MELANIE MARTINEZ – Sippy Cup
Les fenêtres étaient ouvertes, pour une fois. Ils prenaient tous l'air comme il pouvait. Cette journée s'annonçant chaude, si chaude que les rescapés se sont fait une petite folie : inhaler l'air frais comparé à cette odeur de renfermé qui les empoisonnait. Chacun enviait les passants à sa manière en les voyant déambuler dans les rues sans se douter que plusieurs adolescents les scrutaient du regard avec envie, cela en devenait malsain. La météo ne prouvait plus aux pauvres Parisiens que la saison qui se présentait à eux était l'hiver, étant des victimes habituelles de nombreuses crises de bipolarité de la part de cette dernière. Luiseva, Sin, Opium et Einsam étaient scotchés aux fenêtres assez aimables pour leur offrir une vue sur les trottoirs, des rues assez connues pour être piétinées par les habitants de l'hexagone. Ils respiraient faussement l'air à leur place, lorsqu'il voyait les quelques arbres survivants aux rafales de vent, ils regardaient les innombrables feuillages se faire violenter avec envie. Maintenant qu'Oxymore était de sortie avec les garçons, pour une raison que les autres ne souhaitaient pas savoir, ils s'occupaient comme ils pouvaient. Le calme remplissait facilement les pièces depuis de nombreuses heures à présent, mais rien n'était calme dans la tête de Gemma. Ses grands yeux dorés étaient comblés par l'image blonde du jeune sensible à la crinière racinée par des mèches brunes qu'il tentait de cacher désespérément en la laissant au naturel, ébouriffée. Le tournis commençait à se faire ressentir, or, elle luttait contre ce désagrément pour nourrir ses prunelles qu'elle ne refermait point de son visage angélique. Elle ne voyait que lui, elle ne voyait que ce Finlandais aux origines irlandaises, elle ne voyait que ce faux blond, elle ne voyait que Luiseva. Gemma trempait dans l'obsession sans nécessairement forcément s'en rendre compte. Mais lorsque ce fut le cas, elle ne réagit pas plus qu'avant. Le salon se vidait petit à petit de meubles jusqu'à avoir complètement son camarade devant elle. Il ne restait qu'elle et lui, seulement eux. Ce canapé bon à jeter, cette table rafistolée et ces rideaux mal accordés par rapport au décor ne comptaient plus du tout à ses yeux. Au fil du temps, Luiseva se rendit compte qu'un certain regard oppressant le harcela, il avait l'impression d'être observé par ce même regard qu'il a toujours connu malgré lui... Sauf que ce n'était pas lui, c'était son alter ego. Soi-disant.
- Que se passe-t-il ? Demanda-t-il d'un ton peu rassuré.
- Rien, je te regarde... Dit-elle, d'une voix douce et détendue.
- Mais pourquoi ?
- Parce que tu es beau, et j'aime bien regarder les belles choses.
- Oh, je vois... Finit-il par lâcher, perplexe et gêné à la fois.
Les joues du concerné s'empourprèrent au fil des mots que la jeune blonde énonçait, même s'il tenait à montrer un brin d'indifférence face à ses mots pire que flatteurs, il tenait à faire bonne figure, à garder la tête haute, ou au moins donner un semblant de nonchalance face à des mots si enjôleurs. Le reste de son corps prit feu, toutefois, ces mots sonnaient faux. La récurrence de compliments aussi concrets et dits comme s'ils n'étaient pas pensés était aussi rare qu'une éclipse. La seule différence était que l'on peut être sûr que l'éclipse existe vraiment.
- Tu me gênes...
Son plan s'avérait déjà prometteur. Le blond laissait l'embarras parler pour lui : il se tortillait nerveusement sur lui-même, cachait ses mains en étirant ses manches au maximum, oubliant le fait qu'il y avait de très grandes chances que son pull finisse difforme ; gloussait, mais ça, en revanche, c'était rare, il baissait la tête pour cacher ses rougeurs un peu trop voyantes. Gemma se rapprocha de lui, jusqu'à avoir sa poitrine compressée contre son échine, sur laquelle les os lui faisaient obstacle. Ses ongles vernis redessinèrent difficilement ses épaules, étant peu habitués à avoir des os aussi proches de son toucher, cependant, elle entama une longue descente le long de son bras, oubliant l'idée qu'elle pouvait sentir un nouvel os qui risquerait de la dégoûter sur le moment. Son pauvre corps se raidit soudainement en sentant ce contact devenir de plus en plus intime.
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Oxymore
FanfictionOxymore, jeune surdoué psychopathe aux lubies étranges. Sin, redoublant homosexuel, jaloux, possessif et borné. Opium, cadet toxicomane, solitaire et discret. Einsam, rat de la bibliothèque, intimidé depuis son entrée dans sa première école, fils un...