gênés par les blancs que laissaient volontairement les autres, ceux qui mettent mal à l'aise... Ils voyaient bien ces enseignants ensemble. Si l'on s'accrochait aux rumeurs, ils auraient déjà eu une aventure dans la salle des professeurs. Une élève de seconde voulait remettre un devoir maison en retard le jour du conseil de classe et elle serait tombée sur le couple idéalisé, à moitié nu. Madame LaBoeuf aurait été aperçue la buste contre le mur avec Monsieur Jones derrière elle à la culbuter sagement. Selon les dires de cette même élève, ils étaient très bruyants et n'avaient pas remarqué la nouvelle présence seulement après qu'elle est partie. Depuis, ils sont beaucoup moins proches et amusants... Bizarre, tiens. Mais cette rumeur a permis à l'adolescente de rentrer dans la case populaire sans problème. Comme quoi, une rumeur peut arranger la vie de l'un en détruisant celle de l'autre.

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