Chapitre 19

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Le crépuscule s'annonçait à peine que Sori et Charlotte sortaient déjà du camp qui était en train d'être monté pour la nuit. La veille, l'un des intendants avait affirmé à la maître queux qu'ils allaient manquer de champignons et qu'il fallait rationner les quantités dans les préparations. La cuisinière avait connaissance de la consigne de sécurité, mais la Kross refusait de priver son seigneur d'une saveur dans ses plats, alors par orgueil ou excès de confiance elle avait pris la décision de faire une collecte improvisée dès qu'ils arriveraient à leur prochaine étape.

Les deux amies s'éloignèrent de leur petite ville de toiles en pleine édification et s'enfoncèrent en forêt. Elles marchèrent un moment avant de trouver ce qu'elles étaient venues chercher, un gros rond de champignons noirs, qui avaient pour Charlotte une texture spongieuse et une odeur âcre.

De là où elles étaient, elles pouvaient entendre les bruits devenus familiers du campement, Charlotte qui n'avait pas vraiment le sens de l'orientation comprit qu'elles ne s'étaient pas enfoncées dans les bois, mais qu'elles avaient longé la lisière. Pressées de rentrer, elles commencèrent leur cueillette avec de petits couteaux. Très vite leur récolte remplit les deux paniers.

Sori releva la tête, attirée par une présence non loin d'elles. La cuisinière se redressa lentement et saisit le bras de Charlotte pour l'interpeller. Charlotte regarda le gros animal -sorte de chat sauvage avec de longs crocs, comme ceux d'un tigre à dents de sabre. Presque ventre à terre, il les étudiait, prêt à bondir sur ses proies.

Charlotte qui faisait confiance à Sori, garda son calme, mais elle ne pouvait détacher son regard du splendide et terrifiant félin. La cuisinière déposa son petit couteau dans l'un de ses paniers et sortit la dague qu'elle portait à la ceinture, tout en poussant lentement Charlotte en arrière.

— Surtout, ne crie pas et ne cours pas non plus, chuchota Sori.

— Il n'a pas l'air peureux, marmonna Charlotte.

— C'est un Aronx, un prédateur, répondit Sori tout en gardant l'animal à l'œil. Ses griffes sont aussi acérées que les deux lames qu'il porte en guise de dents.

Le félin baissa la tête et se déplaça lentement cherchant à tourner autour d'elles, pour évaluer la plus faible et donc la plus facile à tuer, semblait-il à Charlotte.

Charlotte et Sori continuaient de reculer en restant légèrement voutées. L'Aronx choisit de bondir sur la quinquagénaire aux yeux rubis. La cuisinière roula à terre et lâcha sa dague, s'efforçant de garder les dents acérées loin de sa peau. Seulement, le félin lui planta ses griffes dans l'épaule, la faisant hurler de douleur.

L'Aronx allait enfin pouvoir planter ses crocs dans son cou, mais Charlotte s'empara d'une grosse branche et le frappa de toutes ses forces entre les oreilles. Surpris le félin recula. Il reçut un autre coup sur le dos. Le prédateur préféra fuir et disparut dans la brume naissante de l'épaisse forêt.

La jeune gothique s'agenouilla près de Sori, affolée à l'idée que son amie soit trop gravement blessée. Les entailles faites par l'énorme patte de l'Aronx, avaient déchiqueté les chairs et le sang coulait abondamment. Charlotte retira son manteau, puis leva sa tunique pour retirer le bandage qui dissimulait sa poitrine.

Elle saisit la dague pour déchirer en deux la bande de tissu et créa une ligature compressive pour contenir l'hémorragie. Une fois le bandage terminé, Charlotte remit son manteau et aida son amie à se lever, armée de sa grosse branche et de la dague. La jeune femme qui soutenait Sori pour marcher, ne pouvait s'empêcher de regarder derrière elle, de peur que l'Aronx revienne à la charge, mais elle avait conscience de l'urgence, car Sori était blême, gémissante et transpirait à grosses gouttes. 

Kross : le peuple guerrier T1 🔞(terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant