Chapitre 51

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Après cette nuit-là, une douce routine s'installa. Leurs journées bien remplies passaient paisiblement. Charlotte participait activement aux tâches qu'on lui attribuait : tantôt la confection des galepains et des repas, tantôt leur distribution, tantôt les diverses tâches d'intendance... et Erakris la sollicitait parfois pour changer les bandages des blessés.

La gothique s'adapta vite au rythme du campement, puisque d'une certaine manière les hommes vivaient en 3x8 et que les équipes veillaient par roulement : matin, après-midi et soir. Ces rotations impliquaient que le campement ne dormait jamais totalement, mais le calme était le maître mot.

La neige cessa de tomber pour laisser la place à un air glacial, qui rendit les allées du campement verglacées et donc terriblement glissantes.

Charlotte qui avait froid avec ses cheveux courts, avait demandé à Riyès s'il pouvait lui trouver des pelotes de laine. La jeune femme qui aimait les travaux manuels, avait appris le crochet, le tricot et la couture. C'était d'ailleurs sa grand-mère qui l'avait initiée. Elle se confectionna rapidement un grand et large tour de cou, qui lui tenait les épaules et la gorge au chaud et qu'elle remontait sur la tête pour se protéger du froid, elle ajouta des mitaines pour se protéger les mains.

Les favorites de Sinn lui demandèrent de leur faire les mêmes vêtements chauds, ce qu'il trouva étonnant parce qu'à l'arrivée de Charlotte, les femelles l'avaient vue comme une menace et voilà qu'un effet de mode les avait rendues presque amicales.

Charlotte et Malé avaient même fini par véritablement sympathiser, puisqu'elles devaient très souvent coopérer dans leurs missions quotidiennes.

Le soir, Charlotte et Sinn partageaient leurs maux : la jeune femme avait détaillé les sévices que Daryl lui avait infligés, elle chercha à expliquer à Sinn comment elle pouvait avoir aimé et détesté en même temps Lyrad. Puis, elle lui fit part des confessions de Daryl, même les plus futiles.

Sinn lui raconta les méthodes d'éducation de Carron ; la façon dont il avait retrouvé sa mère pour mieux la perdre ensuite ; sa rencontre avec Houria, sa future épouse.

Charlotte piqua quelques fards quand le seigneur des Kross détaillait leurs séances érotiques durant l'année avant leur mariage. Il lui parla de ses frères, de ses voyages, de la liaison d'Houria et de Carron...

Au-delà de toute attirance physique, le seigneur des Kross trouva en elle une confidente fidèle, et cet exutoire leur fut bénéfique à tous les deux : Charlotte, émotive, avait parfois ri et beaucoup pleuré en entendant les récits de Sinn. Lui avait été une oreille attentive pour la jeune femme et il avait trouvé les mots justes pour apaiser ses craintes, au point qu'elle n'avait plus d'angoisses nocturnes.

Sinn et Charlotte étaient toujours francs et honnêtes l'un envers l'autre. Ils s'interrogeaient mutuellement et la jeune femme n'avait pas manqué de le questionner sur son absence de réaction face à la liaison de sa femme et de son père. Sinn répondit que la pire des punitions qu'il pouvait lui infliger, était de la laisser poursuivre avec Carron : en refusant d'engrosser l'épouse de son fils, Carron n'avait qu'une « voie praticable ».

Charlotte s'étonna de sa patience face à son père. Sinn sourit parce qu'il avait soigneusement réfléchi à sa vengeance. Carron qui avait été contraint de marcher avec une canne, vit son pied douloureux être rongé par la gangrène. La putréfaction monta dans son mollet pour finir à mi-cuisse, et Carron avait eu une lente et putride agonie.

Sinn expliqua à Charlotte qu'il avait eu le plaisir d'assister au dernier moment de sa vie :

Carron lui avait reproché d'avoir laissé sa catin d'épouse poursuivre cette liaison, expliquant qu'à sa place il l'aurait envoyée « au trou » tout comme sa mère. Sinn répondit à son père, qu'il avait choisi de laisser faire pour infliger la pire des sentences à Houria. Quant à la sanction pour son père, Sinn lui promit qu'après sa mort, il ferait disparaître toute trace de son existence. Le seigneur tyrannique des Kross allait être purement et simplement effacé de leur histoire.

Sinn quitta la chambre de son père après son décès. Peu de temps après, il fut désigné comme nouveau seigneur du peuple Kross et dans la foulée, il tint la promesse qu'il avait fait à Carron.

Kross : le peuple guerrier T1 🔞(terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant