Lorsque Charlotte se réveilla, elle eut la sensation d'avoir été passée à tabac. Son corps endolori et meurtri refusait de lui obéir. Sans compter que la douleur lancinante sous son crâne lui rappelait que la journée de la veille avait été un vrai cauchemar. Alors pour émerger doucement, elle cligna des yeux puis fixa un plafond fait de toile.
Flanquée d'un mal de tête et nauséeuse, Charlotte réalisa qu'elle était allongée sur ce qui semblait être un matelas, mou mais confortable, et qu'une grosse couverture la bouchait jusqu'au menton. Malheureusement, sans même porter la main à sa gorge elle savait que son collier en acier était toujours à sa place, autour de son cou.
Incrédule et le corps raide, la gothique s'obligea à s'asseoir espérant que la position couperait sa récente envie de vomir. Les sens en éveil malgré tout, Charlotte trouva qu'une odeur agréable mais difficilement identifiable flottait dans l'air, peut-être l'association de cire et une fragrance d'essence de bois, en tout cas l'endroit était sec, lumineux, chaud et calme.
Une quinquagénaire, petite mais plantureuse, aux yeux rubis et aux cheveux bruns grisonnants, entra sous la tente et l'étudia d'un air dépité, tout en tenant une petite pile de vêtements et un genre de bottes.
Sori fut soulagée de trouver le garçon éveillé, le campement était en train d'être démantelé et la cuisinière en chef n'avait pas envie de faire partie des retardataires. Elle s'approcha et montra à l'étranger qu'elle avait des vêtements pour lui. La Kross savait que le garçon ne comprenait pas leur langue, mais elle lui parla malgré tout :
— Voici des vêtements chauds et tes frusques étranges ne semblent pas très confortables.
Sori déposa son petit colis sur le bord du matelas. Les yeux du garçon allaient des vêtements à elle, se demandant sûrement ce qu'il devait faire. Pressée et résignée, Sori se tourna pour commencer à ranger ses affaires, mais elle sut que l'adolescent venait de se lever.
— Il faut faire vite, déclara-t-elle. Le convoi doit se mettre en route d'ici une heure à peine. Tu as dormi trop longtemps, mais c'est ma faute, je ne voulais pas te réveiller avec ce qui t'est arrivé hier. Du repos me semblait plus que nécessaire.
La femme aux yeux rubis se retourna au moment où Charlotte enlevait son pull ample, laissant apparaître un bandage. La jeune femme cultivait le look androgyne depuis peu et c'était sa manière de cacher sa poitrine.
Sori se pétrifia en réalisant que le garçon était en fait une fille... une jeune femme et plutôt bien faite. La maître queux se pressa pour s'assurer que les rideaux de la tente resteraient bien fermés le temps que la jeune femme s'habille.
Une fois vêtue d'un pantalon en laine marron, d'une tunique verte et d'un grand manteau marron, Charlotte, chaussée de bottes trop grandes, fixa la quinquagénaire, attendant la suite.
Sori soupira en étudiant l'étrangère, car elle avait l'air de flotter dans ses vêtements et elle avait toujours ses peintures noires sur le visage. Le coup qui l'avait assommé, ne lui avait pas éclaté la peau, mais l'avait teintée d'une couleur rouge violacé.
Sori se demanda si elle devait prévenir Sinn de sa découverte. La Kross avait conscience que plus elle tardait à l'en informer plus elle aggravait son cas, ou plus exactement leur cas à toutes les deux. Sauf que l'expression contrite et apeurée de l'étrangère eut raison de son cœur. La cuisinière choisit de se taire et lui apporta un broc d'eau fraîche.
— Ton visage, lui dit-elle en mimant des larmes ruisselantes sur ses joues.
La gothique saisit l'objet et le chiffon que la femme lui tendait et se lava le visage pendant que son hôte se dépêchait de ranger ses affaires. Une fois nettoyée, seule l'ecchymose douloureuse colorait encore son visage. Ignorant ce qui allait se passer pour elle, Charlotte décida d'aider la quinquagénaire, espérant qu'en se montrant amicale elle réussirait à s'éviter le pire. Rapidement, elles chargèrent les premiers coffres dans un chariot.
— Allons, monte, lui dit la femme aux yeux rubis, avant de s'installer à l'avant de son petit véhicule et de prendre les rênes.
Charlotte grimpa à l'arrière, puis d'un claquement de langue et d'une secousse des rênes, la femme ordonna à sa monture (mélange entre une vache et un hippopotame vert et jaune) de se mettre en mouvement.
— Les hommes démonteront la tente et prendront les quelques meubles qui restent. Nous les retrouverons ce soir, à la prochaine halte, expliqua Sori pour briser le silence entre elles.
Sori jeta un bref regard à l'étrangère.
— Tes cheveux courts et ton manque de féminité sont une bonne chose pour nous deux, marmonna-t-elle. Tu as été placée sous ma responsabilité, puisque la petite que tu as tenté d'aider est morte très tôt ce matin. Sinn, notre seigneur pense que tu n'es pas dangereuse pour l'instant. Selon lui, si tu étais une véritable menace nous serions tous morts à ton arrivée.... Ou alors, le simple fait de te garder en vie empêche le maléfice d'opérer.
Sori soupira profondément :
— Quoi qu'il en soit, Sinn a décidé que tu remplacerais mon apprentie le temps que nous rejoignons le Piton de la Dame Blanche. Il pensait me confier un jeune mitron, ricana-t-elle. S'il savait pour toi, il chercherait à t'humilier de toutes les façons possibles, ou il t'offrirait à ses hommes pour te punir à chaque fois qu'il le jugerait nécessaire... Sinn est connu pour son caractère colérique... mieux vaut pour nous deux que tout le monde te prenne pour un garçon.
Sori se rembrunit réalisant qu'elle parlait dans le vide puisque l'étrangère ne parlait pas leur langue.
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Kross : le peuple guerrier T1 🔞(terminé)
Bilim KurguCe n'est pas une histoire sur les Vikings !!! Une jeune femme se réveille au beau milieu d'un champ de bataille, sans savoir comment elle est arrivée là... L'incompréhension laissera-t-elle place au rêve ou à une réalité tout aussi improbable ? Sui...